La police a voulu discréditer la victime d'un crime raciste (Guardian)
Brève

La police a voulu discréditer la victime d'un crime raciste (Guardian)

Le Guardian révèle que la police britannique a infiltré un de ses agents pour trouver des moyens de discréditer la famille d'un jeune étudiant noir britannique assassiné à Londres en 1993 qui réclamait une vraie enquête sur ce crime raciste, finalement puni 19 ans après.

Ce matin, le Guardian revient sur une affaire vieille de vingt ans. Le quotidien révèle que la police britannique a usé de tous les moyens (notamment l'infiltration d'un agent) pour discréditer une famille qui voulait dénoncer les errements et le racisme d'une enquête de police sur la mort de l'un des leurs : Stephen Lawrence.

Stephen Lawrence, 18 ans, est mort poignardé à un arrêt d'autobus londonien dans la soirée du 22 avril 1993, après avoir été attaqué par des jeunes blancs qui criaient des slogans racistes.

Arrêtés par la police, les cinq hommes ne furent pas condamnés. La famille de Stephen et ses soutiens accusèrent alors les enquêteurs et le procureur de racisme. En 1999, six ans après la mort de Stephen, un juge dirigea une contre-enquête. Son rapport, publié en 1999, confirma que l'enquête avait été biaisée par le racisme des policiers. L'un des policiers qui avait animé l'enquête fit même l'objet de mesures disciplinaires, tandis que quatre autres décidèrent de quitter la police avant de subir le même sort.

Dans ce rapport complet, il manquait toutefois un élement qui fut caché au juge. A l'époque un officier de police avait été infiltré, se faisant passer pour un militant anti-raciste, pour trouver de quoi discréditer la campagne menée par la famille du défunt pour obtenir une nouvelle enquête.

C'est ce que révèle aujourd'hui le Guardian, qui cite le témoignage de l'ex-policier.

Peter Francis, un ex-policier spécialisé dans les infiltrations raconte que ses supérieurs voulaient qu'il trouve "de la boue" qui pourrait être utilisée contre les membres de la famille Lawrence, après le meurtre de leur fils en avril 1993. Il explique aussi que les responsables de la police de l'époque ont délibérement choisi de cacher sa mission d'espionnage au juge qui animait la contre-enquête sur le travail de la police.

Francis explique aussi il a été mêlé aux efforts de la police pour discréditer Duwayne Brooks, un ami de la victime, qui a assisté à la scène le soir du crime et avait entendu les cris racistes. Francis avait réussi à faire arrêter et inculper le témoin, mais un juge l'a finalement lavé de tout soupçon.

La mère du défunt s'était étonnée en 1993 que les policiers enregistrent systématiquement l'identité de toute personne entrant ou sortant de sa maison. Francis, l'ex-policier, explique qu'il s'agissait de découvrir le profil de chaque visiteur pour tenter de montrer qu'il y avait un groupe politique derrière les critiques formulées sur l'enquête.

Cette information n'est pas nouvelle, ce qui est nouveau, c'est le témoignage du policier. Plusieurs médias, au cours des années, se sont fait l'écho de cette enquête baclée, tintée de racisme.

Ainsi, en 2006, la BBC diffusait un documentaire montrant qu'un officier de police avait reçu de l'argent d'un trafiquant de drogue pour torpiller l'enquête contre les cinq supects.

Après l'avoir publiée en 1997, le 27 juillet 2006, le tabloïd Daily Mail republia la photo des cinq suspects, les accusants d'être "Meurtriers" "Le Mail accuse ces hommes hommes de meurtre. Si nous avons tort, qu'ils nous attaquent"

Finalement, sous la pression des médias, de l'opinion publique, et des résultats de l'enquête du juge, deux des cinq suspects furent rejugés, après la découverte de nouveaux indices.

En janvier 2012, ils furent condamnés à un minimum de 15 ans de prison.

Une fondation nationale, le Stephen Lawrence Charitable Trust fondée en 1998 en mémoire du défunt qui voulait devenir architecte, aide les jeunes déshérités à faire des études via des bourses, et à lutter contre la discrimination. La fondation a ouvert un centre de formation à l'architecture en 2008. Pour le 20e anniversaire de la mort de Stephen, elle organise un grand concert à Londres, en septembre prochain avec de nombreuses vedettes britanniques.

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