100 des 166 détenus de Guantanamo se sont mis en grève de la faim, il y a près de trois mois, pour protester contre l'absence de charges et de jugement. Aux quatre coins du pays, la presse américaine s'intéresse au sujet, pas seulement la presse de référence comme le Washington Post et le New York Times. Exemples aujourd'hui avec le Buffalo News, et Las Vegas Journal.

"Pas de solution facile pour l'impasse de Guantanamo". En bas de la Une du Buffalo News, un article rappelle que le 30 avril dernier, Obama a réitéré sa volonté de fermer Guantanamo, une information qui a d'ailleurs fait la Une du New York Times. Obama considère que Guantanamo est "inefficace" ne "sert pas la sécurité de l'Amérique". Il ajoute même que c'est "outil de recrutement pour les terroristes".

Pour appuyer sa démonstration, le quotidien donne quelques chiffres précis : il y a actuellement 166 détenus. 3 ont été condamnés pour crime, 7 accusés de crime, 24 ont le statut particulier de "pourraient être poursuivis", 86 sont en attente de libération ou de transfert dans un autre pays, et enfin 46 ne sont pas poursuivis, mais sont considérés comme trop dangereux pour être relâchés. Le dernier détenu arrivé à Guatanamo est incarcéré depuis mars 2008.

Chaque détenu de Guantanamo coûterait, selon le quotidien, 800 000 dollars par an à l'administration américaine. Mais, depuis 2009, le Congrès s'oppose à toute fermeture ou transfert des prisonniers de Guantanamo.

"Guantanamo n'apporte pas de sécurité supplémentaire aux Américains" estime un édito non signé publié dans le Las Vegas Journal.

"La grève de la faim des prisonniers de Guantanamo oblige l'administration Obama à revoir sa politique de détention illimitée sans procès pour les personnes suspectées de terrorisme. (...) Comme le Président l'a indiqué la semaine dernière, cette politique est légalement et moralement intenable, elle abime l'image des Etats-Unis dans le monde sans apporter de sécurité supplémentaire à notre pays".

"Il n'y a pas de raison pour que la majorité des détenus ne puissent être incarcérés dans une prison de haute sécurité dans l'Illinois, comme cela était prévu, et il n'y a pas plus de raison qui empêche qu'ils soient jugés par une cour fédérale américaine".

Cette grève de la faim est donc devenue un sujet crucial aux USA. Le 10 mai dernier, le Washington Post a publié une photo diffusée par le Pentagone montrant une chaise utilisée pour nourrir de force les grévistes de la faim, afin d'éviter tout risque de décès. En tant que tel, ce "gavage" de certains des prisonniers en grève de la faim n'a pourtant pas suscité de polémique particulière dans la presse.