Humiliation publique au Sarkozistan
Brève

Humiliation publique au Sarkozistan

Cela tient de la cérémonie religieuse, et de l'humiliation publique.

Quand il lui plait, l'Homme Fort s'invite à la télévision. Il choisit ses chaines, chaines d'Etat, ou chaines d'oligarques. Il choisit la date. Il choisit la durée. Il choisit les "journalistes" locaux qui auront le privilège de se faire humilier et ridiculiser par ses bons mots, ses mensonges effrontés ou ses colères étudiées. Alors que l'Homme Fort du petit Etat voyou est aujourd'hui dépossédé de la plupart de ses pouvoirs réels par les grandes banques internationales, alors que le Numéro Deux vient de mener contre lui une révolution de palais feutrée mais impitoyable, ce pouvoir de venir pérorer quand bon lui chante (dans la langue de bois des médias officiels, on appelle cela une "intervention présidentielle") est peut-être le dernier auquel il s'accrochera.

Toute "intervention présidentielle" devient immédiatement, pour vingt-quatre heures, le sujet unique des médias du pays. Auparavant, on suppute sur ce qu'il va dire. Le lendemain matin, on glose. Non pas sur les paroles, mais sur le motif musical. Au Sarkozistan, pays qui n'a pas donné au monde de grands musiciens, l'élite cultivée a néanmoins l'ouïe très sensible à la musicalité du discours politique. Ce matin, les radios du régime brodaient par exemple sur la "modestie" du Numéro Un, après qu'il ait confessé, d'une voix de velours, quelques erreurs mineures, comme la gigantesque et absurde campagne de haine, appelée ici "débat sur l'identité nationale". Quant aux paroles de la chanson (hier soir, la nième annonce d'un allègement d'impôt sur les riches) elles passent au second plan, par consensus implicite de la caste des commentateurs autorisés (on dit ici "journalistes politiques").

Et le peuple ? demanderez-vous. Que pense le peuple ? Le peuple gronde. Le peuple fulmine. Mais le peuple est loin des micros et des projecteurs. Cependant, le peuple envoie des signes sans équivoque. Un seul exemple. Le site arretsurimages.net, qui héberge ces chroniques du Sarkozistan, a cru bon d'en réunir quelques unes (ainsi que plusieurs inédites) dans un petit livre, que l'on peut feuilleter ici. Ce livre sera vendu sous le manteau. La souscription a commencé hier soir. Et dès les premières heures, m'a-t-on assuré, alors même que pérorait l'Homme Fort sur tous les écrans, plus de mille exemplaires ont déjà été écoulés, soit bien davantage que de nombreux livres politiques officiels qui trônent dans les librairies du Sarkozistan. En toute modestie (car chacun a droit à la modestie), il est permis d'y voir un signe.

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