Hollande, twitter et les rires des journalistes
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Hollande, twitter et les rires des journalistes

Fallait pas poser la question. Lors de la conférence de presse à l'Elysée, un journaliste du Lab d'Europe 1 a demandé à François Hollande pourquoi il n'utilisait pas twitter. Réponse ironique de l'intéressé et rires dans la salle. Humiliant pour le journaliste du Lab ? Symbole d'une fracture entre jeunes journalistes connectés et vieille presse accusée de connivence avec le pouvoir ? Des journalistes-chroniqueurs comme David Abiker et Bruno Roger-Petit, très actifs sur twitter, défendent et consolent leur confrère.

Il y a eu des questions sur la crise, l'Europe... et twitter. "Pourquoi avez-vous choisi de ne pas vous exprimer personnellement sur cet espace social ?"demande Paul Larrouturou, journaliste au Lab d'Europe 1. Réponse de Hollande, accompagné de quelques rires dans la salle : "Quelle question ! Aurais-je manqué d'esprit de décision, serait-ce là la preuve de mes mauvais sondages, je n'aurais pas tweeté comme il convenait ?"

Hollande, entre ironie et condescendance picto

Pour Bruno Roger-Petit, chroniqueur au Plus du Nouvel Obs, la cause est entendue : "Hollande humilie un journaliste parlant de Twitter". Et le chroniqueur de dénoncer "les rires courtisans de journalistes compassés et dépassés au regard de cette jeunesse hyper-communicante qui se rue sur Twitter."

"François Hollande a raté une belle occasion d'afficher un peu de modernité", ajoute Roger-Petit avant de traduire à sa manière cette séquence : "Laisse-nous donc, jeune impétrant, entre gens de télé et de presse papier, laisse-nous mourir d'ici dix ans, car tel est encore notre règne et notre bon plaisir". Face à la communication dépassée de Hollande, Roger-Petit loue par exemple la modernité de Barack Obama, très actif sur les réseaux sociaux.

Cette chronique a amplement été relayée sur twitter, notamment par des journalistes... d'Europe 1 (forcément)

ou du Monde

Même constat de David Abiker. S'adressant à son collègue d'Europe 1 dans une lettre ouverte publiée sur son blog, Abiker déplore que "le monde de ceux qui savent, le monde de ceux qui croient encore aux pouvoirs magiques du Président de la République et du ripolinage des statures par simple ouverture de la bouche avec du son qui en sort, le monde de ceux qui font du storytelling et celui de ceux qui le commentent s’est bien foutu de ta gueule".

Le chroniqueur d'Europe 1 regrette le double langage de l'Elysée avec un président de la République qui ironise sur twitter tout en invitant à l'Elysée des blogueurs et des twittos de gauche pour relayer la bonne parole. Abiker y voit surtout un fossé entre générations de journalistes car "ceux qui se sont foutus de ta gueule en cet instant précis sont également tous abonnés à Twitter, politiques comme journalistes". Ce serait donc la jeunesse qui aurait été attaquée. Et Abiker de conclure : "Mon cher Paul ce ne sont pas eux qui t’ont donné un coup de boule, non, c’est toi qui leur a donné un coup de vieux".

Là encore, l'édito d'Abiker, repris par Slate.fr, a été relayé sur twitter, notamment par des journalistes web...

passés par BFMTV ou Le Nouvel Obs

de RFI

ou encore de Radio France

Au-delà de la question de génération, se pose aussi le problème de la proximité entre le pouvoir et les journalistes : quand on est journaliste, rire avec un président de la République aux dépens d'un confrère est-ce le signe d'une forme de connivence ? On se souvient que lors de la conférence de presse de Sarkozy en janvier 2008, Sarkozy avait mis les rieurs de son côté face à l'accusation de Laurent Joffrin, alors directeur de Libé, d'avoir instauré une forme de monarchie élective. Un an après, Sarkozy avait regretté cette ironie facile.

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