Hollande / 75% : l'Obs et Le Point s'insurgent
Haro sur la mesure de François Hollande. Dans Le Nouvel Observateur, un article précise que "la nouvelle arme fiscale de François Hollande, vivement dénoncée par les économistes, pourrait être difficile à mettre en œuvre". A peine proposée, la mesure est donc déjà pilonnée... par un hebdomadaire de gauche. Principal argument ? C'est un impôt con-fis-ca-toi-re. Et c'est un industriel de gauche, cité anonymement par le Nouvel Obs, qui le dit : "75%, c'est confiscatoire. Je suis d'accord pour qu'on augmente mes prélèvements de 20% à 30%, mais là, on multiplie par deux ou trois!" |
Interrogé par l'hebdomadaire, l'économiste Elie Cohen, "qui faisait partie du petit groupe de conseillers qui a abreuvé François Hollande de notes en début de campagne", c'est dire sa légitimité, assure que cette nouvelle tranche d'impôt serait inefficace : "Un bon impôt a une assiette large et un taux modéré. L'histoire montre que lorsqu'on monte les taux à des niveaux trop élevés, on est obligé de créer des niches fiscales !" Et au cas où le lecteur n'aurait pas compris que la mesure n'est vraiment pas bonne, l'article en remet une louche en conclusion : "Comment un chef d'entreprise pourra-t-il supporter que les plus-values réalisées lors de la revente de sa société soient fiscalisées à 45%, voire 75%... plus la CSG. Populaire aujourd'hui, cette nouvelle tranche peut se révéler un piège demain, pour la gauche. Car sa mise en œuvre sera difficile". Bien compris ?
Le Point ne dit pas autre chose cette semaine. Comme pour le Nouvel Obs, c'est de gauche que viennent les critiques. Et cette fois-ci, l'industriel de gauche anonyme a un nom : Claude Perdriel, propriétaire du Nouvel Obs, interviewé par l'hebdo concurrent. S'agissant de la proposition de tranche d'impôts à 75%, Perdriel assure : "Je crois qu'il sera obligé de changer d'avis. Sa proposition va plus loin que celle de Mélenchon. Personnellement, j'ai regardé, j'y gagne avec Mélenchon", explique-t-il. Une affirmation étonnante: l'impôt Hollande s'applique à des revenus dépassant le million d'euros par an, alors que Mélenchon veut fixer un revenu maximum à 365 000 euros.
Quoi qu'il en soit, une chose est sûre, Perdriel est opposé à la proposition Hollande. "Avec Hollande, je passe à 96% [de taux d'imposition], assure-t-il. Car en plus des 75%, il y a les 13% de CSG et l'impôt sur la fortune". Souhaite-t-il une simple augmentation de 20% à 30% d'impôt comme l'industriel anonyme du Nouvel Obs ? Non, Perdriel est plus généreux: il accepterait le taux à 75%, mais pas plus. "Il faut une sorte de bouclier fiscal à 75%, je suis persuadé qu'il va le faire", précise-t-il.
Attention aux fuites
Dans tous les cas, l'idée de François Hollande fait l'unanimité des hebdos contre elle, ou presque. Dans un grand élan d'unanimité investigatrice, les deux hebdos soulignent le risque de fuite des grands fortunés. D'ailleurs, le phénomène a déjà commencé, selon un avocat d'affaires interviewé dans Le Point : "Nous sommes de nouveau très sollicités depuis deux semaines, alors que les demandes, avec la création du bouclier fiscal, avaient presque disparu en 2010 et 2011". Et qui dit fuite, dit notamment la Suisse.Vous ne voyez pas où se trouve ce petit pays ? Pas de souci, Le Nouvel Obs fait mieux que Le Point en publiant...
une belle carte des exilés fiscaux les plus connus
Parmi eux, on trouve notamment Antoine Zacharias, ex-PDG de Vinci (fortune estimée entre 200 et 300 millions de Francs suisses), Gérard Wertheimer, copropriétaire de Chanel, des Editions La Martinière et du Seuil (fortune évaluée entre 4 et 5 milliards de Francs suisses). Mais il y a surtout des sportifs, comme Amélie Mauresmo, Guy Forget, ou encore Sébastien Loeb (champion de rallye). Heureusement, pour eux, la tranche d'imposition à 75% pourrait être aménagée. Une rumeur ? C'est ce que dénonçait cette semaine Michel Sapin, conseiller de Hollande sur France 2. Et pourtant, dans Le Nouvel Obs, une nouvelle citation risque de la relancer. D'après l'hebdomadaire, "quand on interroge [Hollande] sur l'indignation de certains footballeurs, il hausse les épaules : « Pour eux, on lissera la mesure »". De quoi rassurer les sportifs et les deux hebdomadaires.
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