Haïti : contentieux entre l'AFP et un photographe
L'affaire a été compliquée par le fait qu'un autre photographe qui n'en était pas l'auteur a repris les images de Morel sous son nom et c'est depuis son compte que l'AFP les a récupérées. Morel a mis en demeure l'AFP et ses clients dès le 12 janvier, puis l'AFP a riposté en attaquant Morel quelques semaines plus tard estimant que la mise en ligne via Twitter implique l'abandon de ses droits sur les photos en question.
Dès le 12 janvier dans la soirée, le jour même de la catastrophe Morel, très au fait des droits des photographes (c'est un ancien de l'agence Associated Press), fait appel à un cabinet d'avocat et met en demeure l'AFP, (plus le correspondant de l'AFP aux USA, l'agence Getty Images et leurs clients respectifs) de cesser immédiatement toute utilisation de ses photos.
Trop tard, récupérées sur Internet, plusieurs photos de Morel ont été diffusées par l'AFP et Getty Images puis utilisées sur les sites de nombreux médias et dans des quotidiens sur papier. La photo de Morel, d'abord signée AFP/Getty Lisandro Suero, puis AFP/Getty Daniel Morel, montrant une femme avec la moitié du corps coincé dans les décombres a fait la Une de très nombreux journaux, (comme @si l'avait signalé), le 13 janvier pour la presse nord et sud-américaine, et compte tenu du décalage horaire, le 14 janvier en Europe, comme ci-dessous avec Libération et le journal belge Het Nieuwsblad.
Libération jeudi 14 janvier 2010
Mais Morel n'a pas touché de droits de reproduction. Fin mars l'AFP via son bureau de New York demande des dommages et intérêts à Morel estimant ses réclamations, auprès d'elle et de ses clients, injustifiées. Fin avril, Morel contre attaque et demande 150 000 dollars de dédommagement pour chaque utilisation, illégale à ses yeux, de ses photos. Morel appuie sa demande avec des messages qui lui ont été envoyés via Twitter par plusieurs agences de presse dont l'AFP, souhaitant diffuser ses photos, qui prouveraient donc que l'AFP connaissait l'auteur des images.
La justice américaine tranchera, mais ce cas spectaculaire, risque de faire école : les médias seront plus méfiants à l'avenir, avant de diffuser des images d'une catastrophe ou d'un faits divers, le plus vite possible. Ils attendront sans doute d'avoir un accord en bonne et due forme de leurs auteurs.
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