Grèce / Inter : Seux invente un ministre d'Aube dorée (puis s'excuse)
Brève

Grèce / Inter : Seux invente un ministre d'Aube dorée (puis s'excuse)

Grosse boulette : ce matin, dans sa chronique économique de France Inter, Dominique Seux, par ailleurs directeur délégué de la rédaction des Echos, a assuré que le gouvernement grec comptait dans ses rangs un Ministre de la Défense issu du parti néo-nazi Aube dorée. Pourtant, Panos Kammenos, c’est son nom, appartient aux Grecs indépendants (ANEL). Seux a reconnu son erreur sur twitter en promettant de la rectifier lundi. Mais pour Jack Dion, directeur adjoint de la rédaction de Marianne, cette erreur est significative de la campagne de désinformation menée contre Syriza.

"Dites @dseux, pourquoi inventer un ministre Aube dorée dans le gouvernement Tsipras ?" La journaliste du Monde Sylvia Zappi a alpagué en ces termes Dominique Seux sur twitter après avoir entendu l’éditorialiste de France Inter affirmer dans sa chronique de ce vendredi (sans être rectifié par Patrick Cohen) que le gouvernement grec comptait dans ses rangs un Ministre de la Défense issu du parti néo-nazi Aube dorée. Or pas du tout : le ministre en question, Panos Kammenos, appartient en réalité au Grecs indépendants (ANEL), parti qu’il a créé en 2012. Il était auparavant membre de la très conservatrice Nouvelle Démocratie.

Comme nous le racontions dans ce portrait consacré à Kammenos, l’ANEL se veut ni de gauche ni de droite mais uni seulement par les valeurs du nationalisme grec et de la religiosité chrétienne orthodoxe. Dès son arrivée au gouvernement, les opposants de Tsipras – mais aussi les médias étrangers – ont soulevé dans ses discours des relents d'antisémitisme, de complotisme ou d'homophobie. Il n’en est pas pour autant un membre du mouvement violent Aube dorée, parti ouvertement néo-nazi.

C’est donc une grosse boulette que Seux, par ailleurs directeur délégué de la rédaction des Echos que nous avions reçu dans notre émission sur l’arrivée de Syriza au pouvoir, a formulée ce matin à la radio. En réponse à sa consœur et à l’émoi suscité sur le réseau social, Seux a admis dans un tweet "une erreur factuelle très regrettable" dont il s’excuse et qu’il corrigera lundi. Un mea culpa qui n’est pas le premier : @si avait déjà signalé en 2011 un revirement de Seux qui avait assuré dans un premier temps que le creusement des écarts du niveau de vie entre riches et pauvres était une vue de l’esprit avant de se démentir.

S’il reconnaît que l’erreur est humaine, Jack Dion, directeur adjoint de la rédaction de Marianne, n’en est pas moins sévère à l’égard de Seux. Il rappelle qu’en Grèce, "la gauche radicale et l’extrême droite se sont toujours opposés, parfois même très violemment. Entre les deux, il y a eu du sang, hier comme aujourd’hui. Quiconque a mis les pieds à Athènes le sait, sauf à se contenter de rester dans les hôtels où la jet set a ses quartiers de villégiature". Et de viser "une aristocratie médiatique" composée notamment de Bernard-Henri Lévy, auteur d’un récent bloc note du Point titré "Tchao Tsipras", le journaliste Arnaud Leparmentier qui tance régulièrement les Grecs dans Le Monde, ou encore Jean Quatremer, "porte-voix de l’eurocratie dans Libération".

Pour Dion, la "bêtise" de Seux est surtout significative de la campagne de désinformation menée contre Syriza et plus largement à l’encontre de "quiconque ose critiquer l’ordre européen, le diktat de la Troïka, le règne de l’euro, la nécessité de l’austérité, le pouvoir des eurocrates", aussitôt "classé dans la catégorie infâmante des «extrêmes», de gauche ou de droite".

>> Heureusement, il n’y a pas que les éditorialistes dans les médias. Pour découvrir comment travaillent les journalistes qui couvrent la crise grecque, lisez ou relisez notre enquête sur le sujet.

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