Fillon révèle ses sources
Sous l'habile pseudonyme de @fdebeauce, se cachait un certain Fillon François. Quinze minutes ont suffi à un informaticien chevronné pour le démasquer. Le clandestin se livrait à une activité coupable: espionner les tweets des journalistes politiques français, et de quelques un de ses ministres, ou de ses concurrents de l'UMP. Il s'était glissé en twittosphère comme on entrait naguère au ciné porno, en relevant le col de son manteau pour ne pas être reconnu.
Une partie de la twittosphère s'offusque: l'attitude de Fillon, qui écoutait sans twitter lui-même, serait "déloyale". Mais ce qui se dit dans la twittosphère ne se dit pas à portes fermées. Les portes sont ouvertes. Les twittos, qui font le spectacle, devraient être flattés qu'on les écoute. La liste des twitteurs auxquels Fillon est abonné montre d'ailleurs bien qui compte vraiment à ses yeux, les "in" et les "out" de Fillon (au moins, Maja n'aura pas à tourner un "@ux sources de François Fillon"). On y trouve quelques ministres, une poignée de journalistes politiques, et évidemment Rachida Dati. Etrangement, on n'y trouve pas Eric Besson. Comment @fdebeauce, devenu @lazlo25, pouvait-il se priver des jugements footballistiques d'Eric Besson (tous les détails dans notre émission de la semaine) ? Moins étrangement, mais instructivement, on n'y trouve pas un seul socialiste, pas un seul étranger (ni chef d'Etat, ni journaliste), et pas un seul journaliste économique non plus. Encore plus étrangement (et là, c'est carrément grave), n'y figure pas notre propre compte. Je ne sais pas si nous nous en remettrons.
Même si François Fillon, donc, ne le lira pas, je le lui dis quand même: Monsieur le Premier ministre, nous ne vous en voulons pas. Au contraire, nous jugeons toute cette affaire rassurante. Alors que l'on pourrait penser que le suivi des comptes Twitter est, somme toute, plus facile que l'espionnage des fadettes des journalistes, il est rassurant de voir que vous n'avez pu le déléguer ni à Courroye, ni à Squarcini, ni à Péchenard, ni à aucun fonctionnaire de votre police secrète, mais que vous avez été obligé de vous y coller vous-même. Au risque de laisser voir vos côtés humains, trop humains, comme cette magnifique faute d'orthographe dans votre premier tweet d'après outing. Il faut simplement espérer que la révélation de cette activité coupable ne conduire pas Sarkozy à vous juger "démotivé".
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