, avant d'avoir commencé ? On se souvient des données d'avant-match. Hollande voulait tordre le bras de Merkel, pour la forcer à accepter la création "d'eurobonds", c'est à dire se porter garante, devant lémarchés, de toutes les dettes de la zone euro (je sais, je simplifie certainement, je schématise à outrance, mais c'est pour vous faire comprendre, et comprendre moi-même). "Warum nicht ?", répondait aimablement Merkel, mais avec un très léger préalable, si vous permettez: nous souhaiterions, nous l'Allemagne, contrôler vos budgets de cigales, ô chers partenaires européens (en volapük, on dit "progresser vers davantage d'intégration politique européenne"). Tout ceci devait être discuté lors des prochains sommets de la dernière chance, avant la fin de ce mois, dont un sommet à Rome, ce vendredi, entre trois cigales (France, Italie, Espagne) et la fourmi allemande. Ledit sommet était d'ailleurs considéré comme un...sommet de la diplomatie hollandaise naissante, trois cigales étant présumées plus convaincantes qu'une seule, face à la fourmi.

Sur ces entrefaites, Ayrault accorde une interview à l'hebdomadaire allemand Die Zeit. Et dans cette interview, le Premier ministre considère désormais que les "eurobonds" ne sont plus un préalable, plus du tout. C'est une "perspective", dont la mise en place prendra "des années". Combien d'années ? Ce n'est pas précisé, ce qui est un mauvais signe. Bref, c'est plutôt pour après demain que pour demain. Pas d'ambiguïté de traduction possible dans l'interview: Ayrault est un germaniste émérite. Comment dit-on "On se rappelle et on en recause", en allemand ? L'ordre du jour du génial sommet de Rome s'étant donc allégé, la fourmi vient d'en faire avancer l'horaire, pour avoir le temps de filer en Pologne, assister au match (un vrai, cette fois) Allemagne-Grèce (que les Grecs attendent aussi avec une certaine impatience, comme l'avait remarqué Anne-Sophie).

Voici donc l'histoire, telle que je l'ai comprise. Mais il n'est pas exclu que j'aie mal compris. Par exemple, dans l'article mis en lien plus haut, il est insinué que la France, à la place d'eurobonds, pourrait essayer de fourguer à l'Allemagne des "eurobills". Disons que c'est plus ou moins la même chose, sauf que ça ne porte pas le même nom (et l'Allemand, comme chacun sait, est têtu, mais légèrement obtus. Il offre donc une prise non négligeable à la ruse). Si c'était vraiment ça, si j'avais bien compris, alors les journaux télé, les journaux radio, les éditos, le twitt buzz, seraient intégralement consacrés à sonder cette capitulation française, à en explorer les raisons (un lâchage de Hollande par le SPD, comme le suggère La Tribune ?) et les conséquences, au lieu de courir derrière la dernière morânerie. Forcément, j'ai dû mal comprendre. Merci de m'expliquer. Les forums sont là pour ça.