EI : le dilemme des géants du web (Wash Post)
Brève

EI : le dilemme des géants du web (Wash Post)

Liberté d'expression ou lutte contre les contenus djihadistes ? Un article du Washington Post publié le 16 Juillet analyse la difficulté pour les géants du web de lutter contre l'expansion de l'EI sur la toile. Facebook, Twitter ou encore Google sont confrontés à des obstacles d'ordre technologique, mais également des dilemmes idéologiques. Un article où l'on apprend également que la visite de Bernard Cazeneuve auprès des géants du web en février 2015, ne s'était pas spécialement bien passée.


Twitter, plateforme préférée des djihadistes ? Dans un long article, publié le 16 juillet dernier, les deux journalistes Scott Higham et Ellen Nakashima reviennent sur l’attitude des réseaux sociaux et des plateformes face à l’Etat Islamique. Si Facebook applique des mesures strictes à l’encontre des publications de propagande du groupe, YouTube et Twitter n’exercent pas un contrôle aussi important. Twitter est même présenté dans l’article comme "la plateforme la plus fructueuse pour le groupe". Des explications du Washington Post qui confirment l’analyse proposée par @si en mars dernier sur la manière d'agir des jihadistes sur le réseau social.

Dans le combat contre l'EI, toute volonté de régulation est confrontée à des dilemmes idéologiques. Le gouvernement américain peut difficilement agir contre la liberté d’expression. Comme l'explique le Washington Post, aux Etats-Unis, toute tentative du gouvernement de régulation de la liberté d’expression est considérée comme anti-constitutionnelle au regard du premier amendement de la Constitution. Et pour ne rien arranger, les groupes sont de toute façon de plus en plus méfiants vis-à-vis de toute collaboration avec le pouvoir américain depuis les révélations de l’affaire Snowden.

Facebook, Twitter ou encore Google déterminent ainsi leur propre politique de contrôle, et sont là aussi confrontés à des choix. Un ancien cadre de Google et désormais associé dans la jeune société Betaworks spécialisée dans les technologies et les médias, Andrew McLaughlin, résume pour le Post ce dilemme que rencontrent les géants du web: "Vous voulez vivre dans un monde où les gens ont accès à l’information. En d’autres termes, des documents qui prouvent ce qu’il se passe vraiment. Et une vidéo de l’Etat Islamique où les otages se font décapiter est à la fois un acte de propagande et en elle-même un fait. Donc si vous êtes une plateforme, vous ne voulez pas supprimer les faits. D’un autre côté, vous ne voulez pas mettre en avant la propagande."

En Février, Bernard Cazeneuve a incité les compagnies à agir

Le journal américain revient aussi sur la visite du ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, quelques semaines après les attentats de Charlie Hebdo, auprès des cadres de Google, Twitter et Facebook. Une opération séduction analysée par @si en février dernier. Facebook avait alors confirmé au ministre français son intention de poursuivre la lutte contre les djihadistes.

Google avait affirmé de son côté participer à l'effort, en notant que "les utilisateurs de YouTube signalent environ 100 000 postes chaque jour qui sont suspectés de violer les conditions d’utilisation de la plateforme", comme le rapporte le Washington Post. Qui relate également les divisions au sein du groupe concernant la vidéo de Charlie Hebdo où l’on voit les frères Kouachi exécuter un policier sur le trottoir. Les cadres ont finalement estimé que la vidéo avait un intérêt informatif et médiatique. Néanmoins, la vidéo a depuis été supprimée de YouTube France ... à la demande des pouvoirs français.

En revanche, "la rencontre entre le ministre français et Twitter ne s’est pas bien passée" rapporte le Washington Post. A l’issue de la réunion, Twitter n'avait pas pris d'engagements précis. Le réseau social avait mis en avant la difficulté de mettre en place un algorithme efficace pour détecter les comptes et tweets liés à l'EI. En effet, les djihadistes mettent désormais en place la politique des comptes privés et des comptes jetables. De plus, beaucoup utilisent maintenant Twitter uniquement pour prendre contact avec des individus dans l'objectif de les entraîner vers d'autres plateformes... plus discrètes.

(par Martin d'Aboville)

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