Consultation Congrès : Obama a décidé seul (medias US)
Brève

Consultation Congrès : Obama a décidé seul (medias US)

Le président Obama a décidé vendredi soir de demander un vote du Congrès qui l'autorise à lancer un raid de réprésailles contre la Syrie. Une décision qui a surpris aussi bien ses proches conseillers que la classe politique américaine -sans parler du président français François Hollande. A-t-il été influencé par le refus du Parlement britannique ou bien par les sondages indiquant que la grande majorité des Américains considéraient qu'il devait avoir l'accord du Congrès ?

Est-ce un sondage qui a convaincu Obama ? En tout cas un sondage NBC News indiquait que 80% des Américains interrogés avant l'annonce de la décision estimaient qu'Obama devrait avoir la bénédiction du Congrès avant toute intervention.

Fox News souligne que des responsables de l'administration ont reconnu qu'après la décision d'Obama, l'équipe du Conseil National de Sécurité n'était pas unanime dans son approbation. Ces responsables expliquent que tout a changé après une promenade de 45 minutes sur la pelouse de la Maison Blanche où Obama parlait avec son chef de cabinet (Chief of Staff) Denis McDonough. Une décision qui selon la très conservatrice Fox News est venue contredire tout ce que les conseillers disaient depuis une semaine : il n'était pas question de demander l'avis du Congrès, juste de l'informer.

Cette analyse est confirmée par USA Today, qui précise qu'Obama a téléphoné à Hollande avant d'annoncer sa décision publiquement samedi.

Le spécialiste des questions militaires de Slate.com, Fred Kaplan, souligne qu'Obama a très peu de soutien à l'étranger, et estime qu'il ne sait pas vraiment quels objectifs la riposte doit atteindre. Il a en effet déclaré qu'il ne s'agissait ni d'aider les rebelles, ni de faire tomber Assad. Le but annoncé est de "restaurer la ligne rouge" qu'Assad n'aurait pas du franchir en laissant son armée utiliser des gaz.

Kaplan considère qu'Obama s'est engagé sur une voie très étroite : frapper assez fort pour que Assad et ses partisans tremblent, sans pour autant tuer des civils, ni aggraver la situation économique du pays.

Dans un deuxième point de vue, Kaplan écrit que si le congrès donne le feu vert à Obama, il fixera peut-être des limites à son action militaire : durée, cibles etc..

Etrangement, Josh Rogin qui a une réputation sérieuse (senior correspondent for national security and politics de Newsweek maintenant collaborateur du site The Daily Beast) écrit que des officiels lui ont dit qu'Obama pourrait passer outre, si le Congrès votait non, puis se sont ravisés en disant qu'il ne ferait rien sans accord. Il semble donc que l'entourage d'Obama était un peu perdu lorsque le président a changé d'avis.

Le très sélect magazine New Yorker s'interroge sur l'efficacité d'une action militaire limitée, presque symbolique : "Balancer quelques missiles avant de faire demi-tour, ce que prévoit le président, pourrait facilement augmenter le chaos sans rien résoudre." écrit Amy Davidson, senior editor, qui travaille au New Yorker depuis 1995. Elle estime, par ailleurs, qu'Obama s'est senti tout seul quand le Parlement a refusé son accord à Cameron. Pour sortir de cette solitude, Obama aurait décidé d'embarquer le Congrès dans l'aventure, pensant que les élus ne pourraient faire autrement, qu'ils se sentiraient obligés de donner une leçon à un pays qui a utilisé des armes chimiques. Elle non plus n'écarte pas l'hypothèse qu'Obama passe outre un éventuel vote défavorable, mais cela serait, selon elle, la pire des solutions.

Beaucoup d'éditorialistes cherchent vainement à comprendre ce qui a poussé Obama à faire volte-face : "Qui a coupé les ailes d'Obama" se demande l'un d'entre eux, Eamonn Fingleton, qui évoque, sur le site du magazine Forbes, des pressions financières : des pays envers lesquels les USA sont financièrement débiteurs comme la Chine et la Russie seraient intervenus discrètement. Fingleton cite le vice-Premier ministre russe, Dimitri Rogozin, qui a écrit sur son compte Twitter "L'Ouest se comporte face au monde islamique comme un singe qui joue avec une grenade".

Quoiqu'il en soit, sur le site du magazine d'enquête Mother Jones (publié par une fondation à but non lucratif) David Corn, responsable du bureau de Washington, remarque que le choix d'Obama va déclencher un vrai débat parmi les élus, et pas seulement sur ce qu'il faut faire en Syrie, mais aussi sur la question fondamentale de savoir qui doit décider de faire la guerre dans une démocratie.

"Le guerrier malheureux" "Barack Obama a été candidat à la présidence pour sortir les USA des guerres, pas pour en commencer d'autres"

"Quelle différence en dix ans." note l'hebdomadaire Time "Lorsque le président Barack Obama, la semaine dernière a cherché un partenaire pour une coalition afin de lancer des frappes militaires contre la Syrie, il a trouvé - non pas la Grande-Bretagne, le plus proche allié américain de l'autre côté de l'Atlantique, mais la France, dont l'hostilité face à l'invasion américaine de l'Irak en 2003, lui avait valu une mauvaise réputation auprès des millions des Américains, et provoquant la naissance du terme freedom fries (frites de la liberté) dans les fast-foods aux Etats-Unis."

"Maintenant, ce terme est remplacé par les britanniques "crumpets de la liberté» si les Etats-Unis bombardent la Syrie."

"Un sondage d'opinion publié vendredi a montré que 64% des Français sont opposés à toute action militaire en Syrie." Mais "En fait, les analystes estiment que Hollande se soucie moins de l'opinion publique sur la Syrie que de sa côte de popularité qui est au plus bas, oscillant autour de 20%. Malgré l'opposition généralisée aux bombardements sur la Syrie, certains pensent qu'ils pourraient néanmoins aider Hollande, en le présentant comme un très proche allié d'Obama dans un conflit international crucial."
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"L'administration Obama a lancé une campagne de presse dimanche pour obtenir l'approbation par le Congrès de son plan de raid punitif contre le gouvernement syrien" note, ce lundi, le New York Times à la Une avec une photo de rebelle syrien dans une tranchée.

"M. Kerry est apparu sur le plateau de cinq talk-shows du matin, annonçant une nouvelle preuve - le neurotoxique sarin a été utilisé dans l'attaque qui a tué plus de 1.400 personnes -"

Aux USA certains militaires sont réservés face à ce report "Mais tout n'est pas rose : un ancien chef d'Etat-Major adjoint estime que le temps perdu joue en faveur d'Assad, les forces syriennes vont pouvoir déplacer leur artillerie, missiles, et autres équipements dans des zones civiles où ils sont sûrs qu'ils ne seront pas bombardés" Sans oublier que les centres de commandement pourront être vidés de leurs garnisons.


"Le risque de ne rien faire" titre l'éditorial (non signé) du Washington Post qui se déclare, ce week-end, favorable à une frappe sur Assad.

"Soyons clairs : ce ne sont ni Monsieur Obama, ni George W. Bush, qui ont amené les États-Unis dans cette passe difficile. C'est le crime contre l'humanité qui aurait été commis par le leader syrien et le fait qu'aucun pays autre que les États-Unis ne peut répondre comme il se doit à un tel crime."

"Les Américains sont las de la guerre c'est compréhensible. (...) Mais ces morts sont différents. Une ligne a été franchie ; s'il n'y a pas de conséquences, elle sera franchie à nouveau. Un jour des soldats américains sur un champ de bataille pourraient être la victime de l'impunité qui en résulterait. (...) Il serait donc juste de conclure que, dans de telles circonstances, les États-Unis doivent agir."

Samedi, Obama au téléphone avec John Boehner, le président de la Chambre, sous l'oeil de Joe Biden, le vice-président.

"A la dernière minute, Obama a décidé seul de demander l'autorisation du Congrès" note le Wall Street Journal.

"Après une promenade de 45 minutes vendredi soir, le président Barack Obama a pris une décision qu'aucun de ses principaux conseillers à la sécurité nationale n'a vu venir :demander l'autorisation du Congrès avant de d'entreprendre une action militaire en Syrie."

"Ses conseillers disent que la décision a été prise par Obama seul (...) Jusqu'au dernier moment vendredi soir, aucune option incluant l'accord du Congrès n'avait été évoquée par le conseil de sécurité nationale."

Cette décision a "aussi pris par surprise ses principaux alliés d'Israël à l'Arabie Saoudite"

Reuters résume bien l'opinion de beaucoup de commentateurs : Obama est "le candidat de la paix qui est devenu un président en guerre, un lauréat du prix Nobel de la paix, qui a régulièrement ordonné des exécutions avec des drones."

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