Comment Ben Ali soutenait Jeune Afrique (Canard)
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Comment Ben Ali soutenait Jeune Afrique (Canard)

L'ancien président tunisien Ben Ali, intermédiaire privilégié entre la direction de Jeune Afrique et ses actionnaires ? C'est ce que rapporte Le Canard enchaîné. Source: un patron tunisien qui avait investi dans l'hedbomadaire en 1997 à la demande de Ben Ali.

Le Canard enchaîné rapporte comment l′ancien président tunisien a vivement incité 41 chefs d′entreprises à acheter des actions de l′hebdomadaire Jeune Afrique. En 1997, "Mohamed Jeri et Mohamed Jegham, deux "ministres conseillers" du cabinet présidentiel, font le tour des entreprises du pays. (…) Lors d′un repas "arrangé" par le palais, la conversation glisse sur l′image de la Tunisie à l′étranger. Cette image, il faut la défendre, expliquent les collaborateurs du Président. Et il existe un moyen simple: prendre des actions du journal Jeune Afrique". C′est ainsi qu'à l'image de Jilani Attia, PDG d′une entreprise de travaux publics, 41 patrons tunisiens achètent 10 500 actions de l′hebdomadaire.

Problème : lorsque dix ans plus tard, Jilani Attia souhaite revendre ses parts, cela devient plus compliqué. Patron de Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed lui répond, dans une lettre publiée par Le Canard enchaîné. "Votre souscription (...) n'est pas intervenue directement entre vous et nous. Les actions de notre groupe que votre société a acquise l'ont été (...) à la demande de la résidence de la République Tunisenne". Ben Yahmed conseille donc à l'actionnaire "de suivre à rebours [ce chemin] pour une éventuelle vente de vos actions". Ce que, selon le journal, Attia a renoncé à faire.

Interrogé par Le Canard enchaîné, Ben Yahmed s′explique: "Lorsque nous avons besoin d′argent et procédons à une augmentation du capital, nous nous adressons aux pays où notre journal est diffusé. Le problème, c′est que, dans des régimes dicatoriaux, tout est entre les mains du pouvoir. On ne peut pas démarcher des actionnaires privés comme ça et passer par-dessus la tête des dirigeants. Ils le prendraient très mal. Alors ce sont les dirigeants qui s'occupent de ça". Pourtant, sur la question de l′indépendance de Jeune Afrique, le chef du groupe de presse est formel:"Cela n′a rien à voir. Mais, c′est vrai, les Etats souhaitent mettre leur grain de sel dans tout ça, je n′en disconviens pas".

picto Jeune Afrique, un "hebdomadaire international indépendant"...selon lui-même

En février dernier, Jeune Afrique avait consacré un édito aux relations qu′il entretenait avec Ben Ali, en réponse aux (déjà nombreuses) attaques concernant sa complaisance.

(par Tiphaine Crézé)

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