Chirac, Kucheida, Giesbert
Brève

Chirac, Kucheida, Giesbert

Oublions les paroles, écoutons la musique.

Depuis hier soir, télés, radios, on dirait qu'un brave grand papa innocent a été victime d'une sorte d'agression météorologique, une mini-tornade personnelle, totalement imprévisible. Evidemment, il a peut-être été imprudent, il n'a pas pris toutes les précautions, il est sorti sans son parapluie, où donc avait-il la tête ? Mais pourquoi cet acharnement du destin contre lui, vieux, malade, fatigué, et tellement sympathique ? On compatit. On a une pensée pour "l'homme". La République bananière unanime soupire et penche la tête, attendrie, attristée. Jeudi soir, le 20 heures de France 2 consacrait par exemple ses sept premières minutes à la condamnation de Jacques Chirac à deux ans de prison avec sursis, dans l'affaire des emplois fictifs. Sur ces sept minutes: pas un mot consacré au rappel des faits pour lesquels il a été condamné.

Autre exemple, la voix de Giesbert, chez Pascale Clark, vendredi matin sur France Inter. Cette voix dégoulinante de compassion pour le vieux Parrain, ces longs soupirs où passe toute l'unanimité implicite contre "l'acharnement" judiciaire. Il faut que "justice passe", bien sûr. Mais ayons une pensée pour "l'homme", affaibli, à terre. Chirac devrait-il démissionner du Conseil constitutionnel ? comme le demande Eva Joly. Ah non. Quelle question ! Quelle insolence ! Pour Giesbert, Joly est "une tricoteuse" de la Révolution. Qu'il y reste, Chirac, à l'asile des Ex, et qu'il continue à percevoir les quelques 11 000 euros par mois, qui s'ajoutent à ses autres pensions et retraites diverses.

C'est le même jour, que l'hebdomadaire du même Giesbert, Le Point, poursuit ses révélations sur le député-maire PS de Liévin, Jean-Pierre Kucheida. Népotisme familial, utilisation de la carte de crédit professionnelle à des fins personnelles, repas coûteux dans des restaurants étoilés, financements politiques: si l'on comprend bien, Kucheida serait donc une sorte de mini-Chirac, socialiste et nordiste. Mais on a beau lire et relire l'article du Point, aucune trace de compassion, aucune indulgence pour le contexte du Pas-de-Calais, ses blessures, ses corons, aucune notation personnelle sur la biographie de Kucheida, ne vient tempérer la sécheresse des éléments à charge énumérés dans l'article. Et pourtant, Kucheida, à la différence de Chirac, n'est pas encore condamné, ni même mis en examen. Question de latitude ? D'âge ? De couleur politique ? Chacun en déduira ce qu'il voudra.

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