Décembre 2013 : dans une longue lettre ouverte adressée à Charb, directeur de Charlie, et à Fabrice Nicolino, journaliste de l’hebdo, tous deux signataires à l’époque d’une tribune dans Le Monde rejetant les accusations de racisme à l'encontre de leur journal, Olivier Cyran, lui-même ancien collaborateur de Charlie entre 1992 et 2001, dénonçait le virage pris par l’hebdo satirique suite aux attentats du 11 septembre. Cette lettre – dont nous nous étions fait l’écho – revenait notamment sur des enquêtes douteuses et sur la multiplication des caricatures contre les musulmans qualifiées par Cyran de "gaudriole islamophobe".

Article 11 s’en prend enfin "aux bêtes pisse copie", en l’occurrence Régis Soubrouillard, journaliste à Marianne. Ce dernier, dans un papier publié dimanche, décrivait la lettre de Cyran comme une "charge lourde, sans nuance", un texte "interminable" qui "décrit Charlie comme une «machine à raffiner le racisme brut», coupable d’un «pilonnage obsessionnel des musulmans» — la formule est glaçante un an plus tard… — et d’avoir contribué «à rendre ce pays insalubre». Bref, dans le mode de pensée binaire de ceux-là qui aiment à se complaire dans une position victimaire, s'il existe un problème musulman, Charlie en est à la fois responsable et coupable. Pas moins". Réponse d’Article 11 : il n’y en a pas. "Le mépris et le silence suffiront". Et de conclure : "nous sommes aussi conscients que les tristes temps qui viennent imposent, plus que jamais, rigueur et réflexion. C’est bien de cela qu’il sera question dans les mois et années à venir: revendiquer la ligne de crête, être radicalement émus et radicalement critiques. L’intelligence va être un combat".