Bogdanov : "pas de mystification" (directeur de thèse)
En voici les principaux enseignements, que nous avons rajoutés dans notre enquête.
Les Bogdanov ont obtenu laborieusement chacun une thèse, en 1999 et 2002... qu'ils n'auraient jamais dû avoir, si on en croit certains chercheurs. Ceux-là soupçonnent des défaillances dans le processus de soutenance de leurs travaux. Qu'en est-il? Sternheimer rétorque: "toute la procédure a été conforme à la réglementation en vigueur" : les deux thèses ont ainsi été lues, avant leur soutenance, par des rapporteurs, qui ont donné leur aval. "La thèse de Grichka a été soumise à l'Université à trois rapporteurs qui ont conclu, sans équivoque, par écrit, que la thèse - originale, provocatrice, et intéressante- méritait d'être soutenue et le diplôme attribué". Même chose pour celle d'Igor, soumise à deux rapporteurs, qualifiée par eux de "contribution utile et intéressante, méritant d'être soutenue'. Pourtant, selon un autre chercheur, Alain Riazuelo, un rapport du CNRS, jamais publié, pointerait au contraire des "dysfonctionnement institutionnels" dans le processus. Les rapporteurs n'auraient pas lu entièrement les thèses, par exemple.
Victimes de pression ? Sternheimer pointe "plusieurs événements surprenants", et parle même de "censure". Des "interventions auraient été effectuées", selon lui, auprès de l'université de Bordeaux, première université dans laquelle ont été inscrits les deux frères, "incitant au non-renouvellement de leurs inscriptions". Ce serait à partir du moment où le directeur de l'Ecole Polytechnique a été mis au courant de la volonté des jumeaux de soutenir dans ses locaux, que les rapporteurs des deux thèses auraient "brusquement manifesté des doutes sur la maîtrise des sujets évoqués".
Quant à la rumeur selon laquelle leurs articles seraient des "canulars", elle serait en réalité, selon lui, une "inadmissible manoeuvre de dénigrement de la France, en provenance surtout des Etats-Unis". Elle a été attisée notamment par le groupe de discussion "Science Physics Research" sur Internet, explique-t-il, "où la plupart des intervenants n'ont pas lu sérieusement les travaux en question" .
Au final, le directeur de thèse, par ailleurs directeur de recherche au CNRS, assume tout. Il confiait au magazine Science et vie, en 2008, qu'il ne "regrettait pas de leur avoir donné leur chance de faire leur vrai métier, celui de "troubadours de la Science" et de "sergents recruteurs". Comprenez : recruteur de nouvelles vocations de chercheurs. Mais dans une précédente interview, en 2005, il se faisait plus mordant : pas de "mystification" chez les deux frères, selon lui, mais une"manifestation d'une tendance inconsciente à la mégalomanie, (se prendre pour des génies universels), avec pour corollaires une vision déformée de la réalité et le fait puéril de considérer ceux qui ne l'ont pas comme coupables du crime de "lèse Bogdanov".
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