Assad, l'homme qui gaze avec modération
Brève

Assad, l'homme qui gaze avec modération

Allons enfants : cette fois c'est fait, c'est sûr, c'est prouvé, Assad a franchi la fameuse "ligne rouge"

, en utilisant des armes chimiques, et particulièrement du sarin. Agences de presse, dégainez vos alertes ! Medias, sortez les manchettes de gros temps ! C'est un labo militaire français, qui l'a établi. Un peu sur la base des échantillons d'urine transmis à grand bruit par Le Monde. Mais surtout à base d'autres échantillons sanguins, plus fiables parait-il  (comme le reconnaît honnêtement Le Monde lui-même), transmis beaucoup plus discrètement  par des équipes soignantes syriennes, et dont le labo français disposait depuis le 9 mai. Pourquoi les résultats d'analyses de ces échantillons ne sont-ils publiés que maintenant ? Réponses attendues quand quelqu'un aura le temps de répondre.

Bref, c'est parti. Et l'on voit à l'oeil nu se cristalliser un étrange parti de la guerre, ayant pour but objectif de pousser à aller taper dans le tas, et notamment bombarder d'hypothétiques entrepôts d'armes chimiques en Syrie. Ô BHL, ressors ta caméra du placard, elle va resservir. Machinerie idéologique bien connue, qui ne tolère que les oppositions binaires, victimes et bourreaux, héros et lâches. Victimes, forcément victimes, les rebelles syriens (qui ont peut-être, eux aussi, utilisé du sarin, mais on cherchera plus tard). Quant aux politiques et aux diplomates, la moulinette à les transformer en lavettes est en marche. Parce que Fabius reste mesuré dans son expression, parce qu'il affirme, tout en publiant les résultats des analyses, sa volonté de privilégier une solution diplomatique, on sent bien qu'il ne va pas tarder à être taxé d'atermoiements, voire de mollesse, par les glorieux va-t-en guerre français. Parce qu'Obama demande des preuves supplémentaires, le voici déjà raillé sur Twitter par les meilleurs reporters français, et (raillerie suprême) comparé à Aphatie dans l'affaire Cahuzac.

Est-ce la simple odeur de l'aventure et du sang, celle qui, depuis août 14, pousse aux départs fleur au fusil ? Est-ce un lobby informel qui, dans la coulisse, préfère le camp du sympathique et vertueux Qatar à celui de l'odieux Iran ? De patients historiens l'établiront certainement un jour. Dans l'immédiat, il faut bien rappeler que les modalités de l'emploi du sarin par l'armée syrienne, à ce que l'on en sait, posent davantage de questions qu'elles n'offrent de certitudes. Si du sarin a bien été utilisé, c'est de manière très ponctuelle, et à faibles doses. Mais alors, pourquoi ? Pourquoi donc Assad, tant qu'à gazer, gaze-t-il avec cette remarquable modération ? Question posée dans notre dernière émission, notamment à l'envoyé spécial de Libé, Luc Mathieu, et à laquelle seules répondent des hypothèses. Initiatives isolées de chefs militaires locaux ? Volonté de "seulement" terroriser les populations ? Tentative de tester les réactions occidentales ? Faute de mieux, on en reste à ces hypothèses.

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