Annoncé en préambule de sa chronique hebdomadaire, publiée ce matin dans le quotidien, son départ prévu fin octobre met fin à vingt-cinq ans de collaboration entre Libération et son chroniqueur.

"Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus". Joint par @si, Marcelle fait appel à Pialat pour décrire ses relations avec la nouvelle direction. "Je n'ai pas de bons rapports avec cette direction, hargneuse, et peu d'espoir de toute façon dans l'avenir de ce journal. J'ai été trop abîmé sous Demorand, ce n'est jamais agréable d'être censuré, de rendre son papier toutes les semaines en se demandant s'il passera. Ces censures-là [dont nous avions évidemment parlé à l'époque] me paraissent encore aujourd'hui extravagantes".

Marcelle ne nie pas non plus que la clause de cession ouverte, parallèlement à l'accord de recapitalisation signé le 31 juillet dernier, a joué. Cette clause prévoit un mois de salaire par année d'ancienneté pour les journalistes. A cela s'ajoute une prime de 12 000 euros pour inciter les journalistes à partir. "Je n'ai jamais fait de plan de carrière, ça fait 25 ans que je suis à Libération, je n'ai pas été augmenté depuis 15 ans. C'est une aubaine pour moi".

Sur le départ donc mais toujours aussi mordant. Dans les dernières lignes de sa chronique, publiée ce matin, Marcelle évoque les sprinters noirs américains Tommie Smith et John Carlos, médaillés d'or et de bronze du 200 mètres olympiques de Mexico et leurs poings levés sur le podium pour dénoncer la ségrégation raciale. Avant d'ajouter : "C’était en 1968, autant dire il y a un million d’années. Les trois athlètes payèrent très cher un geste que Libération, qui n’existait pas alors, a dû depuis oublier".