Open data, l'antidote
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Open data, l'antidote

Dans le combat multiforme pour la liberté de l'information (droit de filmer la police, accès aux documents administratifs, protection du secret des sources, lutte contre les procédures-bâillon, etc), l'accès aux données publiques, notamment chiffrées, est un aspect moins spectaculaire que les autres. Officiellement, l'open data n'a pas d'ennemi. Pas de Darmanin ni de Bolloré à l'horizon : les réticences des administrations, des institutions et des pouvoirs sont sourdes, obliques, non déclarées, non assumées, composées d'un mélange d'inertie et de mauvaise volonté. Dans nombre de ces institutions réticentes, d'ailleurs, des informaticiens combattent tranquillement de l'intérieur pour ouvrir au public tout ce qui peut l'être. Car la "data", comme on dit, est une information. Capitale. On ne le souligne pas assez, mais quelle meilleure arme contre toutes les intoxications et tous les complotismes, qu'une totale transparence des données ? Et la pandémie actuelle pourrait bien, paradoxalement, le démontrer de façon éclatante à une partie des citoyens pour laquelle l'open data reste un problème de geeks, un peu abstrait.

Vendredi dernier, le jeune informaticien Guillaume Rozier, créateur du site CovidTracker, qui s'est imposé depuis le début de la pandémie comme le site de référence sur les données chiffrées françaises, racontait dans notre émission comment le cabinet d'Olivier Véran lui communiquait personnellement, chaque jour, le chiffre des vaccinations du jour, qui n'était pas disponible sur le site du ministère. Situation pour le moins étrange et malaisante, à laquelle Rozier, de sa propre initiative, a mis fin dans la journée du lundi 11 janvier, annonçant publiquement qu'il renonçait à ce scoop quotidien, parce que se trouvant dans une situation en contradiction avec ses principes sur l'open data. Une totale honnêteté qui, d'ailleurs, caractérise sa démarche depuis le début ("Comment croyez-vous qu'on pourrait améliorer le site ?" nous demandait-il dans l'émission).

Magies conjuguées de l'open data et des réseaux sociaux ! Dans les heures suivantes, le ministère de la Santé communiquait désormais sur le chiffre des vaccinations par région, ce qui permettait à VaccinTracker, sous-site de CovidTracker, de constater immédiatement, en superposant les cartes, que les régions les plus infectées n'étaient pas les plus vaccinées, et vice versa. Cela passera peut-être inaperçu dans le flot des nouvelles quotidiennes, bonnes et mauvaises. Mais cela peut s'appeler une victoire de la transparence. Accessoirement, par les temps qui courent, cela rappelle que Twitter n'est pas seulement un repaire de suprémacistes complotistes trumpiens.


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