Apologie (s) du terrorisme, 34 000 morts plus tard
chronique

Apologie (s) du terrorisme, 34 000 morts plus tard

"Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi [7 octobre] elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées." C'est une analyse. Elle a été formulée dans un tract de la CGT du Nord, publiée sur son site le 10 octobre, puis dépubliée le 20 octobre, après que le secrétaire général de l'Union départementale CGT du Nord, Jean-Paul Delescaut, a été placé en garde à vue, pour cette phrase rédigée collectivement. 

Avec cette analyse, on peut être d'accord ou pas. Ou à moitié. On peut estimer que ces "horreurs accumulées" n'ont qu'en partie provoqué le 7-Octobre. Qu'elles en sont une cause parmi d'autres. Si l'on peut lire dans cette phrase une "explication" du 7-Octobre, on aurait du mal à y lire une "justification", a fortiori une "apologie".

Cela s'appelle un débat historico-politico-philosophique. N'empêche que cette analyse a jeté le responsable syndical devant le tribunal correctionnel de Lille. Il y a été condamné, le 18 avril, à un an de prison avec sursis pour "apologie du terrorisme". "Qu’on me trouve un terme plus neutre que “provoquer” dans la langue française. Le communiqué constate qu’il y a une cause, il ne justifie rien du tout" a plaidé en vain un de ses avocats, Ioannis Kappopoulos. "J’ai ressenti un malaise à la lecture de certains communiqués d’organisations de gauche et d’extrême gauche après le 7 octobre, a rappelé Arié Alimi (voir notre émission), autre défenseur du syndicaliste. Ils étaient parfois teintés d’une lecture historique internationaliste ancienne, je les ai trouvés insensibles. Mais est-ce qu’ils constituaient pour autant une apologie du terrorisme ?"

Le syndicaliste a aussi été condamné à verser 5000 euros à une organisation reconnue partie civile, l'Organisation juive européenne, au titre de son "préjudice moral". Sur son site, cette organisation, essentiellement constituée de "530 membres", dont "55 avocats bénévoles", considère par exemple que "l’antisionisme est devenu le faux nez de l’antisémitisme et permet aux lâches de dissimuler leur haine des juifs derrière celle d’Israël". Ces poursuites se multiplient depuis le 7-Octobre, comme je mentionnais déjà ici, le mois dernier.

Allons plus loin. Quand bien même un responsable syndical justifierait historiquement le massacre du 7-Octobre, au nom de quoi le condamner ? La réponse juridique est claire : pour l'EU et les Etats-Unis, à la différence de quasiment toutes les autres nations du monde, le Hamas est considéré comme un mouvement terroriste. Si j'étais citoyen mexicain, indien, sénégalais, ou néo-zélandais, je pourrais justifier ou approuver le massacre du 7-0ctobre, au nom de mon analyse de la situation au Proche-Orient. En France, impossible.

Dernier exemple en date, Rima Hassan, réfugiée palestinienne, candidate en 7e position sur la liste LFI aux Européennes. En voilà une qui pèse ses mots, comme la juriste qu'elle est. Sur cette question de l'appréciation portée sur le 7-Octobre, écoutez-la.

Le blog Obsessions est publié sous la seule responsabilité de Daniel Schneidermann, sans relecture préalable de la rédaction en chef d'Arrêt sur images.

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