Violences d'aujourd'hui et d'hier
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Violences d'aujourd'hui et d'hier

"Est-ce que vous comprenez que c'est incompréhensible pour les Français, qui se disent on savait, et on n'a pas sû les arrêter ?" demande Anne-Sophie Lapix au Premier ministre, accouru sur le plateau de la télé d'Etat pour jouer les pères Tape-Dur. Car Lapix part du principe que "les Français" réprouvent les déprédations commises sur les Champs Elysées, lors de l'Acte 18 (à propos desquelles se posent encore bien des questions). Elle le sait. "Les Français" lui parlent sans doute en ligne directe, comme ils parlent à Aphatie, à Calvi, à toute la bande . Bref, le Premier ministre dégaine quelques mesures bricolées à la hâte, de l'interdiction de manifester dans certains lieux symboliques au limogeage du préfet de police de Paris, coupable apparemment d'avoir incité la police à modérer l'usage des LBD.

Parmi ces mesures bricolées, il en est une autre, annoncée quelques heures plus tôt, sur laquelle Lapix n'interroge pas Edouard Philippe. "Un certain nombre de personnalités, et je mets personnalités entre guillemets, ont encouragé et légitimé les violences et continuent à le faire sans vergogne. J'ai demandé au ministre de l'Intérieur de saisir systématiquement la justice à leur encontre en utilisant les dispositions de l'article 40 du code de procédure pénale" assurait-ilQuelques heures plus tard, Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, précisait la pensée gouvernementale, en ciblant les "personnalités" jaunes, Eric Drouet et Maxime Nicolle.

Apparemment, à ce stade, seuls Nicolle et Drouet sont visés. Mais pourquoi seulement eux ? Où s'arrête la légitimation de la violence ? Christophe Castaner va-t-il saisir la Justice du cas de  Johnny, 37 ans, directeur de centre de loisirs dans les Ardennes, qui, sur les Champs Elysées, déclarait au Monde "On a pris conscience qu’il n’y a que quand ça casse qu’on est entendu… Et encore même quand on casse tout on ne nous entend pas" ? Va-t-on poursuivre Isabelle, 60 ans, qui avouait au même journal :  "Si j’étais plus jeune, j’irais à l’affrontement. C’est la violence d’Etat la première violence, celle qui donne la rage." Et Jennifer, 39 ans, cariste venue de Rouen et mère de deux enfants : "Quand j’ai vu casser le Fouquet’s, ce symbole de l’oligarchie, je ne dis pas que j’étais satisfaite mais je ne suis plus contre" ? Et les reporters du Monde, qui ont recueilli et publié ces légitimations de la violence ? Et moi, ici-même, qui les republie ?

Et les historiens, tiens ? Rappeler que la monarchie est tombée en France du fait de certains actes de violence, y compris contre des monuments historiques, actes commémorés d'ailleurs en fanfare chaque 14 juillet, est-ce légitimer les violences ? Rappeler que le régime actuel est né, un certain 13 mai 1958, d'actes de violence (notamment l'incendie d'une bibliothèque contenant certainement des documents inestimables), est-ce légitimer la violence ? A partir de quelle ancienneté une violence devient-elle légitimable ? Bon courage aux magistrats.

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