Primaire - 36 : une bouillie de droite
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Primaire - 36 : une bouillie de droite

Hibernatus et moi (sans scooter). 4.

En plus de tout le reste, je ne suis même pas un électeur sérieux de la droite et du centre.

Pourtant, j'ai tenté. De toute la force de mes valeurs républicaines, et de mon engagement sans faille pour l'alternance. Echec cuisant. Tiens, demandez-moi lequel, dans le débat de la primaire d'hier soir, voulait revenir à 39 heures et lequel se contentait de 37. Lequel voulait embaucher 50 000 policiers et gendarmes, et lesquels se contentaient de quelques milliers. Lequel ne voulait pas porter la retraite à 65 ans. Lequel était pour l'identité, et lequel pour la culture. Incapable. Je n'ai vu qu'une grosse bouillie dans un mixeur, une grosse bouillie de droite, six types en costard et une femme, surgis comme Hibernatus des années Reagan-Thatcher. C'est donc vrai que c'est ça, la droite française. La vraie droite. La bonne vieille droite. Et dire que j'ai eu l'idée saugrenue de tenter d'en choisir un, pour éviter pire. Misère.

Avant le débat, les commentateurs qui-sont-au-courant avaient pré-vendu une charge de cavalerie de Copé contre Sarkozy, la charge désespérée de celui qui n'a rien à perdre. D'ailleurs ça tombait bien, il devait parler en premier. A vrai dire, je n'ai regardé que pour ça. Le sang. La mise à mort. Et bien sûr, j'ai regardé pour rien. On s'est griffés, on s'est chatouillés, on s'est neutralisés. Tous égaux dans la bouillie.

Il est vrai que j'ai peut-être raté quelque chose, car j'ai zappé sur Envoyé Spécial. Menu de roi : Luxleaks, et Lactalis. Pendant que bouillonnait à gros bouillons la bouillie des Hibernatus, France 2 racontait deux histoires d'aujourd'hui. Deux histoires cruelles. L'histoire d'un tout petit lanceur d'alerte, petit employé du fameux cabinet PricewaterhouseCoopers, Raphaël Halet, qui a failli être broyé par la grosse machine à évasion fiscale, et qui n'a survécu qu'en trouvant le courage ultime de tout dire. Et l'histoire de ces jeunes producteurs de lait de La Cochonnière (Maine et Loire), les bottes dans la bouse, broyés, eux, vraiment, par la multinationale Lactalis. L'émission est là. Elle vaut la peine.

Ça donnait des envies de détournement. Je veux dire, de détournement d'émission. Ce qu'il aurait fallu, c'est détourner Envoyé Spécial, et le projeter sur écran géant dans le barnum de TF1. Les obliger à regarder l'histoire de Raphaël Halet, et le château de la famille Besnier, propriétaire de Lactalis. Mieux encore, inviter sur le plateau Raphaël Halet, et Régis, producteur de lait à La Cochonnière. On les aurait simplement laissés parler. On aurait bien vu ce qu'ils avaient à dire sur le monde de 2016. Vous aurez compris que je ne suis pas allé retrouver mon scooter ce matin. Pas envie d'essuyer ses sarcasmes, en plus du reste. J'ai pris un Velib.

(A suivre)


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