Irma, médias publics, medias privés
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Irma, médias publics, medias privés

Quelle différence, se demande-t-on parfois, entre medias publics et medias privés ?

En quoi le financement influe-t-il sur la production de l'information ? Il est vrai que parfois (souvent) les premiers copient les seconds. Mais l'ADN actionnarial montre aussi parfois le bout de son nez. Ainsi à propos du cyclone Irma. Le journal de sept heures trente de France Inter s'ouvre sur la difficile mise en place des secours. Pompiers, secouristes, gendarmes, rôle des autorités : le service public glorifie le rôle des secours, avec ses succès et ses vicissitudes. Et le privé ? Le même journal de RTL a choisi d'ouvrir sur...les premiers pillages, sur l'ile de Saint Martin. Témoignage affolé d'une habitante, évoquant des pillards à la machette, qui profitent de l'anarchie régnante pour défoncer les vitrines des magasins.

Deux visions, deux points de vue. France Inter se tient aux côtés de l'Etat, quand RTL se tient aux côtés des pulsions populaires. Pour France Inter, quoi qu'il arrive, l'Etat, et ses différentes incarnations, occupe la place centrale du récit. C'est toujours le personnage principal, quand le premier réflexe de RTL consiste à rechercher le témoignage choc, celui qui s'adressera aux pulsions de l'auditeur. On m'objectera que cela aurait pu être le contraire. Peut-être. Mais ce matin, chacun était fidèle à son tropisme. Et à son mode de financement.

Autre différence, l'attention accordée aux causes structurelles des catastrophes climatiques. On relevait ici hier la très sage prudence du Monsieur Météo de RTL, Louis Bodin, concédant du bout des lèvres que le réchauffement de l'océan jouait "peut-être" un rôle dans l'intensité des cyclones. Peut-être. Faut voir. Faut vérifier. Et qu'importe si au même moment le climatologue Jean Jouzel, sur une chaine de service public, à l'unisson de tous ses confrères, pulvérisait le "peut-être" par une démonstration limpide. A l'inverse, ce matin, dans une roborative chronique sur l'écologie, Thomas Legrand, sur France Inter, allant directement d'un bout à l'autre de la chaîne des causalités, reliait Irma, non pas seulement au réchauffement des eaux, mais aux modes de vie occidentaux qui provoquent le réchauffement climatique. Irma n'était pas une simple catastrophe, mais une conséquence logique, explicable. Voilà une des raisons pour lesquelles, malgré tous les agacements (et Dieu sait s'ils sont nombreux), il faut se battre pour le maintien, et la qualité, du service public de l'information.

Irma, par Google images

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