Comme chaque année vient l'heure de vous partager les résultats annuels d'Arrêt sur images en 2022. Avec un peu de retard, les comptes n'ayant été bouclés que début août. Ne nous le cachons pas, ils sont mauvais. Le résultat net est en déficit de 101 333 euros, contre un bénéfice de 26 502 euros l'an dernier. Trois facteurs expliquent ce déficit très important pour un site comme le nôtre, dont le chiffre d'affaires 2022 s'établit à 1,05 million d'euros - les comptes comprennent aussi ceux de notre filiale Hors-Série, liée financièrement bien que tout à fait indépendante d'ASI au niveau éditorial. 

Comme le reste de la France, ASI n'a pas été épargné par l'inflation. Bien que celle-ci soit restée plus que contenue dans nos comptes grâce à l'attention portée aux dépenses, réduites grâce à notre président-administrateur (élu pour trois ans) Antoine Streiff. La majeure partie de ces dépenses, soit environ 770 000 euros, est consacrée à la rémunération de l'équipe, ainsi qu'à celle de nos chroniqueurs et chroniqueuses, sans oublier les ingénieurs du son pour les enregistrements d'émissions. La seconde plus grosse dépense concerne les locaux qui nous coûtent, entre le loyer et les autres charges, environ 100 000 euros annuels. 

Mais cette inflation a aussi peut-être poussé des asinautes à renoncer à leur abonnement. D'environ 23 000 abonné·es en 2020, au seuil de la pandémie et de notre transition vers un actionnariat collectif, vous êtes aujourd'hui moins de 20 000, c'est l'une des causes majeures de notre déficit actuel. Il faut dire que l'année 2022 a été particulièrement mouvementée pour l'équipe autant que pour les asinautes. Daniel l'a conclue en mettant fin à son animation de l'émission historique, tandis que son Matinaute est devenu une chronique irrégulomadaire – ce qui lui a permis de lancer Sur la planche puis la chronique La petite cour. 

Afin d'enrayer cette régression des abonnements, l'équipe a lancé, ou continué d'expérimenter de nouveaux formats vidéo, notamment pour rendre plus accessible la critique média. Le tout sans renoncer à nos formats historiques – y compris en relançant Classe télé. Nous avons aussi inauguré de nouvelles chroniques, par des membres de la rédaction ou réalisées par des auteur·es de talent. Et remanié la newsletter hebdomadaire des vendredis. Vous avez été bien des abonné·es à accueillir avec bienveillance et curiosité ces essais éditoriaux, à nous redécouvrir – ou à nous découvrir – à cette occasion. Nous avons aussi senti, à la lecture des forums et de vos courriels, le trouble d'une partie d'entre vous : ASI change, évolue, essaie de se réinventer, toujours avec indépendance, toujours pour vous permettre de comprendre ce qui se cache derrière les médias que vous consultez ou qui influencent l'opinion publique.

Nous avons probablement manqué quelques occasions de vous en parler en amont, c'est pourquoi nous allons réitérer régulièrement les FAQ de l'équipe en vidéo dès la rentrée – par exemple pour vous raconter l'élection de la future rédaction en chef élue pour un an. Comme de nombreux autres médias indépendants, ni notre méta-couverture de l'élection présidentielle, ni celle du mouvement contre la réforme des retraites n'ont su convaincre suffisamment de citoyen·nes pour nous soutenir. Nous devons vous convaincre de nouveau. Et ce d'autant plus que toujours sans publicité ni subvention, ASI est particulièrement touché par ce recul. Nous avons donc plus que jamais besoin de votre soutien, sous quelque forme que vous puissiez l'apporter.

Enfin, nos comptes 2022 paient aussi la fin de la plateforme d'abonnements groupés La Presse Libre, cofondée par ASI et NextInpact. Mais que NextInpact gérait seule sur le plan technique. Ce qui a conduit le site, en difficulté financière ces dernières années, à renoncer - on les comprend, la charge était lourde. 

L'impact de la fermeture de La Presse Libre a été important pour ASI et Hors-Série. Nous ne restons pas les bras ballants, conscient·es qu'il nous faut aussi tenter d'impulser, là encore, une nouvelle dynamique. Vous continuez ainsi à nous suggérer régulièrement que les médias web indépendants sur abonnement se rendent plus accessibles à leurs lecteurs et lectrices. Notre fondateur et coactionnaire Daniel Schneidermann y travaille, avec le soutien de l'équipe. En attendant de pouvoir vous en dire plus, nos comptes sont consultables en intégralité ci-dessous. 

Si, apprenant ces mauvaises nouvelles, vous souhaitez poser des questions, exprimer des critiques ou formuler des suggestions, vos commentaires sont les bienvenus dans le forum de ce billet.

Si vous voulez manifester un soutien plus direct, voici quelques moyens de le faire, n'hésitez pas à le faire savoir autour de vous : 

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