Merkel / Nazis : le Spiegel rate sa Une
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Merkel / Nazis : le Spiegel rate sa Une

L'humour ne paie pas toujours. Le Spiegel s'en est rendu compte en publiant samedi dernier en couverture un photomontage d'Angela Merkel avec des officiers de la Wehrmacht devant l'Acropole d'Athènes, sous le titre "Comment les Européens nous voient. La suprématie allemande". Une couverture inhabituelle qui n'a pas plus à tout le monde

avec des officiers de la Wehrmacht devant l'Acropole d'Athènes, sous le titre "Comment les Européens nous voient. La suprématie allemande". Une couverture inhabituelle qui n'a pas plus à tout le monde.

Angela Merkel entourée d'officiers de la Wehrmacht devant l’Acropole d’Athènes sur une photo de 1941. Ce photomontage est le choix de couverture de l’édition du 21 mars de l’hebdomadaire Der Spiegel. "Comment les Européens nous voient. La suprématie allemande", titre le magazine. "Dans beaucoup de pays partenaires, les comparaisons avec les nazis sévissent. Les Allemands passent à nouveau pour une nation supérieure. Et pourtant, ils sont une puissance plutôt faible que forte du continent", explique l’article principal, titré "Le quatrième Reich".

Une du Spiegel, 21 mars 2015...

... Et la photo de 1941 sans montage, ici reprise par le Spiegel Online (17 mars 2015)

La Une était-elle une tentative de satire ou d'ironie, à la suite de l'affaire du doigt d'honneur "faux pas faux" de Varoufakis, qui a déconcerté les médias allemands la semaine dernière ? C'est ce que se demande le site d'information Meedia face à cette Une "provocante". Le rédacteur en chef de la Bild Kai Diekmann, dont les partis-pris ne font pas toujours l’unanimité, n’a pas manqué de réagir à la couverture. S’adressant directement à l’un des rédacteurs en chef du Spiegel Nikolaus Blome, qui fut auparavant rédacteur en chef pour Berlin à la Bild sous ses ordres, il écrit : "Tu ne m’aurais jamais laissé passer une telle Une ! Tu serais venu dans mon bureau et tu m’aurais engueulé ! "

Un "déficit d'ironie"

Le rédacteur en chef du Spiegel Klaus Brinkbäumer s'est expliqué sur le site du Spiegel Online : "On ne peut comprendre de travers cette Une que si on veut mal la comprendre", argumente-t-il, mettant en avant le montage "volontairement grossier, de manière à ce que cette Une rappelle les caricatures qui représentent la Chancelière avec la moustache d’Hitler". Il s’agit donc de "citer, ironiser et se distancier d’une vision extérieure et d’un mélange entre l’histoire allemande et le présent allemand et européen".

Mais pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le Spiegel souffre d’un "déficit d’ironie" : "Quand il faut expliquer une Une qui est censée marcher par allusion ou ironie, alors c’est que l’ironie n’a pas vraiment fonctionné", déclare le quotidien. Même constat du côté du quotidien Die Welt, pour qui le Spiegel "semble déconcerter voire dégoûter par sa tentative d’autodérision", sans doute aussi car tout le monde "n’adhère pas à l’idée de départ de la Une selon laquelle toute l’Europe verrait l’Allemagne comme une ‘suprématie allemande’."

Les Unes du Spiegel qui font référence au nazisme sont certes un "grand classique", rappelle le quotidien basé à Münich Die Süddeutsche Zeitung, et Hitler est déjà apparu plusieurs fois en couverture du magazine.

Unes "Hitler" du Spiegel (Source : Spiegel.de)

Mais elles ne font généralement pas aussi directement référence à l’actualité politique. "Ils l’avaient fait dans le cas où il y avait un sujet sur l’extrême-droite", explique Jürgen Ritte, journaliste pour le quotidien suisse germanophone Neue Zürcher Zeitung, contacté par @si, "mais ça, c’est un peu inhabituel". Les Unes du Spiegel se référant directement à Hitler ou la Seconde Guerre mondiale sont en effet le plus souvent liées à un sujet historique, comme cela avait le cas pour son numéro du 28 janvier 2013 "La montre d'Hitler, le secret de l’Allemagne", qui se penchait sur les trésors nazis entreposés encore aujourd’hui dans des réserves de musées.

Une du Spiegel, 28 janvier 2013 (Source : Spiegel.de)

(Par Juliette Gramaglia)

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