Marie Claire aime les restaurants
Le directeur général s'invite chez Vivant
Le restaurateur Pierre Jancou aurait pu se réjouir en recevant, la semaine dernière, un mail de la direction de Marie Claire : "Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre établissement a été sélectionné par le magazine Marie Claire pour figurer dans la rubrique « le Paris de Jean-Paul Lubot », Directeur Général délégué du Groupe Marie Claire et éditeur de Marie Claire." Le mail est envoyé par l'assistante de Lubot. Pierre Jancou, patron du bistro Vivant à Paris (10ème) |
Le magazine indique ensuite que son patron connaît le restaurant mais qu'il aimerait y revenir. Mais la dernière phrase fait tiquer le patron de Vivant : "Pensez-vous qu’il soit possible de l’inviter pour un diner à votre convenance ? Il sera accompagné."
Le restaurateur réagit sèchement : "Je n'ai jamais invité un journaliste en 24 ans de carrière dans la restauration.Votre démarche me semble louche et frauduleuse."
En guise de réponse, Jean-Paul Lubot, qui écrit cette fois sans passer par son assistante, assure que "c'est une démarche extrêmement classique pour tester les cartes des restaurants, échanger avec vous et écrire les articles". Quoi d'anormal à faire pression pour manger à l'oeil ?
Puis il insiste lourdement sur la grande opportunité pour le restaurateur de figurer dans les pages de Marie Claire, "le premier magazine féminin haut de gamme français (485 000 ex / mois), reconnu pour son professionnalisme depuis plus de 50 ans".
A la fin du mail, devant le refus du restaurateur, la sanction tombe : "Nous en prenons bonne note, le regrettons et vous retirons de notre sélection."
"Votre pingrerie bien connue du milieu"
Pierre Jancou n'en reste pas là. Lorsqu'il fait remarquer qu'un journaliste gastronomique ne se fait pas inviter, Lubot, sûr de son bon droit, excipe à nouveau de sa qualité de responsable d'un grand groupe de presse international : "Je suis l'éditeur de MClaire et DG du groupe (90 mags dans 35 pays)."
Puis ses propos virent à l'insulte. Le restaurateur serait "le seul à réagir de la sorte... (...) Les autres ont bien compris que c'était une opportunité de mise en avant de leur établissement dans un grand magazine, poursuit Loubot. Avant de conclure : Vous n'avez rien compris et fait que confirmer votre pingrerie bien connue du milieu."
Pierre Jancou, choqué, transmet l'échange de mails au blog Food Intelligence du critique gastronomique Bruno Verjus : "Il m'arrive souvent de recevoir ce type de demandes, explique Pierre Jancou, joint par téléphone par @si. J'ai toujours refusé et l'échange s'arrête là. C'est la première fois que quelqu'un insiste autant et m'insulte. Depuis, nous n'avons plus été en contact."
(avec Aurore Gorius)
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