Le biographe de DSK évoque un "piège"
Brève

Le biographe de DSK évoque un "piège"

Et revoilà la théorie du complot.

Dans un entretien à la Libre Belgique, repris par le blog de Libé "Great america", Michel Taubmann, biographe de Dominique Strauss-Kahn, livre sa version des faits. Qui pourrait bien être la version de DSK, livrée par la bouche de celui qui est l'un de ses porte-parole de fait.

"Cette fille l’a provoqué, déclare Taubmann, cité par Libé. Dominique Strauss-Kahn est tombé dans un piège. Il a été d’une naïveté incroyable. Il a été irréfléchi et léger oui, ce n’était pas malin. Car nous ne sommes pas face à une simple femme de chambre. C’est quelqu’un qui a cinq téléphones portables, un compte en banque avec 100 000 dollars dont on ne connaît pas la provenance, qui est mariée au moins religieusement avec un homme emprisonné en Arizona pour trafic de drogue."

Ce n'est pas la première fois que la version du piège est avancée. Dès le début de l'affaire, Michèle Sabban, proche de DSK et vice-présidente du Conseil général d'Ile-de-France, affirmait qu'il s'agissait ni plus ni moins d'un "complot international"; et le socialiste, Claude Bartolone, avançait aussi cette hypothèse. Des politiques de droite l'ont également envisagé, comme Christine Boutin.

Lorraine Millot, auteure de l'article, souligne : "Cette nouvelle version a le mérite d’apporter une possible réponse à la question qui reste béante, depuis le non-lieu prononcé mardi : si ce n’était pas un viol, comment est-il possible qu’en 7 à 9 minutes, la durée de la rencontre selon le procureur, le sperme de DSK ait pu se retrouver sur l’uniforme de Madame Diallo ?" Mais cette nouvelle version "implique tout de même que la femme de ménage, que les avocats de DSK jugeaient peu attractive au tout début de l’affaire, se soit montrée extrêmement convaincante pour persuader en si peu de temps Dominique Strauss-Kahn d’avoir un rapport sexuel avec elle et obtenir son éjaculation", ironise la journaliste. Elle rappelle également que le rapport du procureur ne mentionne pas que la plaignante ait été en possession de cinq téléphones portables, et qu'il était question de 60 000 dollars de dépôt suspect et non de 100 000.


Le Sofitel a-t-il prévenu le groupe Accor ?

Cette théorie relance aussi la question de l'attitude du Sofitel. "Je ne peux pas donner de réponse, mais il faut savoir que le Sofitel est un hôtel français et que, pour l’instant, il refuse de répondre aux questions des journalistes, glisse Taubmann. Et que le Sofitel dépend du groupe Accor. Je ne peux pas imaginer que le directeur du Sofitel à New York, qui connaît DSK, puisse lancer la police à ses trousses sans avoir demandé le feu vert à Paris." Le Sofitel a-t-il appelé sa direction à Paris avant de prévenir la police ? On ne le sait pas. Sur ce point, un article du Parisien précisait en juillet que l'Elysée avait été mis au courant par le "M. sécurité" du groupe Accor (donc lui-même mis au courant par l'hôtel de New York), mais seulement après l'arrestation de DSK et après la mise en ligne d'un premier article sur le New York Post.


Le Parisien
racontait : "Il est presque minuit lorsque le téléphone d’Ange Mancini sonne à Paris dans la nuit du 14 au 15 mai. L’ancien patron du Raid et ex-préfet de la Martinique dirige depuis quelques semaines la cellule de coordination du renseignement à l’Elysée. Il est le tout premier à être mis au courant. A l’autre bout du fil, le responsable de la sécurité du groupe hôtelier Accor lui donne les détails de l’arrestation de DSK, survenue deux heures plus tôt à l’aéroport JFK. Mancini informe aussitôt Christian Frémont, le directeur de cabinet de , ainsi que Stéphane Bouillon, celui du ministre de l’Intérieur, . A minuit et demi, Guéant est tiré du lit et mis au courant «au moment même où le premier article sur la question est mis en ligne sur le site Internet du New York Post et près de deux heures après le premier tweet», précise une source à Beauvau."

Quant à ce "M. sécurité", René-Georges Querry, ancien dirigeant de l’unité de coordination de lutte antiterroriste, certains dirigeants socialistes ont pointé ses liens avec les renseignements français. Mais selon le Parisien, ces liens sont somme toute banals. "Aujourd’hui, la plupart des responsables de la sécurité des grands groupes privés en France sont d’anciens policiers ou gendarmes. Des hommes qui ont gardé des amitiés et des contacts dans leurs anciennes «maisons». Dans le cas d’Accor, qui est présent partout dans le monde, y compris dans des pays sensibles, il n’est donc pas étonnant que ce responsable ait des contacts réguliers avec les services de renseignement". La direction de l'hôtel a par ailleurs nié toute intervention de ses dirigeants dans l'affaire DSK.


La femme de chambre connaissait-elle DSK ?

Autre question posée par la théorie du complot, Naffissatou Diallo savait-elle qui était DSK ? Selon un article du Figaro, publié en mai, les photos des VIP séjournant dans l'hôtel étaient accrochées dans le local où se changeaient les employés de l'hôtel. Diallo était donc censée le connaître, selon le journaliste. Mais l'entourage de la plaignante a nié cette version, expliquant qu'elle avait découvert qui était DSK le soir même, à la télévision. On n'en sait pas plus aujourd'hui.

Cette théorie du complot est-elle tenable ? Ni le procureur, ni même les avocats de DSK, n'ont pu jusqu'à présent avancer le moindre élément étayant cette thèse, souligne Millot. Le journaliste Renaud Girard, dans Le Figaro, souligne toutefois, sans plus de précisions, que l'avocat de DSK, Ben Brafman, "n'a pas totalement exclu l'hypothèse d'un complot, d'un piège qui aurait été tendu sciemment à DSK, dont le penchant pour les femmes était connu".

Parmi les questions restant en suspens, souligne Millot, figure aussi celles sur l'attitude de DSK : "Si vraiment DSK a été « piégé », comment se fait-il aussi qu’il ne porte pas plainte contre une femme qui a failli le faire envoyer en prison pour le restant de ses jours, lui a fait perdre son poste de directeur du FMI et l’a fait passer pour un violeur ou saligaud aux yeux du monde entier? Et surtout, comment se fait-il que Dominique Strauss-Kahn ne dise toujours pas ce qui s’est passé, ses avocats, ces derniers jours encore, lui conseillant aussi de ne rien dire ?"

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