A l'affiche
Brève

A l'affiche


Sur le site du théâtre Nanterre-Amandiers, les affiches pour les douze spectacles de la saison 2014. En voici quatre :


Une soucoupe volante pour Macbeth, un chopper pour Phèdre, un téléphérique pour La république de Platon, un train pour Britannicus, etc. Ces illustrations proviennent de banques d'images ; la soucoupe volante, par exemple, est disponible sur le site istockphoto.com. Elle a notamment servi pour la couverture d'un livre bizarrement consacré aux ovnis :


Une soucoupe volante, un chopper, un téléphérique, deux trains, des skis, un avion, un bateau, un cheval, un camping-car, un ballon dirigeable, une camionnette.Shakespeare, Racine, Alain Badiou, Beckett, Marivaux et les autres ont-ils fait intervenir ces différents engins dans leurs pièces ? Certes non. Ces douze moyens de transport, sans aucun lien avec les zeuvres, servent à illustrer la saison théâtrale 2014 du théâtre Nanterre-Amandiers. C'est un lot, un concept.

C'est vrai, ça, pourquoi s'embêter à concevoir une illustration pour chaque pièce, alors qu'un thème unique pour douze choisi au petit bonheur la chance est suffisant ? Ce théâtre n'en est pas à son coup d'essai : en 2012 il avait utilisé des photos de reportages pour illustrer Oncle Vania de Tchekhov ou Home de Marguerite Duras (on en avait causé dans une précédente chronique) :

 

En 2013, le théâtre Nanterre-Amandiers avait utilisé de jolies photos de paysages.

Suggérons-lui quelques thèmes pour les années à venir :

- des chatons dans des paniers en osier
- des photos de pieds piquées sur Instagram
- des roses (c'est joli les roses, ça plaît toujours)
- des affiches de théâtre.

Celles de Batory, par exemple.Michal Batory est né en 1959 à Lodz, en Pologne. Il y étudie les arts plastiques, obtient son diplôme de graphiste en 1985, émigre en France deux ans plus tard, travaille pour plusieurs agences. A partir de 1994, il conçoit des affiches pour le Théâtre National de la Colline ou celui de Chaillot.

Tous les Parisiens ont vu au moins une fois une affiche de Batory. On les croise dans les couloirs du métro, sur les colonnes Morris, elles nous accrochent le regard. Montages, collages, rencontres, collisions surprenantes réalisées sans l'aide de Photoshop qui deviennent inoubliables, un style unique maintes fois copié jamais égalé.



"J'ai photographié cette bouche à la chambre [un boitier Pentax 6x7], ce qui donne une profondeur de champ très réduite avec un avant-plan et un arrière-plan flous. Cela apporte un effet plastique et rend la chose plus symbolique. Si la bouche était totalement nette, cette image serait beaucoup plus banale. Ensuite, en changeant l’orientation, on découvre une autre forme. La disposition à la verticale transforme cette bouche en cœur. Cette image très simple, pour laquelle il n’y a pas de manipulation dans Photoshop, a été utilisée par le théâtre de Chaillot comme l’emblème de leur saison", expliquait Michal Batory en 2005 pour le site Pixelcreation.


"Pour cette affiche, (…) j’ai fait la prise de vue en pensant à des peintres comme Titien ou Rubens."


Un clin d'oeil à Arcimboldo, réalisé avec six sortes de roses différentes.
La seule retouche sur Photoshop se situe dans la brillance des yeux. Au final, on ne sait pas à qui appartient ce visage : à un homme, une femme, un monstre…


"Le metteur en scène a détesté cette image qu’il jugeait obscène. Pourtant, dans sa mise en scène, il y avait un acteur tout nu à quelques mètres des spectateurs." On peut rapprocher cet oreiller de ceux visibles dans Le Verrou de Fragonard (voir cette précédente chronique).


"Cette pièce, qui était jouée dans l’obscurité totale, était basée sur la musique, les paroles, et les odeurs. À l’entrée, les spectateurs recevaient des bonbons qu’ils devaient manger à un certain moment de l’histoire. D’où ces bonbons qui deviennent des lunettes d’aveugles."


"Dans cette association de l’idée de se nettoyer les oreilles et d’accorder un instrument, généralement les gens comprennent qu’il y a un gag. Le message pourrait être : « Réveillez-vous et écoutez quelque chose que vous n’écoutez pas d’habitude. » Je pense que s’il s’agit d’une provocation, elle reste assez légère."


Une affiche inspirée par le Modèle rouge de Magritte.


"J’ai créé cette affiche de graines d’herbe à chat poussant sur des portées pour le Fonds pour la création musicale. Cet organisme fêtait ses 20 ans d’activité et voulait une image pour l’événement. Il n’y a pas de trucage. L’image a été réalisée à la prise de vue et le flou est causé par la profondeur de champ."


Un livre, intitulé Batory - Posters & Graphics Works, a paru aux Editions Serge Malik. Il est hélas épuisé mais gageons que le théâtre Nanterre-Amandiers saura se le procurer.

 

L'occasion de lire ma chronique intitulée Les chiens aboient, la caravane publicitaire passe dans laquelle il est également question du théâtre Nanterre-Amandiers.

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