Coups de chien sur les dispositifs
Brève

Coups de chien sur les dispositifs

Mais quelles substances consomment-ils, le matin ?

C'est l'heure meurtrière où journalistes et candidats jettent leurs dernières forces dans la bataille. C'est l'heure épuisante où les matinautes se cacheraient presque sous le lavabo, de peur de se prendre une balle perdue. C'est le moment où tombent en grêle les coups bas, où on s'attaque aux lunettes et aux vêtements. Sur Inter, Pascale Clark essaie de faire à Marine Le Pen le coup de la dernière vacherie avant de rendre l'antenne, le petit coup de pied auquel normalement l'invité ne peut pas répliquer, son micro étant coupé. Le Pen ayant choisi d'apporter une chanson de Laurent Voulzy, Clark lui balance, juste avant de rendre l'antenne, trois vers de Belle île en mer, "en France violence, manque d'indulgence par les différences que j'ai". Et prends-toi Voulzy le métis dans les dents, Marine ! Manque de chance, la régie n'a pas coupé le micro de Le Pen: "que voulez-vous dire ?" Clark, prise à contrepied: "mais rien. Arrêtez cette parano". "Dites ce que vous avez à dire" "Rien". Quatre tops. Clark: "c'est terminé". Cohen: "je ne pensais que vous puissiez vous sentir agressée par les citations d'une parole de chanson".

Le Pen se bat encore. Mais on dirait que Sarkozy a déjà capitulé. Il fallait le voir, la veille, déjà vaincu face à Bourdin, pris en défaut parce qu'il ne connait pas, à trois morts près, le nombre des soldats français tués en Afghanistan. Il fallait entendre Bourdin lui souffler dans les bronches, comme aucun autre présentateur français. Prends-toi les morts français dans les dents, Sarkozy. C'était trop ? Peut-être. Mais ça vengeait des heures de soumission, sur les autres antennes.

Quoiqu'il arrive, la campagne aura fait tanguer les dispositifs médiatiques. Ils se seront accrochés au bastingage, les Cohen (d'où viennent vos chiffres ?), les Aphatie (donnez votre salaire), les Chazal (je vais vous parler de la fortune de Martin Bouygues), sous les coups de chien des intrus, les Mélenchon, Le Pen, Poutou, Dupont-Aignan. Ils n'auront jamais été aussi nombreux, les candidats, à chahuter les dispositifs, aidés de l'extérieur, sur le ring secondaire de la campagne off, par la puissance imparable des réseaux sociaux (voir comment l'équipe de Mélenchon a mis les rieurs de son côté, en réaction à la campagne de "révélations" sur ses rencontres, ses déjeuners, ses goûters, avec les seconds couteaux de la Sarkozie). On peut faire confiance à la plasticité du système pour se survivre. Mais la campagne aura au moins permis de mettre les ficelles à nu, comme un orage lave le ciel. C'est déjà ça.

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