La presse écrite veut taxer "les acteurs du numérique"
Brève

La presse écrite veut taxer "les acteurs du numérique"

Vif débat en perspective: le Syndicat de la presse quotidienne nationale souhaite l'instauration d'une taxe sur les fournisseurs d'accès à internet, les portails, les fabricants de matériel et les moteurs de recherche, afin de redistribuer les sommes perçues aux éditeurs de presse en ligne. La raison invoquée : les quotidiens ont beaucoup investi dans leur diffusion sur internet et souhaitent maintenant récupérer une partie de la valeur ajoutée qu'ils apportent, selon eux, au web. En jeu, potentiellement 150 millions d'euros. Médias traditionnels et pure players ont commencé à s'empoigner sur Twitter.

Le site des Echos a révélé ce lundi un projet du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) visant à taxer les acteurs du numérique. Pour Marc Feuillée, président du SPQN, cité par lesechos.fr : "les études menées sur les différents supports d'Internet (tablettes, PC, mobiles) montrent que s'informer sur l'actualité est aujourd'hui l'un de leurs principaux usages." Et sur les 7 premiers sites d'information français, 6 sont issus de titres de presse écrite. Selon le cabinet Kurt Salmon "72% des titres d'actualité mis en avant sur la page de Google Actualités sont issus d'acteurs de la presse en ligne." Or sur les 10 milliards d'euros générés annuellement par l'économie numérique, la presse ne reçoit que 280 millions, le reste allant aux fournisseurs d'accès à internet, aux portails et aux moteurs de recherche.

Ainsi, selon Marc Feuillée sur lefigaro.fr, "la création de valeur a profité quasiment exclusivement aux acteurs technologiques" malgré les investissements massifs dans le numérique pour gagner la bataille de l'audience." D'où la requête du SPQN aux candidats à l'élection présidentielle, de redistribuer une partie de cette valeur ajoutée. Il s'agirait de taxer les acteurs du numérique ainsi que les fabricants de matériel. Kurt Salmon estime à 150 millions d'euros les revenus supplémentaires que pourrait toucher la presse écrite grâce à cette taxe. Denis Bouchez, directeur du SPQN, ajoute qu'"un tel mécanisme existe pour l'audiovisuel, le cinéma ou la musique."

L'opposition au projet ne devrait pas se faire attendre. Selon la Fédération française des télécoms, la surfiscalité que subissent déjà les opérateurs leur coûte 1,2 milliard d'euros par an, soit 20% de leurs investissements. Sur le blog Newzilla, Philippe Crouzillacq moque le "conservatisme technologique" et l'"éclatante indigence intellectuelle" des acteurs de la presse française, "toujours prompts à aller à la soupe des petites aides publiques." De son côté,  Numerama souhaiterait que la taxe, si elle doit être créée, soit collectée aussi pour "les blogueurs, les auteurs indépendants, les écrivains qui publient leurs ouvrages sur Internet, etc." Ce que Champeau qualifie de "véritable révolution économique, à la croisée entre le capitalisme et le communisme", il reconnaît que "personne n'y est prêt."

Sur Twitter, la question est aussi débattue, notamment entre acteurs de la presse écrite et pure players. Exemple: ce vif échange entre Nicolas Demorand, directeur de Libération et Johan Hufnagel, rédacteur en chef de Slate.fr.

Empoignade Demorand-Hufnagel picto

Autre proposition du SPQN, appliquer à la presse en ligne le même taux de TVA que celui de la presse écrite, soit 2,1%. Un combat qu'@si et ses homologues mènent depuis longtemps...


(Par François Geffrier)

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