Défense du CSA (tout arrive)
Brève

Défense du CSA (tout arrive)

Depuis que s'est ouverte la pré-campagne présidentielle

, ce n'est qu'un cri parmi les journalistes-humoristes-animateurs (avec ou sans carte de presse) de l'audiovisuel: ces règles du CSA, qui nous imposent l'équité des temps de parole des candidats, quelle plaie ! Mais quelle plaie ! Ils sont au Goulag, les pauvres. Ruquier met en scène sur son plateau le ridicule chronomètre qui lui impose de millimétrer le temps de parole de ses invités. Barthès (dans une interview octroyée au Monde, qui rivalise de pugnacité avec l'interview à Elle d'Anne Sinclair la semaine dernière), a hâte de pouvoir faire rire la France entière avec le risible ustensile. Il n'en peut plus d'impatience. Il trépigne. Ce matin encore, sur France Inter, à propos de l'enfumage multidiffusé de Sarkozy la veille, Thomas Legrand et Patrick Cohen plaisantaient sur l'ubuesque machin. Ah, la belle, la vigoureuse insolence, qu'ils manifestent ainsi !

Leur demander de traiter équitablement tous les candidats, petits et grands, quel scandale, quel manque de confiance dans leur professionnalisme sans tache ! Si seulement on les laissait faire ! Et il est vrai que cette règle, dans son application quotidienne par les rédactions, est non seulement contraignante, mais par bien des aspects absurde. Elle est absurde pour une raison simple: elle oblige à découper au scalpel discours et émissions, à dissocier phrases générales et électorales dans un même paragraphe, à amalgamer au temps de parole d'un camp des attaques contre ce même camp, pour peu qu'elles soient prononcées par un locuteur du camp en question, etc. En outre, il n'est pas sûr qu'elle serve à grand-chose.

Cette réglementation absurde, inefficace, inutile, est pourtant la moins mauvaise des solutions pour gérer l'audiovisuel mainstream, dont la puissance d'imposition de l'agenda, malgré Internet, reste considérable. Imaginons une seconde l'audiovisuel livré à lui-même, et au seul arbitrage des présupposés de Denisot-Barthès-Ruquier-Legrand. Vous ne verriez plus sur les écrans que Sarkozy et Hollande et, dans une moindre mesure, Bayrou, Le Pen avec, loin derrière, Mélenchon, sauvé par son statut de bon client. Exit Joly (incompréhensible et norvégienne), Dupont-Aignan (ringard, avec son retour au Franc), Poutou (mollasson, on préférait quand même le facteur), Arthaud (en boucle depuis Pompidou), et tous les autres. Cette exclusion invisible, le médiacrate collectif que forment Barthès, Ruquier et Legrand y procéderait en toute inconscience, en toute bonne conscience, tant les sondages lui tiennent lieu de boussole quotidienne, et l'adhésion au consensus majoritaire de doctrine permanente.

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