Est-ce par souci de remplir sa mission de service public que France Inter à consacré un tiers de son édition du 13 heures à la naissance du bébé présidentiel ? Alors que l'info n'avait fait l'objet que d'un court sujet ce matin à l'antenne, après les manifestations en Grèce et le décollage de la fusée Soyouz, la naissance ouvre le bal de l'actu à la mi-journée : 30 secondes lui sont consacrées dans l'annonce des titres, puis 9 minutes dans le corps du journal.

Ecoutez (si vous le voulez) :

9 minutes de radio, c'est une performance, car les informations dont dispose la presse se réduisent à pas grand-chose, comme le dit la présentatrice Claire Servajean d'entrée de jeu : "Pour le moment, on ne sait pas grand chose de cet enfant, si ce n'est que c'est une petite file et qu'elle pourrait bien porter un nom de fleur." Pour combler ce vide, la rédaction d'Inter a donc "dû" faire preuve d'imagination, comme le prouve le patchwork de mini-sujets qui ont été diffusés.

De 2'49 à 3'58, on pouvait entendre Sarkozy, en visite en Mayenne, se faire offrir une pousse de chêne pour sa fille et déclarer, au sujet de sa femme et de sa fille : "Elles vont très bien". La journaliste enchaîne alors sur l'absence de Nicolas Sarkozy lors de l'accouchement, retenu qu'il était à Francfort.

A 4'25, on sent que France Inter flanche niveau information factuelle. Pas grave : c'est l'occasion de traiter de l'évènement, au regard de sa (non) médiatisation. Car sous couvert de ne pas vouloir communiquer sur cette naissance, Carla Bruni n'a cessé de le faire. Et France Inter ressort l'étrange interview de Carla Bruni par Christine Ockrent, fin septembre, en anglais sur la BBC, où la femme du président déclarait son admiration pour cet homme qui sait tout des fleurs : "I have to marry this guy. He's the president and he knows everything about flowers as well, this is incredible !" (Je dois épouser ce type. il est président et connaît tout des fleurs également, c'est incroyable). On ne voit pas forcément le rapport...Mais à la faveur de cet extrait, la journaliste, un peu gênée, rappelle que Sarkozy "a été jardinier deux ans, chez Truffaut".

5'42 : l'interview. C'est Colombe Pringle, la directrice de rédaction de Point de vue, déjà interrogée dans le journal de 8 heures, qui vient éclairer de son oeil people l'info du jour. Et les questions sont à la hauteur des réponses apportées. Pourquoi un tel "changement de communication" de la part de l'Elysée ? D'ailleurs, le couple présidentiel n'est-il pas "ambigu" à ce sujet ? "Que dire de l'attitude du père" qui n'était pas présent à l'accouchement ? "Est-ce dans l'air du temps ?". A 8'49, la journaliste, curieuse, pose enfin LA question : "N'auriez-vous pas des indiscrétions sur le prénom?" Colombe assure que non, ce qui ne l'empêche pas de se laisser à imaginer un nom qui "se décline en italien" et à affirmer que dans un prénom "tout fait signe"... L'interview se conclut sur la possibilité, ou non, pour Carla Bruni, de refuser la diffusion de photos de sa fille.

A 10'27, France Inter décide, enfin, de clore son sujet, sur un "clin d'oeil plus politique de Cohn-Bendit", qui souhaite ses meilleures voeux de congé paternel au président : "Moi je crois que c'est une bonne nouvelle pour François Hollande et pour tous les concurrents de Nicolas Sarkozy parce que l'envie d'un congé paternel va grandir chez lui, et le meilleur congé paternel qu'il puisse avoir, c'est de ne pas être réélu en mai prochain."

11'27. Fin du sujet. Priorité au reste de l'actu.

(par Noëmie Le Goff)