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Médicaments : les trous de mémoire des labos face à Médecins du monde
Le coût de production du médicament contre l’hépatite C ? Le président du syndicat des entreprises du médicament (Leem) ne le connaît pas. Interrogé ce matin sur France Culture suite à l’interdiction de la campagne de Médecins du Monde sur le prix trop élevé des médicaments, Patrick Errard assure ignorer que cet antiviral, dont le traitement coûte 41 000 euros en France, a un coût de production de… 100 euros. Pourtant, ce chiffre n’a rien d’un secret et circule dans les milieux scientifiques depuis 2014.
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Derniers commentaires
Moi j'aimerai connaitre le cout d'une campagne publicitaire de medecin du monde .
Est ce que les gens qui financent medecin du monde sont d'accord pour ce genre de campagne ?????
Est ce que les gens qui financent medecin du monde sont d'accord pour ce genre de campagne ?????
J'ai écris ça il y a un an : http://www.arretsurimages.net/forum/read.php?3,1439609,1439622#msg-1439622
Je vous le remets ici, comme ça :
Si vous saviez comment fonctionne le financement du développement des médocs de la recherche fondamentale à la vente en pharmacie... Vous deviendriez fou... En gros on finance 3 fois le médicament :
1. La découverte de la molécule active est faite par un labo public, financé par des fonds publics (très souvent ANR ou fonds européens), dans lequel sont très fortement favorisées les recherches ayant un potentiel "business"...
>> 100 % payé par le contribuable
2. Quand une molécule prometteuse est découverte : une start up est créée pour réaliser les tests cliniques et tenter la mise sur marché. La start-up peut facilement obtenir le statut JEI (exonération totale de cotisations sociales, d'impôt sur le revenu et réduction des taxes sur les plus values) auquel viennent s'ajouter des investissements publics (prise de capital risque par l'Etat lui-même, via les fonds de transfert, comme INSERM Transfert), des prises en charges des activités sous-traitée aux labos publics (70% du coût qui n'est déjà pas très élevé) et des fonds régionaux, nationaux, européens, voire internationaux sur soumission de dossier (très facilement accessible). Bref, au final l'investisseur privé place même pas 20% du capital risque initial.
>> 90% payé par le contribuable
3. Quand la molécule passe les tests et reçoit l'autorisation de mise sur le marché, l'Etat revend ses parts dans la start-up et ses droits sur les brevets aux investisseurs privés du départ... L'Etat gagne donc trois cacahuètes et ne profite de la mise en marché de la molécule
>> 10% de chance de mise en marché, dans 90% des cas la mise initiale est perdue, dans les 10% le profit pour l'Etat est ridicule au vu des investissements initiaux
4. Les investisseurs vendent le droit d'exploitation du brevet à un industriel qui va produire et commercialiser la molécule sous forme de médicament
>> 100% des profits à destination des actionnaires privés
5. Le médicament est pris en charge par la sécurité sociale. Le tarif de commercialisation du médicament est renégocié tous les ans entre les représentants pharmaceutiques et le ministère de la santé. Si le brevet est actif avec situation de monopole, le prix est imposé par les actionnaires pharmaceutiques. Les profits sont donc quasi intégralement couvert par la sécurité sociale (sauf exception de non remboursement ou remboursement partiel).
>> 100% des profits pour l'actionnaire privé, 100% du coût pour les travailleurs (cotisation sociale) ou les patients (si non remboursé)
Bref, jusque là, le contribuable a payé 3 fois son médicament : pour sa découverte, pour son test, pour sa production. Et l'investisseur n'a pris quasiment aucun risque, celui-ci étant assuré par le contribuable (pour qu'on puisse lui vendre très cher un médicament dont il a assuré la mise en production... on marche sur la tête).
Mais attendez ce n'est pas fini. Quand une nouvelle molécule active est découverte, il y a très souvent de nombreux champs d'application (maladies). Or souvent ces champs d'application concernent des maladies qui n'ont pas la même prévalence : certaines sont rares, d'autres fréquentes. Pour une maladie fréquente, l'industriel ne peut pas trop abuser, il doit pratiquer un prix raisonnable. C'est le volume consommé qui lui fera un beau chiffre d'affaire et de beaux dividendes. Quand la maladie est rare, là c'est la fête, le prix peut exploser (ex: 40 000 € / patient pour traiter l'hépatite C), il y a peu de volumes consommés mais ils sont compensés par un prix à l'unité délirant.
Donc, je vous le donne en mille. Si la molécule guérit une maladie fréquente et une maladie rare, l'industriel ne va surtout pas le dire ! Car sinon il devrait vendre la molécule au même prix pour les 2 maladies avec un gros manque à gagner sur la maladie rare. Donc ce que font tous les labos pharmaceutique c'est de rechercher des dérivés mineurs de la molécule initiale ayant les mêmes propriété mais pas la même composition. La molécule initiale va être mise sur le marché uniquement pour la maladie rare, la molécule dérivée pour la maladie fréquente. Et bingo, c'est le jackpot, l'actionnaire gagne 2 fois plus. Il va sans le dire que chercher un dérivé coûte très peu en comparaison des coûts de recherche d'une nouvelle molécule...
L'exemple se décline également pour faire perdurer les brevets. En fin de vie du brevet (20 ans quand même), on ajoute une nouvelle maladie potentiellement curable par la molécule pour prolonger le brevet encore 20 ans. Souvent cette capacité de guérison est connue depuis la découverte de la molécule mais gardée au chaud pour maintenir la situation de monopole le plus longtemps possible !
De mon point de vue, c'est la cerise sur le gâteau du scandale pharmaceutique. Car de fait, de nombreuses maladies pourraient être guéries par des molécules uniques avec un prix unique, relativement bas. Mais pour des raisons bassement pécuniaires, ces molécules sont réservées à un faible nombre de maladie pour ne pas casser le marché potentiel à venir.
Les industries sont donc en flagrant délits de non assistance à personnes en danger.
Et je ne vous parle pas des conflits d'intérêt légalisés dans lesquels trempent les patrons de labos publics, ni de l'abus de bien social manifeste sous couvert de partenariat public-privé (tout ça est légal bien entendu...).
Vu l'argent public consacré à cette industrie, il est donc incompréhensible que l'Etat n'ait pas a minima un droit de regard sur ces pratiques.
L'Etat est complice de ce système en acceptant de payer le risque et de libérer son capital avant la mise en marché.
Pourtant, entre le budget de l'Etat, des collectivités et de la sécu consacré au financement de l'industrie pharmaceutique, il y aurait de quoi créer de toute pièce des unités de production de médicaments et accès à un coût très réduit au médicament.
Même pas besoin d'exproprier, avec les centaines de milliards dilapidées tous les ans, on pourrait largement tout reconstruire de zéro...
De tous les systèmes industriels que je connais, je pense que c'est vraiment le plus honteux !
Je vous le remets ici, comme ça :
Si vous saviez comment fonctionne le financement du développement des médocs de la recherche fondamentale à la vente en pharmacie... Vous deviendriez fou... En gros on finance 3 fois le médicament :
1. La découverte de la molécule active est faite par un labo public, financé par des fonds publics (très souvent ANR ou fonds européens), dans lequel sont très fortement favorisées les recherches ayant un potentiel "business"...
>> 100 % payé par le contribuable
2. Quand une molécule prometteuse est découverte : une start up est créée pour réaliser les tests cliniques et tenter la mise sur marché. La start-up peut facilement obtenir le statut JEI (exonération totale de cotisations sociales, d'impôt sur le revenu et réduction des taxes sur les plus values) auquel viennent s'ajouter des investissements publics (prise de capital risque par l'Etat lui-même, via les fonds de transfert, comme INSERM Transfert), des prises en charges des activités sous-traitée aux labos publics (70% du coût qui n'est déjà pas très élevé) et des fonds régionaux, nationaux, européens, voire internationaux sur soumission de dossier (très facilement accessible). Bref, au final l'investisseur privé place même pas 20% du capital risque initial.
>> 90% payé par le contribuable
3. Quand la molécule passe les tests et reçoit l'autorisation de mise sur le marché, l'Etat revend ses parts dans la start-up et ses droits sur les brevets aux investisseurs privés du départ... L'Etat gagne donc trois cacahuètes et ne profite de la mise en marché de la molécule
>> 10% de chance de mise en marché, dans 90% des cas la mise initiale est perdue, dans les 10% le profit pour l'Etat est ridicule au vu des investissements initiaux
4. Les investisseurs vendent le droit d'exploitation du brevet à un industriel qui va produire et commercialiser la molécule sous forme de médicament
>> 100% des profits à destination des actionnaires privés
5. Le médicament est pris en charge par la sécurité sociale. Le tarif de commercialisation du médicament est renégocié tous les ans entre les représentants pharmaceutiques et le ministère de la santé. Si le brevet est actif avec situation de monopole, le prix est imposé par les actionnaires pharmaceutiques. Les profits sont donc quasi intégralement couvert par la sécurité sociale (sauf exception de non remboursement ou remboursement partiel).
>> 100% des profits pour l'actionnaire privé, 100% du coût pour les travailleurs (cotisation sociale) ou les patients (si non remboursé)
Bref, jusque là, le contribuable a payé 3 fois son médicament : pour sa découverte, pour son test, pour sa production. Et l'investisseur n'a pris quasiment aucun risque, celui-ci étant assuré par le contribuable (pour qu'on puisse lui vendre très cher un médicament dont il a assuré la mise en production... on marche sur la tête).
Mais attendez ce n'est pas fini. Quand une nouvelle molécule active est découverte, il y a très souvent de nombreux champs d'application (maladies). Or souvent ces champs d'application concernent des maladies qui n'ont pas la même prévalence : certaines sont rares, d'autres fréquentes. Pour une maladie fréquente, l'industriel ne peut pas trop abuser, il doit pratiquer un prix raisonnable. C'est le volume consommé qui lui fera un beau chiffre d'affaire et de beaux dividendes. Quand la maladie est rare, là c'est la fête, le prix peut exploser (ex: 40 000 € / patient pour traiter l'hépatite C), il y a peu de volumes consommés mais ils sont compensés par un prix à l'unité délirant.
Donc, je vous le donne en mille. Si la molécule guérit une maladie fréquente et une maladie rare, l'industriel ne va surtout pas le dire ! Car sinon il devrait vendre la molécule au même prix pour les 2 maladies avec un gros manque à gagner sur la maladie rare. Donc ce que font tous les labos pharmaceutique c'est de rechercher des dérivés mineurs de la molécule initiale ayant les mêmes propriété mais pas la même composition. La molécule initiale va être mise sur le marché uniquement pour la maladie rare, la molécule dérivée pour la maladie fréquente. Et bingo, c'est le jackpot, l'actionnaire gagne 2 fois plus. Il va sans le dire que chercher un dérivé coûte très peu en comparaison des coûts de recherche d'une nouvelle molécule...
L'exemple se décline également pour faire perdurer les brevets. En fin de vie du brevet (20 ans quand même), on ajoute une nouvelle maladie potentiellement curable par la molécule pour prolonger le brevet encore 20 ans. Souvent cette capacité de guérison est connue depuis la découverte de la molécule mais gardée au chaud pour maintenir la situation de monopole le plus longtemps possible !
De mon point de vue, c'est la cerise sur le gâteau du scandale pharmaceutique. Car de fait, de nombreuses maladies pourraient être guéries par des molécules uniques avec un prix unique, relativement bas. Mais pour des raisons bassement pécuniaires, ces molécules sont réservées à un faible nombre de maladie pour ne pas casser le marché potentiel à venir.
Les industries sont donc en flagrant délits de non assistance à personnes en danger.
Et je ne vous parle pas des conflits d'intérêt légalisés dans lesquels trempent les patrons de labos publics, ni de l'abus de bien social manifeste sous couvert de partenariat public-privé (tout ça est légal bien entendu...).
Vu l'argent public consacré à cette industrie, il est donc incompréhensible que l'Etat n'ait pas a minima un droit de regard sur ces pratiques.
L'Etat est complice de ce système en acceptant de payer le risque et de libérer son capital avant la mise en marché.
Pourtant, entre le budget de l'Etat, des collectivités et de la sécu consacré au financement de l'industrie pharmaceutique, il y aurait de quoi créer de toute pièce des unités de production de médicaments et accès à un coût très réduit au médicament.
Même pas besoin d'exproprier, avec les centaines de milliards dilapidées tous les ans, on pourrait largement tout reconstruire de zéro...
De tous les systèmes industriels que je connais, je pense que c'est vraiment le plus honteux !
La santé est devenu un "marché". Or ce "marché" est un mythe.
Où est la concurrence quand le brevet donne une position de monopole à son propriétaire ?
Et comment trouver un prix d'équilibre quand, du côté de la demande, la vie est en question (absence d'alternative) ?
C'est la raison pour laquelle ce secteur devrait être nationalisé ou, au minimum, fortement contrôlé par l’État.
La nationalisation aurait un autre avantage : elle rendrait inutile les dépenses de marketing (qui sont supérieurs aux dépenses de recherche !).
Encore faut-il que l’État soit fort et que ses acteurs soient en mesure de résister aux sirènes de l'argent...
A défaut, le "marché" du médicament devient une vaste opération d'extorsion de fonds en bande organisée.
Où est la concurrence quand le brevet donne une position de monopole à son propriétaire ?
Et comment trouver un prix d'équilibre quand, du côté de la demande, la vie est en question (absence d'alternative) ?
C'est la raison pour laquelle ce secteur devrait être nationalisé ou, au minimum, fortement contrôlé par l’État.
La nationalisation aurait un autre avantage : elle rendrait inutile les dépenses de marketing (qui sont supérieurs aux dépenses de recherche !).
Encore faut-il que l’État soit fort et que ses acteurs soient en mesure de résister aux sirènes de l'argent...
A défaut, le "marché" du médicament devient une vaste opération d'extorsion de fonds en bande organisée.
En attendant, vous faites le travail de France Culture et Guillaume Erner qui a fait le choix idiot de n'inviter que le lobby pharmaceutique.
Le capitalisme exige des marges d'au moins 40%, et maintenant les journalistes s'aperçoivent que peut être même eux ne pourront plus se soigner sans la sécurité sociale, qui pourrait disparaitre. Le cout des médoc, est la principale source de déficit, plus l'orgie de prévention pour rentabiliser les appareils des hôpitaux. Super le capitalisme déregulé ?
Espérons que nos manif pour retirer la loi travail ET SON MONDE, ira jusqu'a dégager se monde absurde , ou nous payons pour que seul les labos (qui tuent es cobayes) et les actionnaires soient bénéficiaire.
Espérons que nos manif pour retirer la loi travail ET SON MONDE, ira jusqu'a dégager se monde absurde , ou nous payons pour que seul les labos (qui tuent es cobayes) et les actionnaires soient bénéficiaire.
Et si on achetait nos médicaments en Égypte ? Même avec les frais de port, on y gagne !:-D
Ce que je ne comprends pas, c'est que le prix des médicaments n'est pas libre ou me trompais-je?
L'assurance maladie ne négocie plus directement mais il y a des organismes qui le font. J'ai essayé de retrouver quelle loi, quelle époque, mais je ne comprends rien aux textes de loi. Je me souviens vaguement qu'à la fin des années 90 il y avait eu des changements qui faisaient s'interroger sur qui va financer la recherche alors si on assèche les revenus des labos? (même la recherche fondamentale universitaire en médecine n'était pas énormément financée...) si on verrouille l'industrie pharmaceutique?
Bon si on veut que les labos ne produisent pas et ne découvrent pas que des médicaments à long terme dont on ne peut plus se passer, mais aussi des traitements courts pour des nombres de nouveaux cas par an faibles (c'est le cas pour ce traitement de l'hépatite C on dirait) il faut comprendre qu'on lui accorde des prix de vente qui sont gros par rapport aux coût de production. L'assurance maladie doit s'y retrouver d'une manière ou d'une autre dans la prise en charge des malades. Et dans les pays où il n'y a pas de prise en charge des malades le labo fait don des coûts de recherche car sinon il sait que les autorités de ces pays ont les moyens de contraindre les populations à se passer du traitement.
C'est notre monde!
L'affiche de médecins du monde n'est-elle pas l'œuvre d'un ignare propageant une idée populiste et complaisante déniant la complexité et n'agissant pas sur le bon levier? Peut-être que oui, peut-être que non, mais il faut être plus calé sur les régulations de ce milieu que moi pour le dire, et assez bon orateur pour le dire en étant convaincant.
L'assurance maladie ne négocie plus directement mais il y a des organismes qui le font. J'ai essayé de retrouver quelle loi, quelle époque, mais je ne comprends rien aux textes de loi. Je me souviens vaguement qu'à la fin des années 90 il y avait eu des changements qui faisaient s'interroger sur qui va financer la recherche alors si on assèche les revenus des labos? (même la recherche fondamentale universitaire en médecine n'était pas énormément financée...) si on verrouille l'industrie pharmaceutique?
Bon si on veut que les labos ne produisent pas et ne découvrent pas que des médicaments à long terme dont on ne peut plus se passer, mais aussi des traitements courts pour des nombres de nouveaux cas par an faibles (c'est le cas pour ce traitement de l'hépatite C on dirait) il faut comprendre qu'on lui accorde des prix de vente qui sont gros par rapport aux coût de production. L'assurance maladie doit s'y retrouver d'une manière ou d'une autre dans la prise en charge des malades. Et dans les pays où il n'y a pas de prise en charge des malades le labo fait don des coûts de recherche car sinon il sait que les autorités de ces pays ont les moyens de contraindre les populations à se passer du traitement.
C'est notre monde!
L'affiche de médecins du monde n'est-elle pas l'œuvre d'un ignare propageant une idée populiste et complaisante déniant la complexité et n'agissant pas sur le bon levier? Peut-être que oui, peut-être que non, mais il faut être plus calé sur les régulations de ce milieu que moi pour le dire, et assez bon orateur pour le dire en étant convaincant.
@ poisson,
Selon l'OMS, la prévalence de l'hépatite C est de 130 à 150 millions de personnes dans le monde. 2,7 à 3,9 millions d'infectés chroniques aux USA selon le CDC. En comparaison aux USA toujours, le CDC estime à 1,2 millions le nombre de porteurs du VIH. Bref, l'hépatite C n'est pas une maladie rare, y compris dans les pays riches qui peuvent payer l'amortissement du développement de nouveaux traitements.
Par ailleurs, le cout de développement de nouvelles molécules est très important, en grande partie à cause du nombre élevé de tests d'efficacité et de sécurité qui sont réglementairement nécessaires, pour protéger les malades. Mais il y a surtout un phénomène d'inflation aux différentes étapes qui atteint des proportions ridicules. Le développement et le screening des molécules au stade de la recherche la plus fondamentale ne coûte pas des fortunes (Budget INSERM 2016 : 900 millions d'euros. L'INSERM a déposé plus de 200 nouveaux brevets en 2014 - certes pas tous des nouvelles molécules mais quand même le coût moyen reste modeste). Une fois le brevet déposé, des biotechs permettent de les pousser en développement, phase 1, phase 2 etc... Et à ce stade, pour les molécules vraiment prometteuses, les biotechs sont ensuite achetées par les grosses boites pharma, pour des sommes exorbitantes qui ne sont pas en rapport avec le coût de production et développement, mais avec la perspective commerciale qu'il y a derrière. Je ne vois pas ce qui justifie le rachat d'une biotech à quasiment 10 milliards, car il n'y en a certainement pas eu pour 10 milliards de développement au préalable. Et ces 10 milliards ne sont pas réinvestis par la biotech pour développer de nouvelles molécules.
Je me demande parfois si le système ne pourrait pas marcher avec une recherche et développement publique, à l'échelle européenne ou etasunienne. Le brevet est gardé par le développeur académique, pourrait être développé par une société pharmaceutique de droit public qui développe la molécule, demande l'AMM et met au point la forme galénique. Celle-ci, protégée par le brevet pendant une 10aine d'année environ, peut ensuite être confiée à des fabricants et distributeurs de droit privée qui n'ont plus qu'à appliquer la recette, et le prix serait fixé uniquement par le coût de fabrication + la marge. La perte de revenu (royalties provenant des brevets initiaux, et coût de développement et de tests des molécules avec les échecs associés) serait compensée par la diminution des tarifs des médicaments (remboursés par la communauté) et par une marge reversée par le fabriquant-distributeur.
M'enfin, comme un système de ce genre ne verra pas le jour...
Selon l'OMS, la prévalence de l'hépatite C est de 130 à 150 millions de personnes dans le monde. 2,7 à 3,9 millions d'infectés chroniques aux USA selon le CDC. En comparaison aux USA toujours, le CDC estime à 1,2 millions le nombre de porteurs du VIH. Bref, l'hépatite C n'est pas une maladie rare, y compris dans les pays riches qui peuvent payer l'amortissement du développement de nouveaux traitements.
Par ailleurs, le cout de développement de nouvelles molécules est très important, en grande partie à cause du nombre élevé de tests d'efficacité et de sécurité qui sont réglementairement nécessaires, pour protéger les malades. Mais il y a surtout un phénomène d'inflation aux différentes étapes qui atteint des proportions ridicules. Le développement et le screening des molécules au stade de la recherche la plus fondamentale ne coûte pas des fortunes (Budget INSERM 2016 : 900 millions d'euros. L'INSERM a déposé plus de 200 nouveaux brevets en 2014 - certes pas tous des nouvelles molécules mais quand même le coût moyen reste modeste). Une fois le brevet déposé, des biotechs permettent de les pousser en développement, phase 1, phase 2 etc... Et à ce stade, pour les molécules vraiment prometteuses, les biotechs sont ensuite achetées par les grosses boites pharma, pour des sommes exorbitantes qui ne sont pas en rapport avec le coût de production et développement, mais avec la perspective commerciale qu'il y a derrière. Je ne vois pas ce qui justifie le rachat d'une biotech à quasiment 10 milliards, car il n'y en a certainement pas eu pour 10 milliards de développement au préalable. Et ces 10 milliards ne sont pas réinvestis par la biotech pour développer de nouvelles molécules.
Je me demande parfois si le système ne pourrait pas marcher avec une recherche et développement publique, à l'échelle européenne ou etasunienne. Le brevet est gardé par le développeur académique, pourrait être développé par une société pharmaceutique de droit public qui développe la molécule, demande l'AMM et met au point la forme galénique. Celle-ci, protégée par le brevet pendant une 10aine d'année environ, peut ensuite être confiée à des fabricants et distributeurs de droit privée qui n'ont plus qu'à appliquer la recette, et le prix serait fixé uniquement par le coût de fabrication + la marge. La perte de revenu (royalties provenant des brevets initiaux, et coût de développement et de tests des molécules avec les échecs associés) serait compensée par la diminution des tarifs des médicaments (remboursés par la communauté) et par une marge reversée par le fabriquant-distributeur.
M'enfin, comme un système de ce genre ne verra pas le jour...
Merci de votre réponse. Mais quand même qui paye alors les tas de molécules qu'on a étudié en vain, qui ont coûté et ne rapporteront rien?
Et on sait bien que les traitements anticancéreux ont fait des progrès, en arriver à accuser les labos de produire des médicaments bidons comme si ils ne faisaient que ça, cela montre que l'excès de cette campagne fait son effet de sape plus que son effet de baisse des prix. En plus elle est culpabilisante pour les gens soignés pour une leucémie, même si ce sont les laboratoires qu'on vise.
Les génériques ont foutus le boxon. Dans la tête des malades qui ont un nom sur l'ordonnance, un autre sur la boite, déjà, ce qui par principe de sécurité n'aurait jamais dû exister. Mais surtout chez les labos qui cherchent à récupérer de l'autre côté ce qu'on leur enlève d'un. Privilégier les imitateurs donne forcément envie de déposer des brevets, et à toutes les structures, dont l'inserm.
La recherche publique, y'en a eu dans l'temps. Maintenant tout est assez imbriqué. C'est la guerre mais faudrait pas que tout s'écroule pour que "la branche maladie" réduise son budget parce que les cotisations ne rentrent pas. Les malades de l'hépatite C sont-ils soignés oui ou non? Pareil dans tous les pays oui ou non?C'est sur ça que peut communiquer médecin du monde, selon moi, pas sur les labos, puisque c'est global, pas propre à la pharmacie de bichonner les actionnaires et que ce n'est leur affaire qu'en seconde intention, pour parler comme un diagnostiqueur de maladie..
Et on sait bien que les traitements anticancéreux ont fait des progrès, en arriver à accuser les labos de produire des médicaments bidons comme si ils ne faisaient que ça, cela montre que l'excès de cette campagne fait son effet de sape plus que son effet de baisse des prix. En plus elle est culpabilisante pour les gens soignés pour une leucémie, même si ce sont les laboratoires qu'on vise.
Les génériques ont foutus le boxon. Dans la tête des malades qui ont un nom sur l'ordonnance, un autre sur la boite, déjà, ce qui par principe de sécurité n'aurait jamais dû exister. Mais surtout chez les labos qui cherchent à récupérer de l'autre côté ce qu'on leur enlève d'un. Privilégier les imitateurs donne forcément envie de déposer des brevets, et à toutes les structures, dont l'inserm.
La recherche publique, y'en a eu dans l'temps. Maintenant tout est assez imbriqué. C'est la guerre mais faudrait pas que tout s'écroule pour que "la branche maladie" réduise son budget parce que les cotisations ne rentrent pas. Les malades de l'hépatite C sont-ils soignés oui ou non? Pareil dans tous les pays oui ou non?C'est sur ça que peut communiquer médecin du monde, selon moi, pas sur les labos, puisque c'est global, pas propre à la pharmacie de bichonner les actionnaires et que ce n'est leur affaire qu'en seconde intention, pour parler comme un diagnostiqueur de maladie..
" puisque c'est global, pas propre à la pharmacie de bichonner les actionnaires "
Je suis en total désaccord avec votre position, car en écrivant ce que j'ai repris au-dessus vous admettez explicitement que la pharmacie n'est, somme toute, qu'un produit commercial ou industriel comme un autre, qu'un labo n'est qu'une entreprise comme une autre.
Je considère pour ma part qu'il est parfaitement légitime de vouloir imposer des règles spécifiques à certains secteurs, comme celui de la santé, qui à mes yeux ne peut pas être comparé à celui de la mode ( par exemple).
Oui, les labos font de la recherche et elle est indispensable.
Non, ils ne la financent pas seuls ( elle est TOUJOURS aidée, soit directement soit en crédit d'impôt, soit par le fait que les chercheurs ont généralement fait quelques études avant d'être chercheurs et que ces études sont souvent en partie financées par de l'argent public).
Oui, ils font des découvertes.
Non, le savoir n'est pas une propriété comme une autre : on a bien été capable de créer des structures qui reconnaissent certains monuments ou sites naturels comme patrimoine de l'humanité : et le savoir alors, c'est pas un patrimoine de l'humanité ?
L'environnement, la santé, l'éducation, la justice, l'accès à l'eau ... tout ça ne peut pas, ne doit pas être soumis au bichonnage des actionnaires.
( à propos des génériques)
Je vous rejoins tout à fait sur le fait qu'il est dangereux d'avoir un nom sur l'ordonnance et un autre sur la boite, c'est la raison pour laquelle à mes yeux il ne faudrait aucun nom nulle part, sinon celui des molécules. Ah, c'est sûr, pour le marketing c'est moins facile ... mais comme ( à mes yeux toujours) il ne faudrait pas de marketing non plus, cette contrainte devrait être facilement dépassée.
Et puis, un pharmacien a tout à fait le droit d'éditer un document très clair, dans lequel c'est le même nom que sur la boite qui est mentionné, en reprécisant la posologie... et en écrivant explicitement quel autre nom de l'ordonnance du médecin cela remplace. j'ai eu pendant des années une pharmacienne politiquement très à gauche, c'est ce qu'elle faisait toujours et ainsi le danger disparaissait.
Je suis en total désaccord avec votre position, car en écrivant ce que j'ai repris au-dessus vous admettez explicitement que la pharmacie n'est, somme toute, qu'un produit commercial ou industriel comme un autre, qu'un labo n'est qu'une entreprise comme une autre.
Je considère pour ma part qu'il est parfaitement légitime de vouloir imposer des règles spécifiques à certains secteurs, comme celui de la santé, qui à mes yeux ne peut pas être comparé à celui de la mode ( par exemple).
Oui, les labos font de la recherche et elle est indispensable.
Non, ils ne la financent pas seuls ( elle est TOUJOURS aidée, soit directement soit en crédit d'impôt, soit par le fait que les chercheurs ont généralement fait quelques études avant d'être chercheurs et que ces études sont souvent en partie financées par de l'argent public).
Oui, ils font des découvertes.
Non, le savoir n'est pas une propriété comme une autre : on a bien été capable de créer des structures qui reconnaissent certains monuments ou sites naturels comme patrimoine de l'humanité : et le savoir alors, c'est pas un patrimoine de l'humanité ?
L'environnement, la santé, l'éducation, la justice, l'accès à l'eau ... tout ça ne peut pas, ne doit pas être soumis au bichonnage des actionnaires.
( à propos des génériques)
Je vous rejoins tout à fait sur le fait qu'il est dangereux d'avoir un nom sur l'ordonnance et un autre sur la boite, c'est la raison pour laquelle à mes yeux il ne faudrait aucun nom nulle part, sinon celui des molécules. Ah, c'est sûr, pour le marketing c'est moins facile ... mais comme ( à mes yeux toujours) il ne faudrait pas de marketing non plus, cette contrainte devrait être facilement dépassée.
Et puis, un pharmacien a tout à fait le droit d'éditer un document très clair, dans lequel c'est le même nom que sur la boite qui est mentionné, en reprécisant la posologie... et en écrivant explicitement quel autre nom de l'ordonnance du médecin cela remplace. j'ai eu pendant des années une pharmacienne politiquement très à gauche, c'est ce qu'elle faisait toujours et ainsi le danger disparaissait.
La recherche des labos est surtout destinée à entretenir leur portefeuille de médicaments protégés par un brevet.
Quand un médicament tombe dans le domaine public il est remplacé par un autre équivalent. Le rôle des services marketing étant de le présenter comme plus efficace, ce qui est rarement le cas.
Ainsi en 2012, la Haute autorité de santé a évalué 239 nouveaux médicaments :
- aucun d'eux n'apportait une amélioration majeure (par rapport aux molécules existantes).
- 2.5 % d'entre eux apportait une amélioration importante.
- 13.5 % une amélioration mineure ou modérée.
- 84 % aucune amélioration !
Quand un médicament tombe dans le domaine public il est remplacé par un autre équivalent. Le rôle des services marketing étant de le présenter comme plus efficace, ce qui est rarement le cas.
Ainsi en 2012, la Haute autorité de santé a évalué 239 nouveaux médicaments :
- aucun d'eux n'apportait une amélioration majeure (par rapport aux molécules existantes).
- 2.5 % d'entre eux apportait une amélioration importante.
- 13.5 % une amélioration mineure ou modérée.
- 84 % aucune amélioration !
Sans compter la cancérologie (commentaires également intéressants de médecins au bas du billet) où une bonne partie des médicaments sont prescrits avant d'aller au bout de l'évaluation de leur efficacité (qui se révèle souvent faible).
Outch.
Je connais un bien meilleur médicament : ça s'appelle l'humanité.
C'est pas proposé par les labos.
Je connais un bien meilleur médicament : ça s'appelle l'humanité.
C'est pas proposé par les labos.
L'affiche de médecins du monde n'est-elle pas l'œuvre d'un ignare propageant une idée populiste et complaisante déniant la complexité et n'agissant pas sur le bon levier? Peut-être que oui, peut-être que non, mais il faut être plus calé sur les régulations de ce milieu que moi pour le dire, et assez bon orateur pour le dire en étant convaincant.
C'est une campagne de pub, bien entendu que ça ne reflète pas la complexité du problème. Mais elle a le mérite de mettre les doigts en gros là où ça coince, et de susciter le débat.
Si l'industrie pharmaceutique met souvent en avant ses investissements en recherche, elle ne crie pas sur les toits qu'elle dépense plus du double en marketing…
Concernant l'hépatite C, le médicament a été développé par Pharmasset pour approximativement 65 millions de dollars. Ensuite Gilead a racheté Pharmasset pour 11 milliards de dollars et considère ce rachat comme de l'investissement de recherche pour le médicament pour justifier ses prix. De plus le rachat a été presque rentabilisé en une seule année de commercialisation du produit, alors que le coût de recherche était surévalué d'un facteur situé entre 150 et 200.
C'est une campagne de pub, bien entendu que ça ne reflète pas la complexité du problème. Mais elle a le mérite de mettre les doigts en gros là où ça coince, et de susciter le débat.
Si l'industrie pharmaceutique met souvent en avant ses investissements en recherche, elle ne crie pas sur les toits qu'elle dépense plus du double en marketing…
Concernant l'hépatite C, le médicament a été développé par Pharmasset pour approximativement 65 millions de dollars. Ensuite Gilead a racheté Pharmasset pour 11 milliards de dollars et considère ce rachat comme de l'investissement de recherche pour le médicament pour justifier ses prix. De plus le rachat a été presque rentabilisé en une seule année de commercialisation du produit, alors que le coût de recherche était surévalué d'un facteur situé entre 150 et 200.
Cette information aurait mérité d'être en une plutôt que la photo de l'autre barbu que vous contribuez à valoriser.
Pour pour calculer le prix "normal" (rentable) il faudrait estimer le nombre de patients qui peuvent bénéficier du traitement et diviser 9,7 milliards d’euros par ce nombre. Je sais pas si c'est hyper courant l'hépatite C.
A ce niveau, ce n'est pas de l'amnésie, c'est Alzheimer...
Je me demande s'il c'est quelqu'un à qui on peut faire confiance;
Ah ! Mince ! J'oubliais, le but d'une société est de faire de l'argent !!!
Je me demande s'il c'est quelqu'un à qui on peut faire confiance;
Ah ! Mince ! J'oubliais, le but d'une société est de faire de l'argent !!!
Médecins debout !
Le jour où les médecins passeront de la collaboration à la résistance, là ça risque de chier !
Parcequ'ils en savent long sur cette mafia.
Bientôt un PharmaLeaks ?
Ca paraît improbable, mais ça pourrait très bien venir.
Le jour où les médecins passeront de la collaboration à la résistance, là ça risque de chier !
Parcequ'ils en savent long sur cette mafia.
Bientôt un PharmaLeaks ?
Ca paraît improbable, mais ça pourrait très bien venir.
Du complotisme, comment imaginer que des entrepreneurs créateurs d'emploi puissent se livrer à de telles manipulations d'une telle ampleur...