C'est pour toutes ces raisons, Israël...
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Nous reconnaissons la Nakba comme un nettoyage ethnique (...) Nous reconnaissons le déplacement en masse de Gaza parce que nous avons appris le déplacement en masse avec la création des ghettos, (...) le langage de suprématie blanche par l'étude de l(...)
A vous lire je me sens " cri de Munch ".
Troublant, touchant et parlant tellement vrai,
ce texte de Daniel Schneidermann est tout à son honneur !
Au delà des discours qui sonnent creux.
Ecrit à coeur fendu.
Ayant un parcours peu commun, ayant lu, comme des cours
de rattrapages, les mêmes textes (...)
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Une autre, timide, ouverture vers un peu d'espoir.
Reporterre, un article de Gaspard d'Allens, sur le thème "Écologie et résistance"
Dans son billet du 1er novembre sur l’autojustification coloniale, DS invitait à regarder un documentaire d’Arte sur les colons juifs.
On pouvait y voir, dans l’oliveraie d’une Palestinienne, une jeune fille israélienne absolument persuadée que cette oliveraie devait lui revenir.
En parallèle, on peut entendre, assez régulièrement, le député des Français de l’étranger Mayer Habib, expliquer qu’il n’y a pas de colons israéliens en Judée, puisque le royaume de Judée est mentionné dans la Bible.
- 1.Diaspora
Les références historiques documentées montrent qu’entre la diaspora du 1er siècle après J-C et les premières implantations sionistes, à la fin du 19e siècle, il y a une assez longue absence, en Palestine, de Juifs considérés comme un groupe faisant peuple.
Que devient la terre ? Comment la gérer pendant cette éclipse de 18 siècles ?
La nature a horreur du vide. La nature juridique apprécie, assez peu, l’incertitude et le désordre. C’est pourquoi, de longue date, des outils ont été mis en place pour sécuriser la possession légitime.
C’est le mécanisme de prescription acquisitive.
On le retrouve dans le droit romain, le droit franc, le droit canon.
Ce n’est pas une prime au squatteur, loin de là.
Les conditions de la prescription acquisitive sont nombreuses, précises et rigoureuses : possession continue et non interrompue, paisible, publique, non équivoque à titre de propriétaire.
La durée est généralement de 30 ans.
Le Palestinien qui depuis quatre générations, a planté, taillé, récolté ses oliviers, serait bien accueilli, en France, par un tribunal.
La jeune fille israélienne lui conteste tout droit, au motif d’un titre imprescriptible : la Bible. Que vaut ce titre ?
- 2. Sources documentaires
Qui a écrit la Bible ? Au delà des légendes (Dieu dictant à Moïse), le consensus scientifique évoque des textes divers, rassemblés autour de l’exil à Babylone, vers 590 avant JC.
Que contient la Bible hébraïque ? Je la fais courte, pour les rangs du fond.
Trois parties
- - La Torah, c'est-à-dire la Loi, ou Pentateuque, ce qui signifie les 5 Livres (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome)
- - Les Prophètes (Nevi’im)
- - Les Autres Ecrits ou Hagiographes. (Ketouvim)
L’ensemble est nommé sous l’acronyme Tanakh
A l’origine, la Bible est écrite en hébreu et en araméen.
Vers 270 avant JC, à Alexandrie d’Egypte, à la demande de Ptolémée, 72 érudits (6 pour chacune des 12 tribus d’Israël) traduisent la Bible en grec.
A la sortie, miracle ! Babel inverse : les 72 traductions sont identiques.
D’où le nom de Bible des Septante
Au 2e siècle après JC, la Bible est traduite en latin. C’est la Vulgate.
A présent, quand on ne maitrise pas l’hébreu, est –il possible de communiquer avec un Israélien qui évoque la Torah
Oui, sans doute, grâce à l’abbé Crampon. Cet érudit fut chanoine d’Amiens.
Maitrisant hébreu, grec et latin, il réalisa, en 1904, une traduction littérale de la Bible, à partir des textes originaux. Ce qui procure l’assurance raisonnable d’être au plus près de la Bible hébraïque, correspondant à l’Ancien Testament.
- 3. Canaan
Yahveh dit à Abraham… : « Lève les yeux et, du lieu où tu es, regarde au nord et au sud, à l‘est et à l’ouest : tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours ». Genèse 13,14.
Cela, c’est ce qu’a bien retenu la jeune Israélienne dans l’oliveraie.
Et qui pourrait résister ? « Votre beau discours, mon cœur n’est pas las de l’entendre. .. »
Mais pourquoi une lecture à éclipses de la Bible ?
Quelques pages plus loin, une scène instructive : mort et sépulture de Sara.
Sara, la femme d’Abraham, décède (à 127 ans) à Hébron, au pays de Canaan.
Abraham s’adresse aux fils de Het : », Je suis un étranger et un hôte parmi vous ; donnez-moi chez vous un sépulcre en propriété, afin que je puisse ôter de devant moi mon mort et l’enterrer ».
Après échanges de politesses et compliments réciproques, s’ensuit une sorte d’acte notarié, avec précisions cadastrales, et devant témoins.
Contre quatre cents sicles d’argent, « ainsi le champ d’Ephron, qui est à Makpéla, en face de Mambré, le champ et la caverne qui s’y trouve, ainsi que tous les arbres qui sont dans le champ et dans ses confins tout autour, devinrent la propriété d’Abraham, aux yeux des fils de Het, de tous ceux qui entraient par la porte de la ville. » Genèse 23, 17
A ce moment précis, l’auteur de cette Bible, le chanoine Crampon, insère une note de bas de page : « Dieu a promis à Abraham de lui donner le pays de Canaan. Cette promesse trouve ici sa première réalisation. »
De quoi qui se mêle le curé, dans une affaire qui concerne des juifs et des arabes ? Sans doute pour appeler l’attention sur l’ambigüité du mot « donner » qui peut signifier « faire un cadeau » (gratuit) ou « procurer « (à titre onéreux).
Les chrétiens prient : « Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien » mais ils se munissent, quand même, d’un porte-monnaie en allant à la boulangerie…
Quoi qu’il en soit, une étude attentive du texte sacré montre que la Terre promise n’est pas une Terre offerte. Et qu’il faudra en payer le prix, quel qu’il soit, pour en devenir maître.
- 4. Exil à Babylone
Nous sommes à Babylone, vers 580 avant JC.
Un jour, peut-être, le peuple juif sera ce fameux « peuple d’élite, sur de lui-même et dominateur ».
Mais pour le moment, la réalité est autre. Le temple de Jérusalem a été détruit. Et les Juifs, réduits en esclavage, ont été déportés à Babylone : le club de la lose.
Pour ne pas désespérer, il y a la fabrication de la Bible, comme une sorte de roman national.
Valorisation du groupe et différenciation des autres collectivités.
Amalgame d’épisodes historiques plus ou moins héroïques et légendaires.
Insistance sur les valeurs essentielles, notamment religieuses.
Il faut consoler du moment présent. Comme une berceuse aux petits enfants, pour les protéger des griffes de la nuit.
Il faut redonner espoir, comme Annie Cordy chantant « Ca ira mieux demain ». Mais il y a d’autres possibilités.
- 5. Les prophètes.
Une analyse quantitative sommaire, à partir de la Bible de Crampon, conduit à 180 pages pour le Pentateuque (correspondant à la Loi ou Torah) et 369 pages pour les 19 Prophètes (correspondant à Nevi’im).
Ce serait donc la partie essentielle.
Le prophète est comme une sorte de coach en développement personnel.
Lorsque les circonstances l’exigent, il s’adresse au plus grand nombre, en relatant visions et oracles.
Par delà des consolations passives relevant de la fatalité ou de la résignation, il invente un modèle de consolation dynamique : le rêve éveillé.
C’est le même procédé qu’utilise l’enfant ou l’adolescent harcelé à l’école ou au collège. Devant une adversité réelle, supérieure en force ou en nombre, il développe les ressources de son imagination.
Il se projette, en esprit, dans l’exercice et la maitrise de sports de combats, grâce auxquels il pourra casser la gueule de ses tourmenteurs.
Sur le moment, rien ne change, il est toujours harcelé.
Mais dans son esprit, c’est différent. La sidération et la terreur que lui inspiraient ses bourreaux s’atténuent. A présent, il les voit comme les futures victimes de sa juste colère. Et le quotidien est moins pesant.
Cependant, il convent de ne pas céder à une euphorie immédiate et de demeurer prudent. Comme ces émissions qui avertissent : « Ces cascades sont réalisées par des professionnels : n’essayez pas de les reproduire chez vous ».
C’est pourquoi le prophète a prévu d’insérer, dans ses oracles, un message subliminal d’alerte sur le réel. Comme un clin d’œil à son audience, pour dire : « Nan, j’déconne ! ».
Par exemple, Isaïe annonce la défaite d’Assour, envahisseur arrêté devant Jérusalem. : « Les fourrés de la forêt sont hachés par le fer, et le Liban est abattu par un Puissant ». Livre d’Isaïe 10, 34
Mais aussitôt, des considérations sur le roi futur juste et pacifique : « Le loup habitera avec l’agneau, la panthère gîtera avec le chevreau ». Livre d’Isaïe 11, 6
Il y a merveilleux et merveilleux. Que le petit David, avec une simple fronde puisse abattre le géant Goliath, cela n’est pas balistiquement impossible.
(Samuel, 1, 48.).
Mais pour ce qui est de l’agneau et du chevreau ? Dans une société pastorale, dont les troupeaux sont la seule richesse, on ne plaisante pas avec les animaux.
Donc les contemporains comprennent le message : tout ça, c’est des craques.
Mais ensuite … ?
Passent les années et les siècles. Et, un jour, le dirigeant d’Israël annonce qu’il va réaliser la prophétie d’Isaïe.
Aucune raison de mettre en doute sa bonne foi. Mais c’est sûr qu’on ne voit pas beaucoup de loups ou de panthères dans les parcs et jardins de Jérusalem. Du coup, le message subliminal d’Isaïe lui aura échappé.
P.S. N’étant pas spécialiste de la Bible, je subodore que ce texte peut être entaché d’imprécisions, d’anachronismes ou d’approximations.
Aussi, recevrai-je, les yeux baissés et la tête couverte de cendres, toute objection documentée.
Mais, pour ce qui est des prophètes, j’attends, avec intérêt et curiosité, un argumentaire rationnel et convaincant, démontrant que les prophéties doivent être lues au premier degré, et non pas comme des consolations dynamiques.
A faire le choix entre DS et Meyer-Habib, mon coeur (et ce que j'ai de cerveau) ne balancent pas longtemps...
Beau texte, mais une petite précision :
DS dit : "en l'espèce le Hamas, dans sa haine d'Israël, dans son usage cynique de boucliers humains, n'a pas grand chose à voir avec les communautés juives européennes victimes de l'extermination nazie".
Ce n'est pas le Hamas qui se fait exterminer, mais les Palestiniens, et ceux ci ont pas mal de ressemblances, même si évidemment rien n'est identique.
Par ailleurs, une rapide recherche sur Google News donne zéro résultat pertinent pour "photo hamas mort" et "photo de terroriste hamas mort".
Par contre, ce matin j'ai vu un charnier Palestinien au Zapping ; ça m'a rappelé ceux de la 2nde guerre mondiale, sauf que là les corps étaient dans des sacs plastiques bleus au lieu d'être à nus. Vive le progrès, j'imagine..?
quand nous évoquons l'odyssée du Saint-Louis, je me dis que la palestinien ne peuvent même pas prendre un bateau: personne n'en veut.
il aurait suffit de respecter le droit et restituer leur bien aux déplacés pour qu'ils pussent rentrer chez eux
le documentaire d'Arte: "un écrivain dans l'enfer nazi, les bienveillantes, Jonathan Littell", m'a laissé imaginer à sa vision, l'état d'esprit des militaires israéliens
maintenant qu'ils se sont assis à la table de négociation, que des otages sont de retour, la moindre action militaire à Gaza ne peut plus qu'être considérée que comme un génocide, répréhensible, qui au niveau du droit, relève de la Cours Pénale Internationale, que la justice reprenne ses droits
Juste un mot rapide pour rappeler que pour un certain nombre de personnes, en France et en Europe, le fait d'être "dépositaire d'une mémoire familiale" liée à la déportation n'est pas forcément lié à la judéité.
Pourquoi mettre en avant le tiktok d'une random femme étasunienne, qui ne semble ni spécialiste du conflit en cours ni spécialiste de quoi que ce soit le concernant? pourquoi un peu ne pas braquer les projecteurs sur ce que peuvent dire les palestiniens sur les réseaux sociaux? et sur ce que peut dire le Hamas aussi. avoir un écho d'une quelconque voix palestinienne.
mais ça demande sans doute plus de travail que de scroller sur l'appli tiktok.
L'animateur Arthur a confié à Sonia Devillers, dans la matinale de France Inter, qu'il vivait depuis le 7 octobre sous protection policière renforcée. Ce qui signifie qu'il était déjà protégé, mais que depuis cette date, les injures et les menaces dont il est victime se sont multipliées.
Cette jeune fille qui proteste, si efficacement, contre la manière dont on taxe la "jeunesse" d'inculture pour lui dénier le droit de penser librement, est magnifique de clarté. Merci, Daniel, de nous la faire découvrir.
Plus généralement, les signes d'une jeunesse de plus en plus lucide s'accumulent. Notre génération (enfin, une partie de notre génération) a fait ce qu'elle pouvait. À eux, maintenant de prendre la relève. Et à nous de les soutenir, en faisant taire les vieux cons de notre âge. Car le temps ne fait rien à l'affaire.
ca me parait un peu tire par les cheveux comme analyse.
je propose un autre analyse qui me semble aller plus dans le sens du bon vieux rasoir d'occam
https://www.arabnews.com/node/2400626
Several factors are driving both the partisan and generational divides. Historically, most Americans consumed media from a relatively small number of sources, which served as gatekeepers to information on the Israeli-Palestinian conflict. More recently, news media outlets have become far more diffuse and Americans today — especially younger Americans — have access to a much more diverse set of voices. The lowering of barriers to entry in media, combined with social media and smartphones with cameras, has made it much more possible for Palestinians to share their voices and experiences.
Some factors are particularly relevant for young Democrats. Their growing emphasis on social justice has highlighted the power disparity between Israel and the Palestinians, increasing some Americans’ understanding of the challenges that Palestinians face. The shift in Israeli politics toward the far right and Prime Minister Benjamin Netanyahu’s specific alignment with the Republican Party also led many Democrats to question their country’s unconditional alliance with Israel. The decline in religious identity among young Americans, especially in the Democratic Party, has reduced the sense of devotion to the idea of the “Holy Land.”
For younger generations in general, there is a willingness to question the assumptions of traditional US foreign policy. Also, younger Americans are further removed in time from the horrors of the Holocaust and from when Israel appeared to be a fledgling state at risk of annihilation. They see Israel today as an established state with a highly capable military that has both the power to defend itself and the responsibility that comes with such power. Importantly, many young Jewish Americans are more willing to question and criticize Israeli policies than in the past and the partisan and generational gap applies to the Jewish American community as well as others.
google translate :
Plusieurs facteurs sont à l’origine des divisions partisanes et générationnelles. Historiquement, la plupart des Américains consommaient des médias provenant d’un nombre relativement restreint de sources, qui servaient de gardiens de l’information sur le conflit israélo-palestinien. Plus récemment, les médias d’information sont devenus beaucoup plus diffus et les Américains d’aujourd’hui – en particulier les plus jeunes – ont accès à un ensemble de voix beaucoup plus diversifiées. L’abaissement des barrières à l’entrée dans les médias, combiné aux médias sociaux et aux smartphones équipés d’appareils photo, a permis aux Palestiniens de partager bien plus facilement leurs voix et leurs expériences.
Certains facteurs sont particulièrement pertinents pour les jeunes démocrates. L’importance croissante accordée à la justice sociale a mis en évidence la disparité de pouvoir entre Israël et les Palestiniens, ce qui a permis à certains Américains de mieux comprendre les défis auxquels les Palestiniens sont confrontés. L’évolution de la politique israélienne vers l’extrême droite et l’alignement spécifique du Premier ministre Benjamin Netanyahu sur le Parti républicain ont également conduit de nombreux démocrates à remettre en question l’alliance inconditionnelle de leur pays avec Israël. Le déclin de l’identité religieuse parmi les jeunes Américains, en particulier au sein du Parti démocrate, a réduit le sentiment de dévotion à l’idée de « Terre Sainte ».
Les jeunes générations en général sont disposées à remettre en question les hypothèses de la politique étrangère américaine traditionnelle. En outre, les jeunes Américains sont encore plus éloignés dans le temps des horreurs de l’Holocauste et de l’époque où Israël apparaissait comme un État naissant risquant d’être anéanti. Ils voient aujourd’hui Israël comme un État établi doté d’une armée hautement compétente qui a à la fois le pouvoir de se défendre et la responsabilité qui découle d’un tel pouvoir. Il est important de noter que de nombreux jeunes juifs américains sont plus disposés à remettre en question et à critiquer la politique israélienne que par le passé, et le fossé partisan et générationnel s’applique à la communauté juive américaine ainsi qu’à d’autres.
On sait pourquoi on vous suit depuis toutes ces années . Reste plus qu'à combler nos lacunes et ne pas y laisser déverser n'importe quoi . Vous ou arthur ou hanouna ....Ca fini par couter cher la vente de cerveaux disponible à coca cola .C'est comme la clop ou l'alcool...
Pareil
Juste
Merci Daniel Schneidermann
Je n'ajouterais ni un mot, ni une virgule, ni je n'en retirerais un seul ou une seule
sauf que je n'ai pas écrit de livre et que ce vécu il me fut distillé par tous ceux qui m'entourèrent, famille, amis, vivants et morts, et tous les livres qui chargeaient doublement nos étagères familiales
et j' avais senti tout cela en lisant "la Fabrique des salauds "de Chriss KRAUSS livre magistral sur les accointances juifs /nazis après la guerre pour se protéger comme juifs
Respect Daniel. Je devrais en rester là. Je poursuis pourtant. Ce qui me vient aussi à la lecture de ce billet, c'est la détresse immense et l'insupportable obligation dans laquelle nous sommes mis, et l'État d'Israël y a sa part depuis longtemps soutenu en cela par l'Occident (il n'est pas utile d'y revenir ici), d'avoir à choisir : être pour l'un ou anti l'autre.
Pourquoi cette question de la Justice et de la Paix reste-t-elle comme une béance ouverte, à vif, toujours saignante et sanglante? Chacun peut trouver ses raisons, et nous en connaissons évidemment en abondance.
Certaines nous amènent, eh oui à choisir nous-même à l'aide des boussoles du droit, de la justice. La sagesse qui consisterait à arbitrer sur le terrain c'est-à-dire sur place en même temps qu'au nom et sur le terrain du droit international apparait si évidente qu'on ne peut qu'appeler crime le fait de n'en rien faire.
Quand les populations s'égarent même démocratiquement en choisissant des brutes pour les représenter et que des entités s'égarent criminellement à les représenter, à agir en leur nom, comment les disqualifier quand elles nuisent à ce point à la dignité de chacun et de tous ?
Longtemps, enfant, je souffrais en pensant que si l’on faisait le compte de toutes les joies et toutes les peines accumulées depuis les débuts de l’humanité, leur somme ne s’égaliserait jamais. Même si le compte fut favorable aux joies, il y aurait toujours et encore eu trop de peines, de crimes, de cruautés, de souffrances et de douleurs. J'avais dix ans à peine quand en déplacement scolaire j'ai découvert dans l'exposition en mairie des images des camps d'extermination. Elles me hantent encore.
Voilà où nous sommes aujourd’hui : ne plus même avoir de balance pour peser l’amoncellement des crimes. Ce « nous » indéfinissable qui est censé dire notre appartenance commune à une même humanité. Words, words, words...
Dans la balance des arguments les crimes ne s'équilibrent que par les crimes premiers de l'autre de manière circulaire et infinie. Dans la situation présente depuis octobre, d'Israël en réponse à ceux du Hamas et vice-versa avant.
Qui devrait faire cesser "ce crépuscule qu'on appelle la guerre" (Victor Hugo) l'alimente, souffle sur les flammes et nous brûlons tous consumés de n'y rien pouvoir faire, de ne pouvoir peser, de ne pouvoir qu'être les spectateurs atterrés de la permanence des crimes venus d'un siècle passé qui remporte encore des victoires posthumes.
P.S à mon commentaire.
Comment parvenir à incruster une évidence ? Toutes les analogies historiques, non seulement sont fausses, mais sont aussi une faute morale, on parle de ce qu’on ne connaît pas ou si mal qu’on ferait mieux de se taire. La « Nakba » doit être analysée en tant que « Nakba » dans sa singularité, c’est la seule manière d’honorer la mémoire d’un fait historique qui a fait payer aux Palestiniens les crimes de l’Occident chrétien.
J'ai lu cette mise au point, larme au coin d'un œil. Confiance limitée dans l'être humain — très limitée — mais confiance quand même grâce à des Scheidermann...
"C'est pour toutes ces raisons, Israël, que ma peine, aujourd'hui, avec ceux que tu as élus et qui parlent en ton nom, ne peut plus aller vers toi."
Magnifique. Merci. Ça fait du bien dans ce monde wui semble sans coeur.
(suite 2: agaçant ce billet qui part intempestivement et qu'on ne peut pas corriger!)...
Que ceux qui admirent la capacité de résistance surprenante des Ukrainiens face au rouleau compresseur russe admirent auss la capacité de résistance de ces palestiniens qui subissent les pires exactions (expulsions, confiscations, bombardement, dénis de toutes sortes) et leur accordent l’État auquel ils ont un droit légitime.
J'étais en train de corriger quand le billet est parti:
A condition que les limites de 1967 autorisent une continuité territoriale à chacun des États et pas un morcellement des territoires palestiniens cernés par les colonies et les bases militaires israéliennes (accords d'Oslo, compromis que les Israéliens ont vu comme une chose facile à violer, et les Palestiniens comme mieux que rien, ce rien qui était le statu quo ante); au final, ce morcellement et les statuts juridiques des différents territoires auront permis l'installation agressive de nouvelles colonies.
(suite) ...puissance coloniale); les massacres dans nos colonies (et vous en savez quelque chose, vu votre dernier ouvrage!) ne nous grandissent pas (je parle en tant que ressortissant d'un nation non choisie mais dont -même si je ne me reconnais que comme citoyen du monde - j'assume l'appartenance avec toutes les hontes des exactions commises, y compris l'humiliation et l'arrestation des Juifs en 40-44; y compris sous Louis IX (est-ce pour cela qu'il a été canonisé? probablement!) où les juifs sont obligés de porter un signe distinctifs: pas une étoile mais un cercle jaune, couleur associée alors au diable! Y compris l'humiliation et la stigmatisation systémique permanente des immigrés et des personnes issues de l'immigration. Que dire aussi des USA d'où parle cette jeune femme: ce pays a nié, maquillé comme une grande aventure épique via le cinéma et les westerns, le génocide des amérindiens, en violant les accords de plus de 400 traités passés avec les nations indiennes! La seule autre référence autorisée (sauf en France) est celle de l'apartheid sud africain pour parler du sort des Palestiniens.
Il s'agit, en Palestine, d'un guerre coloniale et ces colons là abusent du drame vécu par leurs aïeules pour s'emparer d'un territoire; les morts d’Auschwitz ne peuvent pas parler et ont bon dos pour justifier le colonialisme meurtrier de quelques dizaines de milliers de personnes cupides et/ou fanatiques, et faire taire l'Occident et sa mauvaise conscience, Occident qui reste de nos jours antisémite comme il le fut en 1945: acculer les Juifs hors de l'Europe génocidaire sur un territoire revendiqué à partir d'un livre religieux, fût antisémite, malgré des apparences contraires; se débarrasser des Juifs à tout prix - plus de 1000 victimes juives lors de pogrom en Pologne dans les 2 années 1945 à 1947, et qu'a-t-on fait? Rien, sinon favoriser l' errance des rescapés à travers l'Europe dans des camps qui portaient le nom de camps de réfugiés mais dont les conditions étaient telles que le départ pour la "Terre promise" devenait l'unique chance de vivre mieux. Chaque pays européen a sa responsabilité dans ce génocide et, sans l'antisémitisme permanent et récurrent, c'est sur le sol européen qu'une terre aurait pu être donnée à ces gens, européens eux aussi; pas en Palestine! Ceci a ouvert une voix royale aux fanatiques religieux, qui après avoir saboté l'idéal socialisant des premiers colons (socialisme relatif car il a toujours été accompagné de l'exclusion des populations locales) veulent réaliser leur rêves du Grand Israël, du Nil à l'Euphrate!. Voir à ce sujet l'excellent documentaire produit par arte en 2016 appelé "Les colons" et encore visible sur Dailymotion et Youtube; glaçant et inquiétant!
Redonner aux Palestiniens leur terre et leur permettre de créer un Etat, au moins dans les limites de 1967 si celles-ci gar, est la seule solution pour mettre fin à cet expansionnisme impérialiste et fanatique. Effectivement ça se fera dans la douleur mais cette douleur, à sens unique pour l'essentiel, est là depuis plus de 70 ans: veut-on qu'elle dure encore autant?
Que ceux qui admirent la capacité de résistance surprenante des Ukrainiens face au rouleau compresseur russe admirent autant la capacité de résistance de ces palestiniens qui subissent les pires et leur accordent l'Etat auquel ils ont un droit légitime.
Troublant, touchant et parlant tellement vrai,
ce texte de Daniel Schneidermann est tout à son honneur !
Au delà des discours qui sonnent creux.
Ecrit à coeur fendu.
Ayant un parcours peu commun, ayant lu, comme des cours
de rattrapages, les mêmes textes que lui...pour d'autres raisons.
Je suis pieds-noirs, né à Oran en 46, ayant vécu cette période
trouble de la guerre d'Algérie...j'ai du y repenser, par tous les moyens.
Et encore aujourd'hui, ce texte de Daniel me parle de l'injustice.
Du malheur qui s'abat sur les peuples dans l'incompréhension de tous
ceux qui ne veulent pas voir, qui sont dans le déni, qui ne pensent
qu'à leur petit confort, à protéger leur pauvre certitude.
Merci Daniel... Puissent les lions vous épargner... !
Merci pour ce billet tout personnel mais ramenant votre histoire personnelle à ce qu'à été une partie de l'histoire tragique du XXème siècle; si l'oppression et le génocide des Juifs reste la référence absolue de la répression meurtrière des peuples durant le XXème siècle n'est-ce pas aussi parce que nous avons tu ou caché celles auxquelles nous nous sommes livrés (en tant que puissance coloniale p
Merci Daniel, pour ce véritable, sincère, "concerné" cri du coeur. Je hurle avec vous.
Bonjour Daniel,
Heureusement qu't'es là.
Les raisons évoquées sont celles du coeur. Mais la simple raison du machin gris qui se trouve sous nos cheveux (copyright Mélenchon) est déjà amplement suffisante pour disqualifier l'attitude de nos gouvernants. Il va falloir qu'ils se trouvent quelques historiens inspirés pour couvrir ces heures peu glorieuses.
Nous ne sommes plus en sécurité dans notre pays !
les actes de délinquance se multiplient dans la plus totale impunité
M. MACRON, Mme BORNE et M. DARMANIN se sont rendus au chevet de la victime pour témoigner de leur solidarité
Ils demandent à chaque retraité de France de se désolidariser ce cet acte inqualifiable
Merci DS. À lire votre juste adresse lyrique, je crois avec cette jeune femme que l’éducation CRITIQUE reste la seule arme de long terme pour comprendre comment et pourquoi chaque David se mue en Goliath, lorsque tout le monde détourne le regard
Je suis surpris par votre chronique. Écoutant, du moins lisant les sous-titres, cette vidéo ce matin, je comprenais que la jeune femme faisait part d’une éducation scolaire amenant à desceller les situations sinon analogues, pouvant déboucher sur celle celles enseignées. Je suis resté sur l’enseignement en tant que tel et comment il peut être mobilisé dans la perception de ce qui se passe au présent quant à la contrainte qu’une population exerce sur une autre.
je peux bien sûr m’être trompé sur toute la ligne du propos livré dans cette vidéo, mais je l’ai perçu ainsi.
Nous reconnaissons la Nakba comme un nettoyage ethnique (...) Nous reconnaissons le déplacement en masse de Gaza parce que nous avons appris le déplacement en masse avec la création des ghettos, (...) le langage de suprématie blanche par l'étude de la propagande nazie"
Et peut-être aussi par ce que nous avons été nous-mêmes un peuple génocidaire.
Qui ne sont pas contentés de déplacer en masse les indiens présents avant notre arrivée, mais que nous les avons exterminés.
« C'est pour toutes ces raisons, Israël, que ma peine, aujourd'hui, avec ceux que tu as élus et qui parlent en ton nom, ne peut plus aller vers toi. »
Dommage que cette sensibilité, cette lucidité, cette empathie que vous témoignez, manquent tant au peuple israélien.
En vous lisant, Daniel, j'ai repensé à ce seul en scène magnifique où Amir est Artem.
https://www.france.tv/spectacles-et-culture/theatre-et-danse/5359200-selectionne.html
Diffusé le 05/11/23, en replay jusqu'ai 03/05/24
"Regardons en face cet insupportable et indécent parallèle "...
Pourquoi indécent
Le Hamas n'a évidemment rien à voir avec la communauté juive de l'époque mais le peuple palestinien à quelques similitudes
" Emotion : état de prostation causé par une emprise du coeur sur la tête. S'accompagne parfois d'une copieuse décharge de chlorure de sodium hydraté dans les yeux "
alors Daniel, il en est ou l'écriture de ce livre ????
vous pouvez pas rester dans cet état la à écrire des chroniques tous les deux jours, il faut accoucher de quelque chose maintenant...
A vous lire je me sens " cri de Munch ".