Un otage sans prix
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chronique

Un otage sans prix

A en croire France Inter,
l'Elysée a donc affrêté un Falcon 900 de Paris, spécialement pour permettre aux reporters d'immortaliser l'embrassade nocturne, entre Sarkozy et Pierre Camatte, "ex-otage d'Al Qaïda" au Mali, très récemment libéré. Ah la jolie photo, qui pourra bien, quelques instants, nous distraire des Régionales. Camatte et ses conditions de détention, ses couvertures dans le désert, ses geôliers fanatiques. Tiens, une question, que l'on pourrait poser au général Georgelin, chef d'Etat-major des armées, spécialiste du coût des recherches et libérations d'otages (avis à tous ceux qui le croiseront ces prochains jours) : combien a coûté cette libération ? Quel prix, un Falcon 900 affrêté de Paris, pour permettre aux reporters d'immortaliser l'embrassade nocturne ? Mais personne ne posera la question. Certains otages n'ont pas de prix.

Accessoirement, on apprend donc que quatre combattants islamistes ont été libérés par le Mali, sur forte pression française, pour obtenir la libération de Camatte. Faites le test : lisez les articles consacrés à l'embrassade nocturne. La contrepartie (les quatre libérations) n'apparaît qu'à la fin des récits, en quelques phrases neutres, factuelles. Manifestement, les rédacteurs de dépêches n'ont pas d'opinion sur le sujet. On y apprend aussi que Alger et Nouakchott, furieux de ces libérations, ont rappelé leurs ambassadeurs à Bamako. Sur cette contrepartie, sur cette très étrange entorse à la sacro-sainte lutte contre le terrorisme, il faut lire Le Monde d'il y a quelques jours, ou la presse algérienne, pour mesurer la fureur d'Alger.

Est-ce à dire que "ça marche", c'est-à-dire que la belle image d'embrassade, immortalisée à grands frais, étouffera net toutes les questions ? Bien sûr que non. Ça eût marché, dans l'URSS des années 60. Ça eût peut-être encore marché, au début du quinquennat, avec la presse tétanisée des premiers pas du sarkozysme. Avec une presse française aujourd'hui déchaînée contre le pouvoir (et les agressions répétées dudit pouvoir contre les reporters-otages de France 3 n'y sont sans doute pas pour rien), et une presse étrangère accessible en quelques clics, ça ne marche plus. Que le pouvoir ne le mesure pas, et tente quand même le coup, en dit long sur son aveuglement.

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