Ukraine : le spectre de Munich
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Ukraine : le spectre de Munich

Que veut Poutine ? À quel jeu joue-t-il ? se demande en chœur la presse française, à propos du bras de fer américano-russe en Ukraine. Enfin, une partie de la presse française. Ne comptez pas sur les chaînes de désinformation continue, ni sur Hanouna, pour suivre le feuilleton de cette épreuve de force internationale. Même les JT le suivent de loin, loin derrière le prix de l'essence. Faute d'images, et parce que personne ne situe la Crimée sur une carte, la possible troisième guerre mondiale est un sujet réservé à la presse écrite. Et aux réseaux sociaux, qui se font un plaisir de propager les proclamations poutiniennes de Zemmour.

Que veut Poutine ? Car Poutine "joue". Il "joue" seul. Ni Biden, ni Trump, ni Obama, ni Bush, ni Nixon, ni Kennedy, ne "jouent" ni ne jouèrent. Ni avant eux, face à Staline, de Gaulle ou Churchill (Roosevelt, à la limite). L'Ours russe joue seul, pour les médias occidentaux ; les innocents que nous sommes étant réduits à deviner les cartes biseautées qu'il cache sous sa grosse patte, ce que l'on appelle "la kremlinologie".

 Tente-t-on seulement de se placer dans la tête du président russe ? Impossible en temps de bruits de bottes, quand s'installe dans les têtes la propagande de guerre. Il y faut bien un siècle de distance. Un siècle, comme quasiment le temps qui nous sépare de Munich. Se placer dans la tête du méchant de l'histoire, c'est le propos de "l'étau de Munich", film que propose Netflix depuis quelques jours, à propos de Neville Chamberlain, premier ministre britannique signataire en 1938 des "accords de la honte", qui sacrifiaient la Tchécoslovaquie à Hitler. 

Méchant ? Disons plutôt lâche, face à Churchill qui déjà prônait la guerre. Or ce n'est pas par lâcheté, plaide le film, que Chamberlain (magistral Jeremy Irons) choisit cette voie de "l'appeasement". C'est par fidélité à ses camarades tombés dans la guerre précédente, et à son serment d'alors de faire tout ce qui serait en son pouvoir pour que la boucherie ne se reproduise pas. Héroïque Chamberlain, qui sacrifia en toute conscience son image pour la postérité, afin de faire apparaître aux yeux du monde la nature démoniaque de Hitler.

Près d'un siècle plus tard, dans toute crise internationale, le traumatisme de Munich plane encore sur les réactions pavloviennes occidentales. En surimpression de chaque méchant de l'Histoire apparaît la petite moustache de Hitler, et derrière chaque tentative d'apaisement le chapeau de Chamberlain.  "Révisionnisme", ont protesté quelques critiques anglo-saxonnes du film. Peut-être. Mais est-il interdit, à un siècle de distance, de plonger dans les motivations sincères des acteurs d'un épisode historiquement catastrophique ?


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