Grands principes : Duflot, impeccable (ou presque)
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Grands principes : Duflot, impeccable (ou presque)

Duflot sur France Inter, à 8 heures 20, sur cette question, hautement hystérisée toute la journée d'hier, de la déchéance de nationalité :

impeccable, comme toujours sur les grands principes. Et pédagogique : "Si j'ai un enfant avec un Monsieur français, il n'aura pas les mêmes droits que si j'ai un enfant avec un Monsieur britannique, ou tunisien". Et de cartonner les éditorialistes qui ont salué, dans le revirement de dernière minute de Hollande sur la question, l'habileté tactique, la prise à contrepied de la droite, le coup de maître joué pour le second tour de 2017. Ce n'est pas une question de tactique, c'est une question de principe. On ne fait pas de tactique avec la République. Impeccable.

Impeccable, oui, jusqu'à la question de 8 heures 27 sur Christiane Taubira. Taubira qui, quelques heures encore avant le revirement de Hollande, assurait que la mesure, inefficace, ne figurerait pas dans le projet de loi constitutionnelle (au point que les matinautes les plus avisés s'interrogeaient gravement sur le coup de com' de Hollande). Et qui, la couleuvre avalée, assurait imperturbable que la question de sa démission n'était pas à l'ordre du jour. "Peut-elle défendre ce projet au parlement ?" lui demande avec insistance Marc Fauvelle. Esquives à répétition de l'invitée. Je ne donne pas de leçons, je suis malheureuse que Hollande et Valls lui aient imposé de piétiner ses engagements, Christiane Taubira est une amie, et ce sera aux parlementaires de prendre leurs responsabilités en votant contre.

Autrement dit, la ministre qui pourrait défendre au Parlement une mesure républicanicide, pourrait, par ailleurs, conserver l'amitié de Cécile Duflot. Ou comment ruiner, en refusant de le tenir jusqu'au bout, un discours par ailleurs impeccable sur les principes. Si l'on parle clair, si l'on a choisi de tenir le discours de la conviction plutôt que celui de la responsabilité, on parle clair jusqu'au bout. Si Duflot, à l'inverse de tous ses ex-collègues du gouvernement, fait vraiment corps avec ses convictions, au nom de quelle amitié peut-elle épargner une ministre qui "piétine ses engagements" ? L'infâmie, si infâmie il y a, ne consiste pas à récupérer dans la panoplie sécuritaire une mesure estampillée extrême-droite. Elle consiste à le faire en affichant, en dévoyant, en amenant à se perdre, des figures totémiques de la gauche, explicitement chargées d'entretenir l'ambiguité. Taubira n'embarrasse nullement Hollande et Valls : s'ils n'avaient pas de Taubira sous la main, ils devraient d'urgence en inventer une. Attaquer Hollande et Valls en éludant la question de la responsabilité de Taubira n'a, simplement, aucun sens.

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