Sapin : le plouf de l'argument argentin
Brève

Sapin : le plouf de l'argument argentin

Et si on avait mal jugé le FMI ?

Et si son inflexibilité, déplorée de plus en plus fort jusque dans les couloirs de l'UE, ne relevait pas d'un désir sadique de faire rendre gorge à la Grèce, mais simplement de pressions de certains de ses membres ? Au micro de France Inter, hier matin, le ministre français des finances Michel Sapin : « Le FMI ne répond pas devant des pays d’Europe, il répond de sa responsabilité devant l’ensemble des pays du monde. Et dans ces pays du monde, savez-vous ceux qui étaient les plus exigeants ? L’Argentine, le Brésil. Des pays qui avaient, par le passé, bénéficié de l’aide du FMI et qui posaient une question à la directrice générale : “Pourquoi êtes-vous plus flexible avec un pays européen que vous ne l’avez été avec nous ?” »

A priori, pourquoi pas ? Ce serait possible. Méfions-nous de nous-mêmes. Méfions-nous, dans une guerre de propagande comme celle-ci, de notre propension à diaboliser les positions qui ne sont pas les nôtres. Cherchons toujours à comprendre la logique de l'autre, ses ressorts, ses contraintes. Et s'il était vrai que Christine Lagarde soit sous pression insoutenable de l'Argentine et du Brésil, il ne serait pas étonnant qu'on n'en soit pas informés. Une crise de haute intensité comme la crise grecque depuis quelques semaines fait craquer les cadres de l'information. L'épuisement est partout, comme le racontent dans notre enquête les journalistes qui la couvrent en première ligne. Chez les journalistes, chez les politiques et leurs sherpas, jusque chez les traducteurs, sans doute. Par manque de moyens, par manque de temps, par manque de sommeil, se réduisent les champs de vision intellectuel, géographique, temporel. On réduit "l'Europe" au duo France-Allemagne, en oubliant "les petits pays", comme l'Estonie. Donc, oui, il serait possible qu'une éventuelle jalousie argentine passe sous les radars d'une presse mondiale surchauffée. Qu'un pays ayant déjà fait défaut, et en ayant payé le prix (notre dossier complet est ici) veuille en faire payer un autre, ce serait possible.

Mais voilà. Deux jours avant que Sapin dégaine l'argument argentin en défense de Lagarde, le chef de cabinet de la présidente Kirchner, Anibal Fernandez, avait été parfaitement clair. La crise grecque « a été provoquée par les ajustements du FMI », avait-il dénoncé, voyant « l'ombre des fonds vautours,  spécialement Elliott, acheter des bons grecs » et redoutant qu'en cas de défaut, la Grèce soit "pillée". D'accord, cette position n'a donné lieu, en France, qu'à une brève dans Les Echos, mais après tout, on peut attendre que le ministre français des finances lise Les Echos. Contactée par Le Monde diplomatique, l'ambassadrice argentine en France a d'ailleurs confirmé la position de son pays. Quant au cabinet de Michel Sapin, il n'a pas donné suite aux demandes du Monde diplomatique. Le manque de temps, vous dit-on.

 


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