Taubira : le piège minute
Brève

Taubira : le piège minute

Enfin une abjection, une vraie, une incontestable, sur laquelle tout le monde tombe d'accord

, de Giesbert à Barbier, en passant par Ciotti, Pécresse, Valls et Le Pen. "Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane" : comme elle est confortablement ignominieuse, cette couverture de Minute. Ô douillette saloperie ! Comme on est tous heureux de se retrouver dans le confortable refuge de la réprobation, autour d'un café et d'un vin chaud, pour se réconforter des rigueurs des temps, et souffler un peu entre gens de bien, communiant sur l'essentiel.

Haro sur Minute ! Interdisons Minute, qui déshonore nos petites ignominies raisonnables (comme Bernanos disait en 44 que Hitler avait "déshonoré l'antisémitisme") ! Et on pourra continuer à titrer tranquillement sur l'Islam sans gêne, l'Islam qui fait peur, les femmes voilées qui aspirent notre aide sociale, ou à disserter sur les Roms qui n'ont pas vocation à s"intégrer. Et Ayrault, après une journée de réflexion tout de même, de décider à 22 heures de "saisir le parquet" (pourquoi ? Pour demander l'interdiction de l'hebdomadaire ? Ce n'est pas précisé). Et Patrick Cohen de rediffuser le matin sur France Inter l'immortel sketch de Desproges, sur Minute, le journal qui permet d'avoir "à la fois la nausée, et les mains sales". Seule à rester silencieuse dans le concert, Christiane Taubira elle-même, dont l'entourage faisait simplement remarquer que toute réaction n'aurait d'autre effet que de faire grimper les ventes du torchon.

Ayrault pouvait-il ne rien faire ? On connait le piège par coeur. Cette fois, ce n'était pas une candidate FN sur son Facebook, ou une gamine dans une manif anti Mariage pour tous. C'était un journal. Un vrai, avec directeur de la publication responsable devant les Tribunaux, et numéro de commission paritaire. Et puis, bien avant la décision de Ayrault, dès le milieu de l'après-midi, la couverture de Minute était twittée et re-twittée par le grand concert anonyme des Réprouveurs. Elle devenait incontournable, centrale, rivalisant à elle seule avec les bonnets rouges, les bonnets verts, les portiques, les radars, les rythmes scolaires, les Hollande démission, les centres équestres, les plombiers chauffagistes, Malek Boutih, et le remaniement. De ce piège, Ayrault était à la fois le bénéficiaire, et la victime. Plus bénéficiaire que victime ? Plus victime que bénéficiaire ? A chacun de décider.

PS : pas d'image aujourd'hui, je sais. On ne va pas en plus vous la mettre, la couverture, non ?

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