GB : Murdoch enregistré secrètement
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GB : Murdoch enregistré secrètement

Un site d'information publie un enregistrement des propos de Rupert Murdoch reconnaissant qu'il connaissait depuis longtemps les mauvaises pratiques des journalistes de son groupe (espionnage, corruption de policiers) pour alimenter ses tabloïds. Devant une commission parlementaire, il avait déclaré tout en ignorer.

Le site (payant) ExaroNews publie l'enregistrement (effectué par l'un des participants) d'une réunion de 45 minutes, en mars dernier, entre Rupert Murdoch, les responsables de son groupe de presse britannique, et des journalistes du Sun inculpés pour avoir payé des policiers.

Dans le cadre de la grande enquête lancée par la police sur ces versements illégaux, baptisée Operation Elveden, 69 personnes ont été arrêtées dont plus d'une vingtaine sont des journalistes du Sun, le quotidien de Murdoch.

Murdoch semble reconnaître, contrairement à ce qu'il a dit jusqu'à présent en public, qu'il connaissait les méthodes illégales employées "depuis toujours" pour alimenter ses tabloïds.

Murdoch dit ainsi à un journaliste : "Nous parlons de paiements aux policiers qui existent depuis une centaine d'années, absolument ce n'est pas vous qui les avez inventés."

Plusieurs parlementaires britanniques demandent que la police interroge Murdoch, et l'un d'entre eux, Chris Bryant, estime qu'avec cet enregistrement, Murdoch (qui possède Fox News, le Wall Street Journal etc.. à New York) pourrait être poursuivi aux USA pour corruption dans un pays étranger, souligne le Guardian.

Lors de cette intervention enregistrée, dont ExaroNews publie une transcription, et un fichier audio de 13 minutes, Murdoch raconte que ses journaux ont été attaqués par l'establishment de la vieille droite conservatrice et de la gauche. Il ajoute que les policiers sont "incontrôlables" et "incompétents".

Exemple lors de l'arrestation de la patronne de ses journaux britanniques, sa protégée Rebekah Brooks : "Les policiers qui sont venus l'arrêter un lundi matin, étaient 15 ou 16, certains venus de Manchester, une équipe de la police criminelle ou quelque chose comme cela." Il souligne que les policiers ont fouillé pendant deux jours le bureau de Brooks, mais n'auraient rien trouvé d'intéressant.

The Scotsman vendredi 5 juillet 2013 picto

"Les USA devraient poursuivre Murdoch pour corruption, insiste un parlementaire" titre aujourd'hui le Guardian.

Lorsque le rédacteur en chef adjoint du tabloïd The Sun dit "Cela serait bien de riposter" face à la vendetta de la police, Murdoch répond : "Nous le ferons, nous le ferons". A un autre moment, un cadre journaliste lui demande ce qui se passera si certains d'entre eux sont reconnus coupables, quel sera leur avenir ? "Je ne suis pas autorisé à vous garantir votre emploi, je dois faire attention à tout ce qui se passe, mais je vous promets un soutien permanent, faites-moi confiance."

On l'interroge alors sur ce qu'il se passerait s'il n'était plus là pour les soutenir ? Murdoch garantit que son fils ou ses autres lieutenants appliqueront cette promesse.

picto The Guardian vendredi 5 juillet 2013

Par ailleurs, Murdoch considère rétrospectivement que la fermeture de son journal News of the World était une "erreur", une mauvaise décision prise "dans la panique" parce que la police risquait "d'envahir cet immeuble et d'emporter tous les ordinateurs pour inspecter leur contenu".

News of the World était accusé d'avoir espionné et manipulé le répondeur d'une adolescente disparue ce qui avait fait croire à la police et à ses parents qu'elle était vivante, alors qu'elle était déja morte, assassinée.

Enfin, toujours dans cette bande son, Murdoch regrette aussi d'avoir décidé de créer un comité d'éthique interne pour prouver sa bonne foi, le Management and Standards Committee (MSC) dirigé par des avocats du groupe Murdoch. Ce comité a finalement donné des noms de journalistes aux autorités, entraînant ainsi leur arrestation par la police. Une journaliste du Sun lui lit alors la lettre de la femme effondrée d'un de ces journalistes arrêtés (qui s'étaient alors sentis lâchés par leur direction) expliquant que leur vie est dévastée. Murdoch répond que "c'est très émouvant" et qu'il "va trancher la gorge de certains de ces avocats".

News Corp, le groupe de Murdoch a répondu à la publication de la transcription de l'enregistrement par Exaro News, que le magnat "n'avait jamais été au courant de paiements faits par de journalistes du Sun à la police, avant que son groupe ne le révèle aux autorités (...) Il est totalement faux de prétendre le contraire."

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