Nuit Debout : "le feu n'a pas pris" (Lordon/Bondy Blog)
Brève

Nuit Debout : "le feu n'a pas pris" (Lordon/Bondy Blog)

Nuit Debout, un coup d’épée dans l’eau ? Pas vraiment. Si Frédéric Lordon reconnaît que "le feu n’a pas (ou pas encore) pris", l’économiste interrogé par Le Bondy blog – et bien connu de nos abonnés – estime que le mouvement insurrectionnel, certes de très petite échelle, a certainement infusé. Mais comment ? Dans ce long entretien publié aujourd’hui, Lordon revient également sur le traitement médiatique du mouvement.

Cinq mois après le début de Nuit Debout, l’économiste Frédéric Lordon revient sur le mouvement dans un long entretien accordé au Bondy blog publié ce jeudi 8 septembre. Un mouvement né dans le sillage du film Merci patron – objet d’une émission ici-même en compagnie de son réalisateur François Ruffin… et de Lordon – et qui s’est formé suite à une manifestation contre la Loi travail avec ce mot d’ordre: On ne rentre pas chez nous ! Si le plus gros des manifestants a fini par rentrer chez eux – contrairement à ce qu’écrivent Les Inrocks, Nuit Debout n’a pas totalement plié bagages – l’économiste très engagé dans le mouvement reconnaît que "le feu n’a pas (ou pas encore) pris". Pour autant, ajoute-t-il, "il s’est peut être passé quelque chose dans les têtes dont nous ne pouvons pas encore mesurer tous les effets".

En attendant que s’établisse "une anthologie de ce qui a pu s’écrire", Lordon retrace la couverture médiatique du mouvement, d’abord bien accueilli, et notamment par des journalistes "représentants typiques de cette jeunesse qu’ils venaient interroger", à savoir "une jeunesse urbaine éduquée et précaire". Puis, poursuit l’économiste, "la réception médiatique s’est renversée du tout au tout. Ça a été une explosion généralisée d’éditoriaux hallucinés – car cette fois-ci, il n’était plus question de laisser cette histoire aux soutiers de l’information, ça devenait une affaire d’éditorialistes. […] La chose qui a fait disjoncter le système, c’est que nous remettions à l’agenda du débat public ce que tous ces gens se sont efforcés d’en chasser depuis des décennies : la question du capitalisme."

Quand bien même la convergence des luttes n’a pas eu lieu, ou alors à la marge, cette question du capitalisme mise à l’agenda médiatique a fini par toucher "les points-limites des institutions" – moment où l’on peut dès lors entrevoir ce dont les institutions sont capables selon Lordon : "lorsqu’il se sent réellement mis en danger, un ordre institutionnel, un système de pouvoir, peut devenir capable de tout, je veux dire de toutes les violences. À un degré certes encore modéré, c’est cela que le mouvement social et la composante de Nuit Debout qui s’y reconnaissait ont expérimenté. Violences policières, violences judiciaires, violences symboliques d’éditorialistes littéralement écumants, c’est tout un : le système en train de se défendre. On ne pouvait pas nous donner plus parlante attestation de ce que nous étions dans le vrai !"

>> L’occasion de voir ou revoir nos émissions sur Nuit Debout : la première avec Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT de PSA Peugeot Citroën, Arnaud Contreras, producteur pour RFI et France Culture et Judith Bernard, fondatrice du site Hors-Série et partie prenante du mouvement, et la seconde avec l’éditeur de L’insurrection qui vient Eric Hazan et le sociologue Manuel Cervera-Marzal.

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