Karachi : vengeance pakistanaise ? (Libération)
"L’attentat de Karachi du 8 mai 2002 ayant tué onze salariés de la Direction des constructions navales (DCN) aurait été perpétré avec l’aval des services secrets pakistanais de l’ISI pour sanctionner la décision de la France de vendre des sous-marins à l’Inde, ennemi politique et militaire du Pakistan. Cette piste - déjà avancée - apparaît aujourd’hui d’autant plus plausible à la faveur des confidences inédites recueillies par Libération auprès de deux témoins de premier plan de l’époque", écrit le quotidien.
"Alain Juillet a occupé les fonctions de directeur du renseignement de la DGSE d’octobre 2002 à décembre 2003 (...). Il se montre catégorique. Pour lui, «l’hypothèse d’un attentat commis sur demande de l’ISI [les services secrets pakistanais, ndlr] doit être retenue». Et il pointe l’existence d’un événement déclencheur «que représente le choix de la France de vendre des sous-marins à l’Inde» alors que Paris avait pris l’engagement de ne pas armer le rival du Pakistan."
"Cette piste est également confirmée, sous couvert d’anonymat, par un officier qui a autrefois côtoyé les salariés de la DCN présents au Pakistan, notamment au travers des prestations de la société Deflog. (...) L’officier, avec lequel Libération a échangé plusieurs courriers, assure lui aussi que l’attentat a été commis par un groupuscule contrôlé par l’ISI pour punir la France de sa décision de vendre des sous-marins plus performants à l’Inde."
Mais l'arrêt du versement des commissions aux intermédiaires pakistanais, qui a été désigné à plusieurs reprises comme la piste principale par le juge d'instruction Marc Trévidic, pourrait tout de même avoir joué un rôle, explique un deuxième article de Libé : "Des tensions avec les intermédiaires pakistanais de la vente à Islamabad de sous-marins Agosta ont pu créer un climat électrique, à défaut d’avoir provoqué à elles seules l’attentat de Karachi en 2002." Le quotidien précise le montant des "gratifications" dues aux décideurs pakistanais : "Celles-ci transitaient via quatre hommes d’influence qui attendaient pour eux-mêmes et leurs mandants près de 6,25% du contrat des sous-marins, soit 338 millions de francs, fractionnés en plusieurs paiements, au fur et à mesure de la réalisation du chantier et jusqu’à son achèvement en 2008." Or, certains intermédiaires pakistanais n’auraient "plus rien reçu à l’horizon 2001".
Cet arrêt brusque du versement des commissions en 2000-2001 avait déjà été évoqué comme un élément de contexte important par l'auteur de ces deux articles, Guillaume Dasquié, fin novembre lorsqu'il était notre invité.
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