Sciences Po/Méric : "C'est typiquement ce qu'il aurait détesté"
Dès 9 heures, les caméras des principales chaines d'infos arrivent au 29 rue Saint-Guillaume, à Paris, pour tenter d'enregistrer des réactions sur la mort d'un élève de l'école, tué par des skinheads d'extrême droite la veille. Ils déchantent vite : les cours finis, l'IEP est presque vide et la bibliothèque fermée. Qu'importe : les politiques vont arriver.
A l'approche de l'heure du rassemblement, Bertrand Delanoë et Harlem Désir arrivent, entourés d’une escorte de journalistes, de gardes du corps et d’attachés de presse.
Bousculade. Deux rares étudiantes proches de la victime venues se recueillir, en larmes, se font écarter violemment par les caméras qui veulent capter la déclaration des responsables socialistes et pestent contre les étudiants. La forêt de caméras s'active à l'arrivée d'Harlem Désir et Bertrand Delanoë |
Ceux qui ont côtoyé Clément Méric s’accordent sur un point : il aurait détesté ce cirque. "Il ne manquerait plus que Le Petit Journal pour compléter cette farce" lance un proche. Avant d'observer une minute de silence et d'entonner le chant des partisans en choeur, un étudiant syndicaliste prend la parole et demande, visiblement énervé, à ce que "les caméras et les élus aient la décence d’aller au bout de la rue pour laisser les étudiants se recueillir".
"C’était un peu la sortie médiatique du jour pour certains élus, pour avoir leur image aux 13 heures. Les directeurs de cabinet et les attachés de presse sont venus nous voir, nous mettre la pression pour organiser la prise de parole" regrette Raphaëlle Remy-Leleu , étudiante de Sciences Po à l’initiative du rassemblement.
"Si tous les autres ont des images et pas nous..."
D’autres étudiants se plaignent des questions des journalistes : "on me demande si Clément était violent, s’il cherchait la bagarre. Je réponds que non et la journaliste enchaîne avec une affirmation : "donc il est timide...", raconte une militante du syndicat de Clément, Solidaires Etudiant-e-s, anciennement SUD.
Le journaliste de BFM présent se défend : "à Sciences Po, ce sont des gens qui étudient les médias, et qui les critiquent souvent". Et concernant la ruée sur les élus ? "Vous savez comme c’est : si tous les autres ont des images de Delanoë et pas nous…"
(Reportage, Vincent Coquaz)
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