Le Pen aux USA : visite de l'intérieur (blogs Inter et Libé)
Brève

Le Pen aux USA : visite de l'intérieur (blogs Inter et Libé)

La visite de Marine Le Pen à Washington, comme si vous y étiez. La présidente du Front National est aux Etats-Unis depuis hier, et presque tous les médias français l'ont suivie. Les correspondantes à Washington de France Inter et Libération, Fabienne Sintes et Lorraine Millot, racontent leur journée sur leurs blogs. En deux mots-clés : improvisation et course-poursuite.

"L’avantage -ou la pesanteur parfois- d’un voyage officiel, quel que soit le politique en déplacement, c’est que tout est cadré et minuté, laissant peu de place à l’improvisation. (…) Avec Marine Le Pen, cette première journée américaine a plutôt ressemblé à l’épreuve des figures libres dans une compétition de gymnastique acrobatique", ironise d'entrée Fabienne Sintes.

Malgré les annonces répétées de Le Pen sur son programme chargé, la réalité s'est en effet révélée bien différente, puisqu'elle semble avoir couru toute la journée après des rendez-vous officiels, qu'elle a eu bien du mal à décrocher. "Surprise à la table du petit déjeuner, raconte Lorraine Millot, la présidente du FN nous confie qu’elle va rencontrer au moins trois élus du Congrès américain ce mercredi, peut-être quatre ou cinq, des républicains et démocrates. Mais leurs noms sont secrets : elle ne les donnera qu’après-coup, au plus tard lors d’une conférence prévue le soir à 18 heures, explique-t-elle."

Finalement, elle ne donnera pas les noms, et pour cause, souligne Sintes : "Bilan du tableau de chasse de Marine Le Pen à Washington: un déjeuner et deux rendez-vous chez des élus conservateurs tendance Tea Party. Mais également 30 journalistes français derrière elle à chaque instant." La présidente du FN a ainsi rencontré Joe Walsh, un des élus Tea Party, très populaire auprès des médias américains, mais qui "a un peu moins la cote ces derniers temps, pour cause d’une série de scandales financiers (saisie de son logement, démêlés avec le fisc, non-versement des pensions dues à son ex-femme…), indique la journaliste de Libé. Il vient d’être désigné comme un des élus « les plus corrompus » du Congrès américain."

Celui qui devait représenter le clou de la journée pour Marine Le Pen a été plus dur à accrocher : l'élu républicain et "libertarien" Ron Paul, candidat à la primaire de son parti pour les présidentielles. Sintes raconte la scène, cocasse, qui se déroule devant son bureau : "Marine Le Pen est à l’intérieur. Mais pas Ron Paul qui est parti 3 minutes avant pour aller voter dans le bâtiment voisin. L’attente durera 50 minutes. (...) L’histoire ne dit pas si elle est vraiment rentrée au culot, ni donc comment le républicain a réagi en constatant que 30 journalistes campaient devant son bureau et que la présidente du FN était en grande discussion avec son «staff» depuis presque une heure. En tout cas il la verra 10 minutes montre en main. Traduction comprise."

Le journaliste "s'expose au ridicule"



Mais les deux journalistes racontent surtout que toute la journée à été une succession de cavalcades pour suivre la candidate, qui tentait de fausser compagnie à son escorte journalistique. Elle n'avait peut-être pas envie qu'on insiste trop sur sa matinée, vide de tout rendez-vous, raconte Millot : "Vers dix heures du matin, Marine Le Pen s’engouffre donc dans un luxueux fourgon noir, destination inconnue. (…) Grâce à la ténacité de quelques uns de nos collègues, et la hardiesse de leur chauffeur de taxi qui a dû brûler plusieurs feux rouges, on sait que la première partie du programme de Le Pen à Washington fut… purement touristique."

La journaliste de Libé signale aussi que Marine Le Pen a déjeuné, en "privé" dans un club républicain, avec un lobbyiste nommé Richard Hines. Qui ça ? "«Oh là là…, grimace un habitué du club. Disons que c’est un personnage louche, mais très riche. C’est un nostalgique de la Confédération (les Etats qui avaient fait sécession des Etats-Unis en 1861 pour conserver l’esclavage, ndlr). Il a aussi été proche du mouvement suprématiste blanc…». Une rapide recherche sur internet confirme : Richard Hines est connu aux Etats-Unis comme un nostalgique de la Confédération sudiste et un lobbyiste, notamment pour des marchands d’armes ou des dirigeants africains…"

Le résultat de cette première journée (la visite se poursuit à New York aujourd'hui, puis en Floride) est bien maigre. C'est la loi du genre, explique la correspondante d'Inter, fataliste mais lucide. Les journalistes ne peuvent pas lâcher leur "proie" : "C’est ça ou perdre son sujet dans une foule ou un couloir. Risquer de rater le moment qui peut définir un voyage puisqu’on ne sait pas ce qui se passe ensuite. Alors on colle. Micros ouverts. En s’exposant au même danger que le sujet qu’on couvre: le ridicule."

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