Bruno Retailleau aurait participé à une tricherie à Intervilles lorsqu’il faisait partie de l’équipe du Puy du Fou, le parc à thème de son mentor Philippe de Villiers. Nous l'avions nous mêmes oublié : Le Point s'en est souvenu. Et un journaliste du JDD a retrouvé l'article de Libération qui relatait l'affaire, et l'a tweeté.
Nous sommes allés chercher l'émission du 21 septembre 1997. Attention, c’est un peu technique.
Le 2 juillet 1997, Jean-Pierre Foucault pose une première question au champion de l’équipe du Puy du Fou, le parc à thème de Philippe de Villiers. "Quelle a été la dernière volonté d’Henri Désiré Landru qui lui a d’ailleurs toujours été refusée?" A ce moment, à la droite de Foucault, le co-présentateur, Olivier Chiabodo, a la bougeotte : avec sa main, baissée sur sa cuisse, il indique par deux fois le chiffre "Trois". A la fin du "chrono", l’équipe du Puy du Fou répond : "le numéro trois". Jusqu’ici, le doute est permis.
Mais un deuxième faisceau d'indices intervient. A la deuxième question, qui porte sur des noms de chanteurs, Chiabodo n’apparaît pas à l’écran. Mais le champion du Puy du Fou répond à nouveau avec un chiffre. Or, il n’y a pas de chiffre à l’image, et Foucault ne parle pas de chiffre. Et le candidat semble bien ennuyé quand on lui demande à quel nom de chanteur correspond cette question. Il se tourne vers ses coéquipiers, et hésite, avant de donner la réponse in extremis.
Comment l'expliquer ? Dans son édition du 21 septembre 1997, Arrêt sur Images le fait. En visionnant la séquence avec attention, on voit un des "intellectuels", les soutiens du champion du Puy du Fou, répéter "deux, c’est la deux". C’est Bruno Retailleau. Vraisemblablement, Chiabodo a pu faire à nouveau le chiffre avec ses doigts, et Retailleau le voir sur les écrans postés autour de lui, retransmettant le barnum en direct. Il aurait ainsi communiqué au champion le «chiffre» correspondant à la réponse, sans l’intitulé exact de la réponse. D'où la confusion du candidat, qui s'enquiert : "Bourvil, ça devait être la deux, hein?"
Le Canard relève la tricherie et en fait un article. Sur ces seuls faits, Chiabodo aurait pu s’en sortir. Mais Arrêt sur Images, dans cette même émission, révèle que celui-ci avait mené d'autres tentatives de tricherie en faveur du Puy du Fou l’année précédente. TF1 licencie Chiabodo. Ce dernier traine en justice le Canard Enchainé, en lui réclamant 400 000 francs. En première instance, le tribunal correctionnel de Paris condamne le journal satirique, en mars 1998, à lui verser un franc symbolique. Un jugement infirmé par la cour d’appel de Paris le 19 mars 1999. Retailleau, lui, n'a jamais été inquiété.
Sauf peut-être ces jours-ci, par les quelques titres de presse qui ont repris l'affaire. Vingt ans avant tout le monde, Arrêt sur Images avait discerné la nature profonde du fillonisme.
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