Virage de Hollande : non, les keynésiens ne sont pas tous opposés
C’est officiel : Hollande est de droite. Cul et chemise avec les patrons. La preuve ? Son pacte de responsabilité a été applaudi par le Medef et une partie de l’UMP. Autre preuve : avec son apologie de la politique de l’offre, il marche dans les pas des libéraux. Les keynésiens, économistes qui défendent la politique de la demande, sont effondrés. Tous ? Non. En regardant de près, on trouve aussi des keynésiens pour défendre ce pacte qu’ils considèrent comme un pas vers moins d’austérité.
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D'où vient l'assertion "Mais, déjà, il y a une astuce : sans l’avoir formellement annoncé, on comprend rapidement que le Crédit impôt compétitivité emploi (CICE) risque d’être absorbé par ce nouveau pacte. Ou alors les entreprises auront le choix entre la suppression des cotisations familiales ou le crédit impôt. Mais pas les deux en tout cas." ?
Je ne pensais pas que les entreprises auraient ce choix, il me semblait avoir lu qu'il y aurait une suppression des cotisations familiales dans l'absolu, et pas sous condition de prendre le crédit d'impôt ou pas.
Flagornons un peu : Madame Anne-Sophie, vous êtes souvent à la source de débats riches et de haute tenue.
Un petit conseil de stratégie : pour avoir l'air de rester "normale", vous pourriez faire une petite incursion du côté des alcôves ou bien du côté des ex-humoristes reconvertis dans la parano défiscalisée.
Ce n'est qu'un conseil, bien sûr.
- la suppression des cotisations "famille" représenterait 30 milliards d’euros,
- si on enlève toutes les cotisations familles, on enlève au mieux 5 % de 25 % de coût de production des entreprises, soit une baisse de… 1,2 %.
Donc, le coût de production des entreprises serait : 30 milliards / 0.0012 = 2 500 milliards! On comprend pourquoi nos entreprises ont du mal à exporter (on rappelle que le PIB est de l'ordre de 2 000 milliards).
2) J'aime beaucoup aussi "les entreprises françaises sont en sureffectif, d'environ 250.000 postes selon les estimations de l'OFCE".
On pourrait savoir comment l'OFCE détermine l'effectif optimal?
3) Par ailleurs : si les entreprises ne cotisent plus à la branche "Famille" de la Sécu, qui va le faire? A moins qu'on supprime les allocs? C'est curieux, la question n'est jamais posée.
à part des conotations différentes, je ne vois pas.
Les charges sont lourdes. Les cotisations correspondent à un acte citoyen responsable.
Employer l'un ou l'autre de ces termes n'est donc pas annodin.
Pourquoi emploie t'on plutôt "charges" que "cotisations" sur @si ? (cest en tous cas mon impression)
Je suis étonné que cette novlangue filtre jusqu'ici, chez les décortiqueurs de langage journalistique...
Puis surtout, ce terme n'est pas "de la novalangue", la distinction des comptes de produits et des comptes de charges existait dans la comptabilité des entreprises (et dans la comptabilité publique) avant que les entreprises soient assujetties à des charges sociales.
les charges sociales pèsent sur l'emploi : c'est un fait, ça ne sert pas à grand chose de se cacher derrière son petit doigt. Elles ne pèsent pas, par exemple, sur les bénéfices des entreprises, ni donc sur le fric distribué aux actionnaires.
Non, moi, ce qui me turlupine c'est pas le vocabulaire. C'est :
— est-il question de supprimer les cotisations patronales, ou l'ensemble des cotisations ? Parce que les cotisations salariales, elles, font partie du salaire. Les supprimer, c'est diminuer le salaire. (j'ai toujours trouvé ce distingo limite absurde, mais c'est pas moi qui l'ai inventé. elles sont un élément du salaire, c'est la loi).
— et si on supprime les cotisations patronales, quid du paritarisme ? de quel droit les patrons seraient-ils représentés dans les CAF, s'ils cotisent plus ? Et si on supprime toutes les cotisations ?
va y avoir du sport... je me demande si ça ne sera pas plus compliqué, et politiquement plus périlleux, que de mettre en place le revenu de base :D
bah, c'est des chipotages...
Pas vraiment. Les évidences, le "sens commun", les pentes (pseudo-)naturelles des valeurs culturelles, les visions du monde partagées, passent beaucoup par le language. D'où les lexiques politisés, et les représentations idéologiques qui se devinent parfois derrière le choix des mots ("travailleur" ou "salarié", "sans-papier" ou "illégal", etc).
Les mots ne se promènent jamais seuls, ils charrient tout un système d'association d'idées, tout un feeling, tout un univers métaphorique, par lequel ils se répondent les uns aux autres. Qu'il s'agisse de grammaires (le genre, ou les déclinaisons selon des critères aussi variés que -chez nous- le nombre, -chez d'autres- l'orientation, le caractère vivant ou inerte, etc) ou d'analogies (le haut, le bas, le futur qui est "devant" pour certaines cultures, qui est "derrière" pour d'autres... voire les grosses allégories boueuses genre "guerre contre le terrorisme"), ils orientent un peu la lecture du monde par défaut, et constituent un milieu dans lequel ("par" lequel) on pense, dans une société.
Quand ce milieu est délibérément, consciemment, façonné par des spin doctors et des think tanks idéologiques, comme c'est le cas en politique, c'est un "ressenti par défaut" qui se voit imposer comme sens commun. Un terreau qui favorise légèrement certaines lectures politiques plutôt que d'autres, un courant subtil dans lequel les idées soit "vont contre" soit "coulent avec". Avec la répétition, avec les imageries intégrées à la longue (au point de ne plus y penser), c'est une sensibilité qui est favorisée. La communication ne se fait pas dans un éther neutre.
Sans trancher entre l'œuf et la poule, on peut au moins être attentif à cela. Une raison pour laquelle il y a acceptation de certaines "évidences" philosophico-économiques est le fait qu'on vit dans une culture (un système de valeurs, un système de représentation de soi, de l'identité, de l'échange, du travail) spécifique, avec son intuitif et son contre-intuitif. Le language est sa caisse de résonnance. Y être un peu attentif ne fait pas de mal...
Je le dis d'autant plus tranquillement que d'une façon générale je suis favorable à l'impôt. Et à la "responsabilité citoyenne". Mais que ce soit, parfois, "lourd", coûteux, pourquoi le nier ?
Le terme "charges" a du sens, il amène la question de "sur quoi elles pèsent", c'est à dire de leur assiette. Asseoir ces "charges" sur le travail avait un sens il y a un demi siècle, d'abord parce que les "produits" économiques étaient plus importants que les produits financiers, ensuite parce qu'il fallait privilégier l'investissement dans une industrie qui avait pris, déjà avant guerre, un retard considérable sur les autres pays et dont l'outil de travail était pitoyable.
C'est dont bien parce que je suis attentive au langage comme "caisse de résonnance" que je parle de "chipotage", considérant que chacun de ces deux termes a sa part de connotations douteuses :)
C'est quand même pas par hasard qu'on nous bassine avec le mot "charges" mille fois répété, et le mot "alléger" idem, en oubliant que c'est simplement une partie du salaire d'un travailleur qui est ainsi affecté à une protection collective contre les aléas de la vie, et les ennuis pas forcément "aléatoires" comme la vieillesse ou, désormais, le chômage.
Cotisations "salariales" ou "patronales" sont des dénominations trompeuses: ce sont, de toutes façons, des sommes prélevées sur la productivité globale des salariés, je ne vois vraiment pas quelle autre "productivité" on pourrait imaginer. Simplement, au lieu que chacun se démerde avec ses propres soucis, certaines choses sont "mutualisées", d'une façon qui les met, quand même, en sécurité. Si c'était laissé au libre choix de chacun, beaucoup de salaires seraient insuffisants, et la maladie comme la vieillesse seraient l'entrée dans la misère pour nombre d'entre nous. Gervaise sous son escalier, hein, ça tente qui?
Pour ce qui est des impôts, imaginons ce que ce serait de payer chacun l'école de nos enfants, les routes qui mènent à notre maison, les bâtiments collectifs que nous utilisons tous. Les impôts sont, effectivement, une "contribution" à tout cela.
Quant à considérer que les "produits" économiques sont désormais moins importants que les produits financiers, cela nous entraînerait dans un autre "chipotage" sémantique. Vous trouvez pas bizarre, quand même, de mettre des guillemets aux produits économiques qui sont (pas toujours, mais bon...) de véritables produits, et de ne pas en mettre à ces "produits" terriblement fictifs que sont les produits financiers?
bon alors d'abord sur les guillemets de "produits", pardon de pas avoir veillé à toutes les nuances interprétatives possibles, mais ils n'étaient là — sur le premier "produits" — que pour souligner l'opposition/complémentarité (dans le plan comptable) avec "charges", lui aussi entre guillemets (dans mon texte). C'est pourquoi je n'ai jugé utile de les réitérer — et non pour marquer une quelconque opposition entre les produits financiers et les produits économique.
Quant à leur "importance" comparée, pas d'interprétationnite non plus, s'il vous plaît : je ne me place pas d'un point de vue éthique, mais du point de vue d'un constat auquel on ne peut échapper, l'explosion de la sphère financière. Laquelle a, hélas, quelques effets sur l'économie "réelle" (et là je met des guillemets à "réelle", parce que ce terme utilisé sans précautions tendrait à faire croire qu'il n'y a, dans cette économie, aucune dimension virtuelle, imaginaire, symbolique, ce qui est évidemment fallacieux). Effets, par exemple, dans le fait que pour les entreprises côtées en bourse la gestion financière est depuis longtemps "au manettes" et commande toutes les décisions (en particulier les fameux "licenciements boursiers"), ou dans l'évolution du patrimoine non financier depuis dix ans ("la bulle immobilière"). On le voit clairement dans le premier tableau de l'article de Berruyer que j'ai mis en lien, de 70 à 2009 l'évolution des actifs financiers est exponentielle, d'abord elle "grignote" les patrimoines non financiers, puis, dans les dix dernières années, elle les "aimante", les entraine à sa suite dans une hausse vertigineuse — dont nous faisons tous les frais, lorsqu'il s'agit de nous loger.
ensuite, inutile de me faire la morale contributive, j'ai signalé plus haut que je suis favorable à l'impôt, à la mutualisation (sous couvert qu'ils ne consistent pas à piquer le pognon des pauvres pour en faire cadeau aux riches).
Je pense aussi qu'on ne peut guère éviter, en société, certains interdits et certaines obligations, qui ont leur nécessité : mais je ne vois pas l'intérêt de les confondre avec des droits et des libertés.
nommer "charges" ces contributions, et mesurer sur qui ces charges pèsent, et se demander si chacun en porte le juste poids, ne me semble pas illégitime... et ne m'amène pas nécessairement à vouloir "les supprimer", autrement dit laisser chacun s'en débrouiller tout seul :)
En général, on rétorque à ce propos que verser le milliard d'un élu dans le pot commun de la misère de l'Humanité ne changerait en rien le sort des miséreux (tout en faisant un malheureux de plus et sa sainte famille). Mais cela donnerait peut-être l'illusion ou le sentiment d'un peu de justice en ce bas monde et peut-être surtout, je me plais à imaginer que les odieuses prédations opérées par les ultra riches que le système capitaliste à mis dans cette position n'auraient plus lieu. Or, pour constituer les immenses fortunes de certains, il faut incontestablement faire table rase de tout principe moral et apprécier l'idée même de l'esclavagisme, auquel on donnera une apparence de libre arbitre. Si les mots ont un sens, on en trouvera je l'espère un peu dans ma charge confuse contre le monde tel qu'il va aujourd'hui.
la moitié du patrimoine mondial: je crois à la pensée d'Aristote et à son interrogation sur la "limite morale "
de l'accumulation des richesses ( au moins à cette interrogation-là ...et à bien d'autres )
Même à DAVOS, on s'inquiète de ces inégalités ... que c'est drôle !
J'avoue que, à plus petite échelle, quand mon conseiller financier me tanne longuement sur les différents "produits" qu'il me présente, les avantages comparés des uns et des autres selon le moment de ma vie, la composition de ma famille, le fait que je sois locataire ou propriétaire et de quoi, mon âge, celui de mon conjoint et bien sûr l'âge du capitaine, je suis tellement sidérée par toute cette intelligence et cette mémoire au service du GRAND RIEN que je mets plusieurs minutes à lui dire (poliment) d'aller se faire f...
En fait, j'ai pas dit ça, mais je crois que c'était pire, je lui ai simplement fait part de mon effarement sur le temps qu'il avait passé à apprendre tout ça. Toute sa vie. Sa vie professionnelle, heureusement, j'espère qu'il a d'autres passions et d'autres plaisirs.
Ce n'est pas une manipulation... Cela correspond à un système d'assurance obligatoire géré par le secteur public.
Si c'était une taxe, cela retournerait dans le budget général de l'Etat (ou d'une quelconque collectivité locale), ce qui n'est pas le cas ici.
et c'est, sinon une taxe (chipotage !), un prélèvement obligatoire : blanc bonnet, bonnet blanc.
Après je suis bien d'accord que ça n'interdit pas de critiquer l'existence de ces cotisations, ni la gestion du fonds constitué.
NB : Je pensais que taxe était synonyme d'impôt, mais d'après le court article de Wikipédia ce n'est pas le cas :
La taxe est un prélèvement obligatoire perçu d'autorité, à l'occasion d'une opération, mais qui ne constitue pas la contre-partie monétaire de ce service.
Il diffère de :
- l'impôt par son assiette (il est payé à l'occasion d'une opération) et par son redevable (l'usager) ;
- la redevance, celle-ci étant la contre-partie monétaire d'un service rendu. Dès lors que le prélèvement est inférieur à la moitié du coût du service, il s'agit d'une taxe et s'il est supérieur, il s'agit d'une redevance.
Qu'une fois institutionnalisées elles aient dégénéré, qu'elles se soient fait récupérer et corrompre, comme les coopératives agricoles et tant d'autres structures désormais très éloignées de leurs idéaux, c'est un tout autre sujet. D'une extrême importance, je vous l'accorde. Mais ça n'efface pas l'histoire.
Si la référence historique n'était là que pour embaumer un cadavre, elle ne m'intéresserait pas, moi non plus. Il y a un temps pour s'indigner de leur dégénérescence, et un temps pour réfléchir à ce qui a permis ça. On peut aussi faire les deux en même temps, et amorcer une troisième démarche: construire, modestement, de petites choses en veillant à la manière dont on les construit. Marcher, sans cesser pour autant de s'indigner (c'est un carburant) et de réfléchir (pas tomber dans les trous du chemin).
bon, alléééé... comme on est souvent sur la même longueur d'onde, on va pas jouer à pol et mickey. Je garde tout de même ma prétention à appeler un chat un chat.
" Si on dit charges sociales, t'imagines demander à une mamie :" Madame est-ce que vous êtes pour plus de charges sociales ?", elle te dit [Rires de Maya] "Oh bah non, quand même ..." [Rires de Maya].
Alors que si tu lui dis : "Madame, est-ce que vous seriez pour que les patrons partagent un peu plus leurs bénéfices, au profit des salariés et non des actionnaires ?" [Rires de Maya] , là tu as une réponse positive !
[Rires de Maya]"
N.B. : c'est écrit de mémoire, mais l'idée est là.
Depuis que j'ai vu cette émission, l'expression "charges sociales" a tendance à me donner de l'urticaire...
Alors, quand je la retrouve partout sur mon @si, ça me fait parfois réagir avec un peu d'énervement.
http://www.bakchich.info/france/2014/01/16/francois-hollande-liberal-depuis-1985-63035