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Pourquoi la mort de Rabhi a secoué les journalistes

Pour les rares journalistes qui se sont intéressés à l'environnement quand tout le monde s'en fichait, dans les années 1990 et 2000, l'agro-écologiste Pierre Rabhi constitua, avec d'autres, une sorte de phare dans la nuit. Mais pour de nombreux autres, souvent plus jeunes que les premiers, Rabhi est surtout ce ruraliste étroit aux accents homophobes. La fracture est pour beaucoup dans l'ébullition qui a saisi Twitter et Facebook quelques heures après sa mort, le 4 décembre dernier. Retour sur quelques batailles rangées ou feutrées, côté réseaux sociaux et côté médias.

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Derniers commentaires

Fallait-il diaboliser Pierre Rabhi ? Franchement !!!
Toutes ces attaques sont d'une violence extrême que je ne trouvais jusque-là qu'à l'extrême droite.
Et moi c'est ça qui me fait flipper !!!

A notre belle époque qui se revendique des Lumières, un homme qui n'approuve pas l'adoption d'enfants par un couple homosexuel est qualifié, comme une évidence, d'homophobe. Un homme qui parle de complémentarité à propos des hommes et des femmes est, forcément, "misogyne". Il est entré, sans espoir de rémission, dans le camps du Mal, puisqu'il ne rentre plus dans toutes les cases de la Sainte Pensée de Gauche. Mon dieu (ou qui que ce soit), rendez un peu de tolérance à notre monde, et que cette gauche recroquevillée sur sa tyrannique idée du Bien respire un bon coup l'air du large! On étouuuuffe!

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La critique sur l'homophobie ce n'est que la partie émérgé de l'iceberg. Le problème de fond c'est la promotion d'un écologie dépolitisante; debarassée d'analyse des structures de dominations; sans parler de la promotion d'un mouvement sectaire et obscurantiste; à savoir l'anthroposophie. Si on ajoute à ça les "révelations" de Malet sur ses liens avec des intellectuels Maurassiens et les milieux cathos tradis; l'homophobie n'est pas une "contradiction" comme le dit la journaliste de mediapart; c'est en tout point cohérent avec le bonhomme. Les visions pronées par l'antropophie dépassent largement le cadre de Rabhi et des colibris; puisque la biodynamie est très à la mode en ce moment (c'est d'ailleurs pour l'antroposophie et ses succursales "weleda" et le label "nature et progrès" un business rentable); accompagné de tout un discours mystifiant sur le retour à la nature et la dichotomie naturel/artificiel; absolument nocif et qui fait beaucoup de dégats dans les visions de l'écologie à gauche; et qui a entrainé tout naturellement une partie de ce petit monde sur les pentes des discours antivax et complotistes autour du covid.

Pour caricaturer, avec Rabhi on touche au monde du processus du changement vers l'écologie de deux manières et par quel bout faut il prendre la chose ?

Par le "change toi toi même" et le monde changera de lui même. Ou par l'écologie politique, dussions nous imaginer d aller jusqu'à la violence? troisième voie placer le curseur au milieu des deux. J'ai toujours pas la réponse...

 

C'est à Couthures sur Garonne lors du deuxième festival du journalisme international que j'ai fait connaissance avec le "colibrisme". Par quelqu'un qui te parle d'humanisme, de faire les choses autrement et surtout qui sait raconter les histoires, ça en jette. Et le temps a passé... Aujourd'hui, je me dis que le colibri à vouloir "faire sa part" face à un truc qui le dépasse a fini cramé. Paix à son âme....
Je me pose aussi la question de savoir à combien de jours, d'heures et de minutes, il est décent de parler librement de quelqu'un de décédé. Et quelle est la décence d'imposer sans nuance la célébration de ce quelqu'un à tous les autres ?
Je suis comme ça, je me pose des tas de questions.

Pour en revenir au colibrisme, des gens se sont emparés sincèrement du "faire sa part", ont essayé de faire bouger les choses à leur petit niveau, sur leur lieu de travail, dans leur quartier, dans leur cercle familial, ou de potes. Il ne s'agit pas de Rabhi. Il s'agit d'une multitude, d'une diversité  de personnes qui ont tenté des trucs et qui sont parti en quête de sens. Alors c'est beau, hein, la success story d'une personne. Mais la réussite, c'est rarement un gus tout seul. C'est un enchainement, des complémentarités, des convergences. Pas un type qui pense pour tout le monde et qu'on suit aveuglément tellement il est lumineux.  Si on veut changer quelque chose, il faut peut-être aussi changer cette façon de célébrer le génie plutôt que le collectif, célébrer le chef, plutôt que l'équipe, célébrer le cerveau plutôt que les petites mains. C'est peut-être ça le problème actuel. Ceux qui célèbrent les premiers de cordées, oublient qu'il n'y a pas de cordées sans d'autres personnes derrière ledit premier. Célébrer un beau chemin en oubliant les défricheurs, les ouvreurs de voies, c'est comme fonder son monde sur l'ignorance et ne s'intéresser qu'au résultat...  Moi je ne veux pas de ce monde-là. J'en ai marre des gourous, ou de ces maîtres à penser qui t'expliquent comment te comporter, et qui ne s'appliquent pas leurs propres prescriptions. Et j'en ai marre qu'on continue de parler de droite et de gauche, alors que clairement, aujourd'hui le choix est entre ceux qui  veulent changer le système et ceux qui ne veulent pas. 

Par peur, par confort, parce qu'ils sont en haut de l'échelle et qu'ils n'ont aucune envie de redescendre. Le changement, on ne va pas l'attendre éternellement. Alors s'ils pouvaient remballer leur épouvantail médiatique, là, le Z, pour qu'on puisse avoir enfin quelque chose qui ressemble à un débat démocratique. C'est trop demander ? Parce que,  juste comme ça, ce débat, il aura lieux avec ou sans eux. Les lubies de milliardaires, on est beaucoup à s'en taper royalement. Comme les états d'âme des présentateurs vedettes et des "journalistes" de salon. Ce serait bien que le réveil ce soit maintenant. On peut rêver hein :) D'ailleurs, il y a quelqu'un qui a dit "la passion et les rêves sont comme le temps, rien ne peut les arrêter, et il en sera ainsi tant qu'il y aura des hommes prêts à donner un sens au mot liberté". J'adore cette phrase, et du coup, je ne vois aucune raison de m'arrêter de rêver...

Juste un petit truc au passage, concernant la nécessité d'un "délai de décence". Moi, je suis pour, mais à condition que ce délai soit respecter aussi par les panégyristes. Parce qu'entendre encenser à longueur de temps quelqu'un d'aussi... discutable, disons, au bout d'un moment, c'est insupportable ! Il est évident que ça appelle des réponses de la part de ceux qui ne partagent pas l'admiration pour Rabhi.

Cette dispute signale l'incapacité à ne pas pouvoir être autrement que totalement pour ou totalement contre une personne. France culture propose une série d'entretiens qui abordent les forces et les faiblesses de la réflexion de Pierre Rabhi : Pierre Rabhi, l’homme colibri (5 épisodes)


Ce que des gens de gauche, humanistes, écologistes, décroissants, sont capables de s'envoyer comme injures sur Twitter sur l'usage du mot conservateur est inouï. Cette violence, c'est quoi ? C'est un projet de société ?


Alors comme quoi, même si je ne suis pas d'accord, je m'en fiche un peu de son avis reac sur la famille (ça n'a pas grand chose à voir avec l'agriculture, à prioiri), mais alors les discours ésotériques et les bullshits antroposophiques sont un vrai problème dans l'émergence des pseudo-sciences et dans le rapport des humains à l'agriculture (et en général, au réel). C'est pas parce qu'on a une conscience écologique et qu'on est contre le modèle agro-industriel qu'il faut épouser des thèses complètement farfelues qui ne reposent sur rien de rationnel...

il y a aussi toutes les derives des gens  formant les "colibris" J' ai reçu d' une personne qui se reclame de la " transition interieure" et   des colibris une lettre à avoir sur soi " pour  ne pas etre hospitalisé en cas de covid"  au nom de la liberté  etde la non dangerosité de la chose "  " mais à etre hospitalisé en cas d ' acccident ou infarctus " .... !!!! bon les derives sont elles inherentes à la pensée de Rabhi, ou  etait il trop vieux pour s' en occuper , ou bien les accueuillait il avec sympathie ???

"En 2017, changement de ton : un article s'appuyant sur l'enquête du Monde diplomatique"


L'enquête du Monde Diplomatique date de 2018, non ?

Et maintenant,  Rabhi  va vous faire danser chanter et vous engueuler !

Le cas Rabhi polarise car il agit sur une concentration de lignes de fracture de la Gauche (et en particulier du mouvement ecologiste) assez fondamentales :

- Science vs. Pseudo-science (qui recoupe EN PARTIE la ligne vax/antivax)
- Luttes collectives vs. action individuelle
- Marxisme vs. Spiritualite

et ainsi de suite.

Pour beaucoup de monde, il semble etre tres urgent de proceder a une clarification ideologique. Le moment est difficile, car les echeances electorales incitent a chercher l'unite a tout prix entre les differentes chapelles.

Mais il est egalement clair que l'unite a tout prix, en particulier au prix de la clarte ideologique n'est pas pour rien dans l'etat actuel de la Gauche, qui a deja tant souffert d'avoir ignore la cassure entre gauche de gauche et gauche de droite pendant quarante ans.

Evidement, la droite a elle aussi ses brisures, mais un facteur d'unite puissant : l'interet des capitalistes.

Très intéressant, mais quid de l'anthroposophie ?

Je n'ai pas ouvert tous les liens, mais je me suis étonnée, dès l'annonce de cette mort, de la déferlante médiatique , essentiellement axée sur l'opposition au côté "conservateur", "mysogine"et "homophobe" de Pierre Rabhi. Par contre, très peu de choses sur "l'exploitation" des nombreux stagiaires et bénévoles qui venaient faire tourner la ferme.
Mais au-delà de ces batailles, je m'étonne de cette déferlante qui n'a, à mon avis, pas eu lieu pour un autre personnage décédé récemment : Bernard Tapie. Je n'ai pas lu grand-chose sur ses escroqueries, les reprises et fermetures d'entreprises avec cortèges de licenciements à la clé, ses condamnations... en tous cas, même s'il y a eu des réactions, beaucoup moins que pour Rabhi.Et je m'interroge sur l'évolution de la société, qui semble évoluer du social vers le sociétal. La primauté du social passe au second plan, y compris dans le discours de "gauche", n'est-ce pas là son problème ou un de se problèmes, conduisant à l'abstention et au rejet du "politique" ?

J'ai longtemps acheté mes fromages de chèvre au stand de Rabhi aux Vans. Ma compagne m'a fait remarquer que c'était toujours la femme de Rabhi, ou ses filles, qui tenaient le stand. Chacun à sa place, Pierre dans les salons, madame au marché.

Je trouve dommage de ne pas avoir évoqué un pan important des critiques contre Pierre Rabhi : outre ses positions réactionnaires, il fait également la promotion de pseudo-sciences (biodynamie notamment), et n'a pour ainsi dire pas contribué aux connaissances en agro-écologie. Le fait également que plusieurs leaders des mouvements type "reinfo covid", très problématiques sur la pandémie, aient été fondés par des personnes issues des colibris de Rabhi (comme Louis Fouché, l'ex-médecin réanimateur aux discours très confus).
Il me semble que c'est un point central pour comprendre les dynamqieus à l'oeuvre en faveur d'une écologie politique qui ne soit pas confuse et anti-science comme elle l'a put l'être à la fin du siècle dernier (avec les mouvements antivaccins, ou en faveurs des pseudo-médecines  et pseudo-sciences). Mais au contraire en faveur d'une agroécologie scientifique, politique, rationnelle et anticapitaliste. Et oui, il y a des mouvements de fond sur ces sujets là.

NB : j'étais très adhérent à Rabhi et ces discours il y a quelques années avant de réaliser que les sous-bassements de ces pensées sont assez friables.

Merci d'avoir énoncé très clairement le principale problème du monsieur à mon sens, sur le thème sur lequel il se vendait.


L'écologie pour rappel est une très vieille science, à minima formalisée en les termes actuels à la fin du 19ème. Personne n'a attendu Rabhi (ni dans les sciences, ni dans les campagnes) sauf chez les bourgeois parisiens pour parler agroécologie ou penser écologie (voir l'excellent article sur l'agriculture en bretagne dans le Monde Diplo de mémoire de l'année 1973, retranscrivant la discussions entre un paysan en retraite parlant de l'appauvrisssment des sols des méthodes de son fils et du pseudo-progrès que la mécanique apporte). Rabhi -comme ce qui se dit sur Tweeter- est ENCORE un problème de journaleux parisiens et bourgeoisie citadine. Combien de fois a t il été invité dans les médias, alors que les chercheur.e.s en écologie et les agriculteurs bios ou de tradition paysanne ne le sont pas ou très peu ? Un début de réponse ?: Rabhi ne faisait prendre aucun risque ni au système, ni aux mensonges qu'aiment se raconter les citadins au coin du feu sur l'écologie. 


Oui, il a fallu renoncer à traiter certains aspects. Cependant pour avoir suivi le rabhisme :) dans les années 2000-2010, je ne dirais pas qu'il n'a rien apporté sur le plan agricole. Il n'a rien écrit qui relève de la science et de la recherche, et on sait aujourd'hui ce qu'il faut penser de la biodynamie... Mais j'ai vu l'influence positive sur une génération de jeunes agriculteurs de son intérêt pour le sol et le compost, et les Colibris ont joué un rôle important dans le développement des circuits courts & Amap. Un certain nombre de pratiques en maraîchage bio et agro-écologique se sont développées sans l'appui de publications scientifiques, et ont été parfois validées après coup. Ce que je viens d'énumérer n'invalide pas les critiques faites à Rabhi dans le Diplo. EW

Oui tout à fait. Par ailleurs, le fait que certaines personnalités issues des colibris aient eu des positions radicalement tranchées sur la pandémie de COVID a également pas mal joué, je pense, sur la polarisation des discours.

Alors je suis intéressée par les éléments scientifiques qui vous permettent de « pseudoter » d’autres approches et pensées que la vôtre.

la biodynamie est utilisée par des agriculteur.


Toutes ces personnes que vous affublez du préfixe « pseudo » ont le mérite de mettre notre cerveau en éveil  endormie par un discours politique et média tellement concordant qu’ils ne peut pas être justes.


le mérite de ce monsieur est de s’interroger sur les orientations de la société : surconsommation et peut être aussi organisation de la société ... le plus important c’est le questionnement.


Du coup, la question à se poser n’est pas doit-on interdit tout ce que vous affublez de « pseudo » mais de se demander qu’est-ce que ces « pseudo-chose » apportent aux gens. Si elles n’apportaient rien, elles n'existeraient plus.

"qu’est-ce que ces « pseudo-chose » apportent aux gens. Si elles n’apportaient rien, elles n'existeraient plus."


Permettez-moi de pouffer ! Effectivement la biodynamie apporte beaucoup à ceux qui y croient... Et à ceux qui en profitent et entretiennent une confusion entre bio et biodynamie, entre l'usage raisonné des pesticides et la danse de la pluie en faisant macérer des testicules de serpent dans un bol en terre cuite en pensant très fort à Dieu.

Lol.


Complètement d'accord. Je suis effaré de voir un nombre croissant de vins "biodynamiques"...

La biodynamie est à l'agriculture ce que l'astrologie est à l'astronomie ou la naturopathie est à la médecine.


Que ça apporte quelque chose à des gens ne veut pas dire que c'est pas n'importe quoi pour autant.


Interroger notre société, remettre en cause notre systeme de consommation, bien sur, et tant mieux. Par contre, faire un bond de 2 siècles en arrière au niveau de nos connaissances scientifiques me paraît une être une très mauvaise idée.


La science n'a pas de couleur politique. En revanche, c'est la meilleure méthode pour expliquer et prédire le réel. A nous de l'utiliser comme nous le souhaitons.

"qu’est-ce que ces « pseudo-chose » apportent aux gens."

On peut trouver une piste de réponse dans la notion de "pensé sauvage" de Claude Levi Strauss, 

La pensée rationnelle et scientifique a son efficacité, mais elle n'est pas la seule façon qu'ont les hommes de penser le monde et d'agir, et pas toujours la plus puissante.



Euh "la plus puissante", je sais pas trop ce que ça veut dire. Et oui les approches scientifiques permettent de répondre à certains types de questions. Pas toutes (le sens de la vie, les questions esthétiques, de valeurs, ...). Sinon on appelle ça du scientisme. Bon, par contre sur "pseudo-science", c'est pas bien compliqué : "se prétend d'une approche scientifique, en utilise les termes et le langage, tout en ignorant les critères de démarcation et les méthodes.". Ainsi, pour prendre un exemple, l'anthroposophie se prétend d'une "science de l'esprit", et développe de nombreux éléments de langages relevant de termes scientifiques et essaye de se construire une légitimité scientifique. Mais par ailleurs, sans accepter les résultats issus de recherches qui rejetteraient l'efficacité de certaines pratiques. En gros : si "la science" confirme, c'est cool, la science c'est vachement bien. Par contre, si "la science" réfute, alors c'est au choix : 1) parce que c'est trop sensible et que la science matérialiste ne peux pas comprendre (vous êtes trop cons) ou 2) parce que c'est rien que du lobby des industriels corrompus.

Les "pseudo-choses" peuvent peut être apporter des trucs aux gens. Mais quand c'est en lien avec la vie matérielle (agriculture, santé, éducation, etc.), ça peut apporter du decorum, mais d'une part niveau effet il n'y a pas grand chose, et d'autre part c'est aussi fonder un rapport à la connaissance qui peut être problématique : quelle grille de lecture as-tu pour trier les affirmations sur le monde, faire le tri entre les croyances, les opinions et les faits établis ? parce que toutes les affirmations ne se valent pas.

tout d'abord, je suis comme vous très méfiante à l'égard des systèmes de pensée qui se drapent dans des apparences de scientificité tout en ignorant superbement les principes de méthode les plus élémentaires. On peut leur réserver le terme de "pseudo-sciences". Mais toutes les représentations ne cherchent pas forcément à se faire passer pour scientifiques. 


Mais je ne pense pas que la "puissance" de la "pensée sauvage" s'exerce uniquement dans les champs de la morale ou de l'esthétique. 

Toute théorie scientifique, pas définition, exerce un tri, une limitation, une spécification dans l'ensemble des données de connaissance. Elle construit son objet en le limitant, laissant toujours de côté une part des phénomènes auxquels elle s'intéresse. 

Cette réduction qu'opère la théorisation scientifique, elle s'exerce à partir d'une connaissance plus large, qui se structure non seulement par divers modes de classifications, mais par des analogies, des "condensations", des liens multiples, ne répondant pas nécessairement au principe du tiers exclu, explorant toutes sortes d'inférences, enracinée dans l'empirisme et les processus primaires... c'est, pour cela, une pensée d'une grande puissance heuristique, qui permet l'émergence de nouveaux patterns, et une appréhension globale (floue, sans doute, mais plus large) des phénomènes. 


Ces modes de pensée sont complémentaires. Mais si la seule pensée rationnelle (y compris chez les scientifiques) était l'alpha et l'oméga de la connaissance, elle se scléroserait inévitablement. 



Votre propos est très intéressant. Quelques remarques :

- je ne comprend pas ce que vous entendez par "puissance", pourriez vous donner votre définition dans ce contexte ?

- "toute théorie scientifique par définition" -> j'ai l'impression que vous parlez ici des symboles, des concepts, des modèles que l'on peut employer, qui sont une représentation "réduite" du réel. A dire vrai, je ne vois pas en quoi cela est spécifique aux théories scientifiques uniquement. Toute pensée s'appuie sur des concepts, sur des symboles pour donner des "explications", pour permettre un entendement. Par exemple, pour rester sur la biodynamie, il y a de nombreux concepts employés dans la "théorie" pour expliquer certaines pratiques et phénomènes. Mais je ne vois pas a priori en quoi ces concepts là seraient moins réducteurs.

- c'est vrai que le terme de "rationnel/irrationel" est sûrement assez mauvais, pour plusieurs raisons. Déjà d'une part, des théories "irrationnelles" peuvent avoir leur propre cohérence interne, être "logique" en quelque sorte, et d'autre part, l'approche scientifique n'est pas que rationnelle, mais est aussi et surtout pragmatique. On peut avoir une belle théorie bien complète et rationnelle, on va avant tout s'attacher à pouvoir la confronter au réel, à essayer de la réfuter. Et, dans la cadre d'une démarche dite "scientifique", c'est en résistant à la réfutation que des théories/hypothèses sont retenues par rapport à d'autres. Du coup on n'est pas spécifiquement dans un dogme filtrant "quels sont les énoncés acceptables", mais "comment évaluer la vraisemblance d'un énoncé". Un reproche fait aux théories pseudo-scientifiques, c'est le fait de ne pas être réfutable, de ne pas avoir de moyen spécifique pour rejeter une hypothèse qui ne fonctionne pas. C'est par exemple ce qu'on va trouver avec les recherches sur le moteur surunitaire (ou la technologie mystique anthroposophique), l'homéopathie, etc.

- sur la "pensée sauvage" ou la science comme alpha et omega de la connaissance, oui sûrement, mais sur les questions sur lesquelles la démarche scientifique est opérante, pour quelle raison lui privilégier une autre approche (sachant que de totue façon, il y a plein de domaines sur lesquels elle n'est pas opérante) ? Un souci que je vois dans les échanges avec les partisans de certaines pratiques, c'est que ce relativisme à base de "il y a des choses que la science ne peut pas expliquer" est parfois employé à tort et à travers pour rejeter toute critique, rendant la discussion et le débat impossible.

- pour penser et promouvoir l'écologie aujourd'hui, dans un contexte où on a clairement identifié les finitudes de nos ressources et les limites de la croissances (pour reprendre le titre d'un texte célèbre), il me semble prioritaire de promouvoir au contraire une éducation populaire des sciences plutôt que des pratiques ésotériques. Et je ne suis a priori pas favorable à une interdiction de la pratique de la biodynamie, pour rester sur le même exemple, tant que l'on tolère les critiques à son encontre, et que l'on ne soit pas classé (réduits ?) comme des techno-scientistes.

je suis assez d'accord sur le fait que le débat démocratique sur l'écologie manque plus cruellement de connaissances scientifiques que d'approches ésotériques. Peut-être parce que j'ai peu de goût pour ces dernières... pour ce qui est de rabhi, par exemple, son invocation de la "terre mère" et sa vision de la féminitude me donnent de l'urticaire, urticaire que parvient parfois à calmer l'idée de "sobriété heureuse", qui me cause :)


d'après popper, c'est bien autours de cette question de la réfutabilité que se fait le partage entre science et idéologie. On peut partir de cette base de réflexion, même si elle est amplement discutée, en particulier lorsqu'il s'agit de l'appliquer aux sciences humaines.


trois implications que je soumet à votre réflexion :


1°) l'idéologie et la science sont deux modes de connaissance : dire qu'un modèle n'est pas scientifique, ça ne signifie pas qu'on ait démontré qu'il est nul et non avenu. De toute évidence, avant l'avènement de la pensée scientifique, il y a eu quelques millénaires de connaissance humaine non dépourvue d'efficacité... pour ne prendre qu'un exemple.


2°) "toute théorie scientifique par définition" s'explique en référence à cette question de la réfutabilité : cette dernière suppose des définitions et des raisonnements sans ambiguïté — c'est l'ambiguïté, le flou théorique, volontaire ou non, qui permet d'esquiver la réfutation. Pour cela, l'élaboration théorique circonscrit son objet d'étude, l'extrait en quelque sorte du magma phénoménologique, de la connaissance et du langage ordinaire : un modèle scientifique n'est pas une représentation pleine et entière d'un phénomène réel, mais une schématisation (si riche soit-elle).


3°) dernier point : la réfutation peut être fondée sur "la confrontation au réel", mais elle peut aussi être d'ordre logique... ou alors les mathématiques ne sont pas des sciences ? Si le critère de réfutabilité départit la science et l'idéologie, il n'est pas utile, et peut-être dommageable, de l'agglutiner avec le critère de "validation empirique". Cette dernière peut reposer sur d'autres principes que la méthode expérimentale, d'un empirisme moins "propre" du point de vue logique, mais moins coûteux à de nombreux points de vue, et suffisamment opérant dans la pratique. 



1) Non effectivement. Pareil pour l'inverse. Ce n'est pas parce qu'une théorie est "scientifique", qu'elle est vraie. Mais le problème de la démarcation a quand pas mal avancé. Aujourd'hui, on arrive à ne plus mettre sur le même plan l'astrologie et l'astronomie. Qui plus est, cela n'empêche pas d'étudier l'astrologie, ou autres croyances, dans une perspective anthropologique ou sociologique (qui sont tout à fait scientifiques, je ne comprend pas bien pourquoi certain⋅es en rejettent ainsi ce caractère). Aussi, la littérature, la philosophie, la politique, etc. N'ont pas besoin d'être "scientifiques" pour apporter des choses intéressantes à la pensée. D'ailleurs il est crucial de faire la distinction, les techno-scientistes libérax ont bien tendance à nous dire "nan, mais vous êtes dans l'idéologie et c'est pas bien, c'est pas rationnel", et qu'ils se pensent au dessus de la mêlée et libérés de toute idéologie.

2) Je n'ai pas bien compris. Le critère de réfutabilité, en gros ça consiste à dire en amont : voilà si j'observe ceci ou que je tombe sur tel résultat, alors ma théorie est fausse. En vrai c'est plus compliqué et c'est ps le résultat d'une expérience ou confrontée à un obstacle qu'une théorie donnée est acceptée ou rejetée, d'autant que plusieurs théories concurtrentes peuvent exister simultanément, et sans parler des autres critères (sociaux, économiques, culturels, qui jouent sur la popularité d'une théorie face à une autre). Sur le côté "flou théorique", le "magma phénoménologique" que vous évoquez, je ne vois toujours pas en quoi cette dialectique est spécifique aux théories dites "scientifiques". Ça me parait être un truc présent partout (y compris philosophie, littérature, occultisme, ...)

3) Oui, sur la réfutation, Popper cite Kant et sa distinction entre les propositions analytique (dont ont peut évaluer la validité par la seule logique) des propositions synthétiques (la logique ne suffit pas : contexte, observation, etc.). De mon approche, j'ai justement tendance à penser que les théories purement logiques/abstraites (mathématiques, mais aussi théologie, métaphysique, etc.) ne sont pas des sciences. Je pourrais développer pas mal sur les mathématiques (ma discipline préférée) mais bon ça risque d'être long et décousu. Donc effectivement, je ne les range pas parmi les sciences. L'aller retour entre théorie et expérimentation me parait structurant dans les définitions que j'emploie pour la science (et je crois ne pas être le seul, ça ne sort pas juste de mon opinion, mais il faudrait que je continue mes recherches).

Si vous avez des exemples sur les trucs "moins coûteux et tout aussi opérants", ça m'intéresse pour comprendre votre propos.


Je ne vais pas trop développer l'ensemble des raisons pour lesquelles il me semble important que nous soyons nombreux à exprimer publiquement des désaccords vis à vis d'un certain rapport à la connaissance et aux science chez certains écologistes. Et ce n'est pas pour dire "oh mais vous êtes trop cons de penser ça", même si certains le prennent comme ça. D'ailleurs je suis complètement ok sur le fait de respecter la famille et les proches des personnes décédées même si on a des critiques à exprimer sur ses positions, et je ne suis pas du tout à l'aise avec les propos du type "super, un gourou en moins". Pour autant je suis complètement d'accord avec un certain nombre des critiques faites à l'encontre du monsieur.


NB : je ne pense pas poursuivre ici cet échange ma foi fort intéressant. J'ai une certaine radicalité sur le sujet, étant moi-même un "décroyant" (ce qui est 100% subjectif !)

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Oui, c'est plus une affinité qu'une affiliation. De même que pour l'anthroposophie. A ma connaissance, Rabbhi n'était pas anthroposophe. Et il a sûrement fait de son mieux avec ce qu'il avait. Il n'empêche qu'il a fait la promotion de la biodynamie et qu'on peut le critiquer pour cela. Il a posé de bonnes questions. Une partie des réponses apportées sont critiquables.

Un texte de Marie Monique Robin qui soutient Rabhi et la biodynamie :

https://blog.m2rfilms.com/lattaque-du-monde-diplo-contre-pierre-rabhi-et-la-biodynamie/

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Oui alors il y a le passage qui cite Dumont : "« Pierre Rabhi a présenté le compost comme une sorte de “potion magique” et jeté l’anathème sur les engrais chimiques, et même sur les fumiers et purins. Il enseignait encore que les vibrations des astres et les phases de la Lune jouaient un rôle essentiel en agriculture et propageait les thèses antiscientifiques de Steiner, tout en condamnant [Louis] Pasteur. » "


Un peu ici : https://veritesteiner.wordpress.com/2014/03/13/pierre-rabhi-la-biodynamie-et-lanthroposophie/


Donc oui il était affinitaire et a fait la promotion de cet "univers".

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Et parmi "les amis" qui signent le texte sur Reporterre, il y a des biodynamistes et promoteurs de Steiner (comme le couple Bourguignon par exemple). Par contre je n'en ferais pas un argument qui ne serait qu'un déshonneur par association.

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On peut aussi avoir mauvaise réputation quand on ne suit pas la voie de la biodynamie ...


Et je dis que ce n'est pas un argument mais un élément de contexte.


Ah tiens et une autre source encore : https://twitter.com/ChocMeta/status/1467475101532704773

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Non, il y a une citation de Rabhi (dans le texte !). Maintenant, vous avez eu quelques source. Si vous voulez rester dans la mauvaise foi et le déni, libre à vous.

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Ah ! Et j'oubliais quand même un truc super important il me semble : "avant l'avénement de la pensée scientifique". En fait je ne crois pas qu'il y ait vraiement un avant et un après l'avènement de la science. Il n'y a pas eu un "pop" qui est arrivé comme ça. C'est un processus historique (pas spécialement plus occidental, ni blanc, ni masculin que le développement de la musique, au passage) qui traverse d'une part toutes les époques, et d'autres part toutes les cultures. J'aime bien ce que dit Susan Haack sur l'activité scientifique, sur le fait qu'il ne s'agisse pas d'une activité qualitativement différente de ce que font les humains quand ils recherchent à résoudre un problème. C'est juste un raffinement et une institutionnalisation d'une pratique ordinaire et partagée par toutes et tous (source : https://cortecs.org/non-classe/susan-haack-la-metaphore-des-mots-croises-et-le-bras-long-du-sens-commun/)

Et sur l'histoire des sciences qui n'est pas faite que par les vainqueurs, il y a un bouquin très intéressant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_populaire_des_sciences)

tout à fait d'accord sur ce point, ma formulation était simpliste.

Bonjour. J'ai grandi au milieu d'agriculteurs en biodynamie.

Et sinon sur le plan scientifique, je trouev le blog de cyril dgnr bien documenté au sujet de la biodynamie. En tout cas ça correspond à ce que je connais par ailleurs de la biodynamie https://cyril-dgnr.com/fr/introduction-generale

Oui il y a un vrai phénomène à interroger sur le fait de cracher publiquement sur un cadavre encore chaud. Quelle que soit la personnalité du défend, ça fait partie du respect de la dignité humaine, pour moi, de ne pas se réjouir de la mort de quelqu'un. J'ai été assez perplexe devant la teneur des messages dans les commentaires Mediapart lors de la mort de Tapie. Le fait que le passé resurgisse, le fait que des papiers très détaillés ressortent, avec une forte relativisation du héro, c'est une confrontation directe face à la légende imposée par la presse grand public. Il y a des réactions épidermiques à cette confrontation, qui sont amplifiées par la spontanéité de Twitter, et le manque de finesse habituel, exigé par les 280 caractères.

Je crois que c'est un raz-le-bol de deux choses: l'impression d'avoir été pris pour un idiot quand on lit le très bon article du Monde diplo (voir aussi le droit de réponse et son commentaire) avec un sentiment désormais au-delà de la méfiance envers les médias grand public. Et une prise de conscience politique du problème écologique, qui rend de plus en plus inacceptable les postures dépolitisées, voir qui les rend complices.


Fabrice Nicolino, qui écrit dans un journal où il est de bon ton de ricaner grassement sur le cadavre d'un enfant arabe, nous joue la grande scène du deux à propos du respect dû aux morts ...

Comment mieux démontrer que ceux qui voudraient que l'on occulte le côté réactionnaire de Pierre Rabhi le font parce que son "écologie" obscurantiste et parfaitement compatible avec le capitalisme leur convient très bien.


"Pierre Rabhi est mort. J'espère que son écologie sans ennemi aussi",

Tout en finesse et en délicatesse,. De la part de Médiapart, on n’est plus étonné.

"considère comme dangereuse pour l'avenir de l'humanité la validation de la famille «homosexuelle» alors que par définition cette relation est inféconde".

Conservatisme parait plus pertinent qu’homophobe

"l'écologie telle qu'elle se réinvente aujourd'hui, féministe et urbaine",

Pas compris

Finalement la lecture de l’article du Monde Diplo et celle de F Nicolino permet d’avoir une idée plus précise du personnage

(https://www.monde-diplomatique.fr/2018/08/MALET/58981

http://fabrice-nicolino.com/?p=5307)

« Son écologie colle à la ligne centre gauche d'Inter. »

Ah bon ! Quel scoop ! Relire https://blog.mondediplo.net/france-inter-comme-les-autres


Merci pour ce papier riche qui permet de sortir des postures et des jugements binaires. J'ai quand même l'impression que si l'AFP avait fait un paragraphe supplémentaire pour équilibrer sa dépêche, on se serait passé de la plupart des postures "génie v/s salaud" qui ont déferlé ensuite. Bien sûr, la machine à polariser qu'est Twitter méritait ici d'être décortiquée (merci! )  mais au final on est quand même dans le cas classique d'un média classique qui, initialement, ne fait pas le boulot correctement, non ? Et cela nous dit quand même beaucoup sur l'ancien monde média qui continue à donner le ton au nouveau, même en creux.

Aujourd'hui, le champ des pensées dites "acceptables" évolue très vite, pour ne pas dire qu'il se réduit. Toute personne développant une pensée un peu profonde, constante et cohérente va à un moment dire et penser des conneries, voire simplement sortir des cadres du moment. Est-ce pour autant nécessaire d'excommunier les gens comme ça ? A la fin il ne risque de rester plus grand monde dans les gens fréquentables... uniquement des gens qui ne pensent pas ?


Je suis un peu agacé par l'énergie que met la gauche à s'auto-détruire. On préfère combattre son camarade parce qu'il ne pense pas comme il faut, là où il faudrait agir sur l'essentiel pour lequel on est globalement d'accord. En face, à droite, ils ne se posent pas ce genre de problème, c'est pour cela qu'ils apparaissent plus cohérents et qu'ils gagnent à peu près 95% des élections. Et nous on continue de défoncer avec ardeur les gens de notre famille de pensée qui proposent quelque chose, même imparfait...

Merci pour cet article très complet et équilibré, pour qui n'a pas suivi le personnage mais n'a pas apprécié non plus le concert de louanges UNANIMES (et c'est bien le problème cette absence de nuances initiale) qui a suivi sa mort.
Un papier utile.

Attention : Reductio at Lepenium ! Quand Jean-Marie Lepen mourra il faudra patienter combien de temps en disant que c’était un père et un grand-père aimant avant de dire que c’était un tortionnaire raciste ?

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