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Pourquoi la mort de Rabhi a secoué les journalistes

Pour les rares journalistes qui se sont intéressés à l'environnement quand tout le monde s'en fichait, dans les années 1990 et 2000, l'agro-écologiste Pierre Rabhi constitua, avec d'autres, une sorte de phare dans la nuit. Mais pour de nombreux autres, souvent plus jeunes que les premiers, Rabhi est surtout ce ruraliste étroit aux accents homophobes. La fracture est pour beaucoup dans l'ébullition qui a saisi Twitter et Facebook quelques heures après sa mort, le 4 décembre dernier. Retour sur quelques batailles rangées ou feutrées, côté réseaux sociaux et côté médias.

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Je trouve dommage de ne pas avoir évoqué un pan important des critiques contre Pierre Rabhi : outre ses positions réactionnaires, il fait également la promotion de pseudo-sciences (biodynamie notamment), et n'a pour ainsi dire pas contribué aux conna(...)

Merci pour ce papier riche qui permet de sortir des postures et des jugements binaires. J'ai quand même l'impression que si l'AFP avait fait un paragraphe supplémentaire pour équilibrer sa dépêche, on se serait passé de la plupart des postures "génie(...)

Attention : Reductio at Lepenium ! Quand Jean-Marie Lepen mourra il faudra patienter combien de temps en disant que c’était un père et un grand-père aimant avant de dire que c’était un tortionnaire raciste ?

Derniers commentaires

Fallait-il diaboliser Pierre Rabhi ? Franchement !!!
Toutes ces attaques sont d'une violence extrême que je ne trouvais jusque-là qu'à l'extrême droite.
Et moi c'est ça qui me fait flipper !!!

A notre belle époque qui se revendique des Lumières, un homme qui n'approuve pas l'adoption d'enfants par un couple homosexuel est qualifié, comme une évidence, d'homophobe. Un homme qui parle de complémentarité à propos des hommes et des femmes est, forcément, "misogyne". Il est entré, sans espoir de rémission, dans le camps du Mal, puisqu'il ne rentre plus dans toutes les cases de la Sainte Pensée de Gauche. Mon dieu (ou qui que ce soit), rendez un peu de tolérance à notre monde, et que cette gauche recroquevillée sur sa tyrannique idée du Bien respire un bon coup l'air du large! On étouuuuffe!

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La critique sur l'homophobie ce n'est que la partie émérgé de l'iceberg. Le problème de fond c'est la promotion d'un écologie dépolitisante; debarassée d'analyse des structures de dominations; sans parler de la promotion d'un mouvement sectaire et obscurantiste; à savoir l'anthroposophie. Si on ajoute à ça les "révelations" de Malet sur ses liens avec des intellectuels Maurassiens et les milieux cathos tradis; l'homophobie n'est pas une "contradiction" comme le dit la journaliste de mediapart; c'est en tout point cohérent avec le bonhomme. Les visions pronées par l'antropophie dépassent largement le cadre de Rabhi et des colibris; puisque la biodynamie est très à la mode en ce moment (c'est d'ailleurs pour l'antroposophie et ses succursales "weleda" et le label "nature et progrès" un business rentable); accompagné de tout un discours mystifiant sur le retour à la nature et la dichotomie naturel/artificiel; absolument nocif et qui fait beaucoup de dégats dans les visions de l'écologie à gauche; et qui a entrainé tout naturellement une partie de ce petit monde sur les pentes des discours antivax et complotistes autour du covid.

Les discours antivax sont présents dans une composante de l'écologie depuis les années 70 au moins. Ils n'ont été que réactualisés à l'aune de la crise du covid.

oui; disons qu'ils étaient plus discrets; et que là ils ont touchés un nouveau public.

M'en parle pas. J'étais antivax et ça me fait mal de voir tous ces gens tomber dans les mares de caca dont j'ai réussi à me sortir.

Pour caricaturer, avec Rabhi on touche au monde du processus du changement vers l'écologie de deux manières et par quel bout faut il prendre la chose ?

Par le "change toi toi même" et le monde changera de lui même. Ou par l'écologie politique, dussions nous imaginer d aller jusqu'à la violence? troisième voie placer le curseur au milieu des deux. J'ai toujours pas la réponse...

 

C'est à Couthures sur Garonne lors du deuxième festival du journalisme international que j'ai fait connaissance avec le "colibrisme". Par quelqu'un qui te parle d'humanisme, de faire les choses autrement et surtout qui sait raconter les histoires, ça en jette. Et le temps a passé... Aujourd'hui, je me dis que le colibri à vouloir "faire sa part" face à un truc qui le dépasse a fini cramé. Paix à son âme....
Je me pose aussi la question de savoir à combien de jours, d'heures et de minutes, il est décent de parler librement de quelqu'un de décédé. Et quelle est la décence d'imposer sans nuance la célébration de ce quelqu'un à tous les autres ?
Je suis comme ça, je me pose des tas de questions.

Pour en revenir au colibrisme, des gens se sont emparés sincèrement du "faire sa part", ont essayé de faire bouger les choses à leur petit niveau, sur leur lieu de travail, dans leur quartier, dans leur cercle familial, ou de potes. Il ne s'agit pas de Rabhi. Il s'agit d'une multitude, d'une diversité  de personnes qui ont tenté des trucs et qui sont parti en quête de sens. Alors c'est beau, hein, la success story d'une personne. Mais la réussite, c'est rarement un gus tout seul. C'est un enchainement, des complémentarités, des convergences. Pas un type qui pense pour tout le monde et qu'on suit aveuglément tellement il est lumineux.  Si on veut changer quelque chose, il faut peut-être aussi changer cette façon de célébrer le génie plutôt que le collectif, célébrer le chef, plutôt que l'équipe, célébrer le cerveau plutôt que les petites mains. C'est peut-être ça le problème actuel. Ceux qui célèbrent les premiers de cordées, oublient qu'il n'y a pas de cordées sans d'autres personnes derrière ledit premier. Célébrer un beau chemin en oubliant les défricheurs, les ouvreurs de voies, c'est comme fonder son monde sur l'ignorance et ne s'intéresser qu'au résultat...  Moi je ne veux pas de ce monde-là. J'en ai marre des gourous, ou de ces maîtres à penser qui t'expliquent comment te comporter, et qui ne s'appliquent pas leurs propres prescriptions. Et j'en ai marre qu'on continue de parler de droite et de gauche, alors que clairement, aujourd'hui le choix est entre ceux qui  veulent changer le système et ceux qui ne veulent pas. 

Par peur, par confort, parce qu'ils sont en haut de l'échelle et qu'ils n'ont aucune envie de redescendre. Le changement, on ne va pas l'attendre éternellement. Alors s'ils pouvaient remballer leur épouvantail médiatique, là, le Z, pour qu'on puisse avoir enfin quelque chose qui ressemble à un débat démocratique. C'est trop demander ? Parce que,  juste comme ça, ce débat, il aura lieux avec ou sans eux. Les lubies de milliardaires, on est beaucoup à s'en taper royalement. Comme les états d'âme des présentateurs vedettes et des "journalistes" de salon. Ce serait bien que le réveil ce soit maintenant. On peut rêver hein :) D'ailleurs, il y a quelqu'un qui a dit "la passion et les rêves sont comme le temps, rien ne peut les arrêter, et il en sera ainsi tant qu'il y aura des hommes prêts à donner un sens au mot liberté". J'adore cette phrase, et du coup, je ne vois aucune raison de m'arrêter de rêver...

Juste un petit truc au passage, concernant la nécessité d'un "délai de décence". Moi, je suis pour, mais à condition que ce délai soit respecter aussi par les panégyristes. Parce qu'entendre encenser à longueur de temps quelqu'un d'aussi... discutable, disons, au bout d'un moment, c'est insupportable ! Il est évident que ça appelle des réponses de la part de ceux qui ne partagent pas l'admiration pour Rabhi.

Cette dispute signale l'incapacité à ne pas pouvoir être autrement que totalement pour ou totalement contre une personne. France culture propose une série d'entretiens qui abordent les forces et les faiblesses de la réflexion de Pierre Rabhi : Pierre Rabhi, l’homme colibri (5 épisodes)


Ce que des gens de gauche, humanistes, écologistes, décroissants, sont capables de s'envoyer comme injures sur Twitter sur l'usage du mot conservateur est inouï. Cette violence, c'est quoi ? C'est un projet de société ?


Alors comme quoi, même si je ne suis pas d'accord, je m'en fiche un peu de son avis reac sur la famille (ça n'a pas grand chose à voir avec l'agriculture, à prioiri), mais alors les discours ésotériques et les bullshits antroposophiques sont un vrai problème dans l'émergence des pseudo-sciences et dans le rapport des humains à l'agriculture (et en général, au réel). C'est pas parce qu'on a une conscience écologique et qu'on est contre le modèle agro-industriel qu'il faut épouser des thèses complètement farfelues qui ne reposent sur rien de rationnel...

il y a aussi toutes les derives des gens  formant les "colibris" J' ai reçu d' une personne qui se reclame de la " transition interieure" et   des colibris une lettre à avoir sur soi " pour  ne pas etre hospitalisé en cas de covid"  au nom de la liberté  etde la non dangerosité de la chose "  " mais à etre hospitalisé en cas d ' acccident ou infarctus " .... !!!! bon les derives sont elles inherentes à la pensée de Rabhi, ou  etait il trop vieux pour s' en occuper , ou bien les accueuillait il avec sympathie ???

"En 2017, changement de ton : un article s'appuyant sur l'enquête du Monde diplomatique"


L'enquête du Monde Diplomatique date de 2018, non ?

Et maintenant,  Rabhi  va vous faire danser chanter et vous engueuler !

Le cas Rabhi polarise car il agit sur une concentration de lignes de fracture de la Gauche (et en particulier du mouvement ecologiste) assez fondamentales :

- Science vs. Pseudo-science (qui recoupe EN PARTIE la ligne vax/antivax)
- Luttes collectives vs. action individuelle
- Marxisme vs. Spiritualite

et ainsi de suite.

Pour beaucoup de monde, il semble etre tres urgent de proceder a une clarification ideologique. Le moment est difficile, car les echeances electorales incitent a chercher l'unite a tout prix entre les differentes chapelles.

Mais il est egalement clair que l'unite a tout prix, en particulier au prix de la clarte ideologique n'est pas pour rien dans l'etat actuel de la Gauche, qui a deja tant souffert d'avoir ignore la cassure entre gauche de gauche et gauche de droite pendant quarante ans.

Evidement, la droite a elle aussi ses brisures, mais un facteur d'unite puissant : l'interet des capitalistes.

Très intéressant, mais quid de l'anthroposophie ?

Je n'ai pas ouvert tous les liens, mais je me suis étonnée, dès l'annonce de cette mort, de la déferlante médiatique , essentiellement axée sur l'opposition au côté "conservateur", "mysogine"et "homophobe" de Pierre Rabhi. Par contre, très peu de choses sur "l'exploitation" des nombreux stagiaires et bénévoles qui venaient faire tourner la ferme.
Mais au-delà de ces batailles, je m'étonne de cette déferlante qui n'a, à mon avis, pas eu lieu pour un autre personnage décédé récemment : Bernard Tapie. Je n'ai pas lu grand-chose sur ses escroqueries, les reprises et fermetures d'entreprises avec cortèges de licenciements à la clé, ses condamnations... en tous cas, même s'il y a eu des réactions, beaucoup moins que pour Rabhi.Et je m'interroge sur l'évolution de la société, qui semble évoluer du social vers le sociétal. La primauté du social passe au second plan, y compris dans le discours de "gauche", n'est-ce pas là son problème ou un de se problèmes, conduisant à l'abstention et au rejet du "politique" ?

J'ai longtemps acheté mes fromages de chèvre au stand de Rabhi aux Vans. Ma compagne m'a fait remarquer que c'était toujours la femme de Rabhi, ou ses filles, qui tenaient le stand. Chacun à sa place, Pierre dans les salons, madame au marché.

Je trouve dommage de ne pas avoir évoqué un pan important des critiques contre Pierre Rabhi : outre ses positions réactionnaires, il fait également la promotion de pseudo-sciences (biodynamie notamment), et n'a pour ainsi dire pas contribué aux connaissances en agro-écologie. Le fait également que plusieurs leaders des mouvements type "reinfo covid", très problématiques sur la pandémie, aient été fondés par des personnes issues des colibris de Rabhi (comme Louis Fouché, l'ex-médecin réanimateur aux discours très confus).
Il me semble que c'est un point central pour comprendre les dynamqieus à l'oeuvre en faveur d'une écologie politique qui ne soit pas confuse et anti-science comme elle l'a put l'être à la fin du siècle dernier (avec les mouvements antivaccins, ou en faveurs des pseudo-médecines  et pseudo-sciences). Mais au contraire en faveur d'une agroécologie scientifique, politique, rationnelle et anticapitaliste. Et oui, il y a des mouvements de fond sur ces sujets là.

NB : j'étais très adhérent à Rabhi et ces discours il y a quelques années avant de réaliser que les sous-bassements de ces pensées sont assez friables.

Oui il y a un vrai phénomène à interroger sur le fait de cracher publiquement sur un cadavre encore chaud. Quelle que soit la personnalité du défend, ça fait partie du respect de la dignité humaine, pour moi, de ne pas se réjouir de la mort de quelqu'un. J'ai été assez perplexe devant la teneur des messages dans les commentaires Mediapart lors de la mort de Tapie. Le fait que le passé resurgisse, le fait que des papiers très détaillés ressortent, avec une forte relativisation du héro, c'est une confrontation directe face à la légende imposée par la presse grand public. Il y a des réactions épidermiques à cette confrontation, qui sont amplifiées par la spontanéité de Twitter, et le manque de finesse habituel, exigé par les 280 caractères.

Je crois que c'est un raz-le-bol de deux choses: l'impression d'avoir été pris pour un idiot quand on lit le très bon article du Monde diplo (voir aussi le droit de réponse et son commentaire) avec un sentiment désormais au-delà de la méfiance envers les médias grand public. Et une prise de conscience politique du problème écologique, qui rend de plus en plus inacceptable les postures dépolitisées, voir qui les rend complices.


Fabrice Nicolino, qui écrit dans un journal où il est de bon ton de ricaner grassement sur le cadavre d'un enfant arabe, nous joue la grande scène du deux à propos du respect dû aux morts ...

Comment mieux démontrer que ceux qui voudraient que l'on occulte le côté réactionnaire de Pierre Rabhi le font parce que son "écologie" obscurantiste et parfaitement compatible avec le capitalisme leur convient très bien.


"Pierre Rabhi est mort. J'espère que son écologie sans ennemi aussi",

Tout en finesse et en délicatesse,. De la part de Médiapart, on n’est plus étonné.

"considère comme dangereuse pour l'avenir de l'humanité la validation de la famille «homosexuelle» alors que par définition cette relation est inféconde".

Conservatisme parait plus pertinent qu’homophobe

"l'écologie telle qu'elle se réinvente aujourd'hui, féministe et urbaine",

Pas compris

Finalement la lecture de l’article du Monde Diplo et celle de F Nicolino permet d’avoir une idée plus précise du personnage

(https://www.monde-diplomatique.fr/2018/08/MALET/58981

http://fabrice-nicolino.com/?p=5307)

« Son écologie colle à la ligne centre gauche d'Inter. »

Ah bon ! Quel scoop ! Relire https://blog.mondediplo.net/france-inter-comme-les-autres


Merci pour ce papier riche qui permet de sortir des postures et des jugements binaires. J'ai quand même l'impression que si l'AFP avait fait un paragraphe supplémentaire pour équilibrer sa dépêche, on se serait passé de la plupart des postures "génie v/s salaud" qui ont déferlé ensuite. Bien sûr, la machine à polariser qu'est Twitter méritait ici d'être décortiquée (merci! )  mais au final on est quand même dans le cas classique d'un média classique qui, initialement, ne fait pas le boulot correctement, non ? Et cela nous dit quand même beaucoup sur l'ancien monde média qui continue à donner le ton au nouveau, même en creux.

Aujourd'hui, le champ des pensées dites "acceptables" évolue très vite, pour ne pas dire qu'il se réduit. Toute personne développant une pensée un peu profonde, constante et cohérente va à un moment dire et penser des conneries, voire simplement sortir des cadres du moment. Est-ce pour autant nécessaire d'excommunier les gens comme ça ? A la fin il ne risque de rester plus grand monde dans les gens fréquentables... uniquement des gens qui ne pensent pas ?


Je suis un peu agacé par l'énergie que met la gauche à s'auto-détruire. On préfère combattre son camarade parce qu'il ne pense pas comme il faut, là où il faudrait agir sur l'essentiel pour lequel on est globalement d'accord. En face, à droite, ils ne se posent pas ce genre de problème, c'est pour cela qu'ils apparaissent plus cohérents et qu'ils gagnent à peu près 95% des élections. Et nous on continue de défoncer avec ardeur les gens de notre famille de pensée qui proposent quelque chose, même imparfait...

Merci pour cet article très complet et équilibré, pour qui n'a pas suivi le personnage mais n'a pas apprécié non plus le concert de louanges UNANIMES (et c'est bien le problème cette absence de nuances initiale) qui a suivi sa mort.
Un papier utile.

Attention : Reductio at Lepenium ! Quand Jean-Marie Lepen mourra il faudra patienter combien de temps en disant que c’était un père et un grand-père aimant avant de dire que c’était un tortionnaire raciste ?

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