Ma journée sans carnet de notes avec Acrimed
La deuxième Journée de la critique des médias organisée ce samedi par Acrimed aurait pu être un énième rendez-vous où les médias indépendants disent tout le mal possible – et nécessaire – sur les médias aux mains des industriels. Mais non. Au-delà des coups de gueule traditionnels contre le JT de France 2 et les chroniques de Dominique Seux, s’est dessiné en creux le besoin impérieux de faire fi de nos divergences pour résister et proposer une information sans concession. Au moins, je l'ai senti ainsi.
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Je résume mon propos en début de post, pour avoir une chance d’être classé « d’utilité publique » : j'ai l'impression d'assister impuissant à la disruption progressive et inéluctable d'@si, faute pour vous d’avoir réussi à être l’instigateur (merci à Ambiorix de me prêter ce mot) ou le souffleur de cette « bulle de résistance » dont vous parlez. Vous avez me semble-t-il deux problèmes : votre positionnement dans cette bulle des médias indépendants n’est pas clair et vous ne faites pas assez de pédagogie, en particulier pour les jeunes adultes.
Merci Anne-Sophie pour votre honnêteté et pour ce compte-rendu au débotté alors que vous n’étiez pas partie à ce forum pour le relater.
Anne-Sophie, je suis abonné d'@si depuis longtemps (ainsi qu'à Mediapart, Hors Série et CQFD, je n'ai hélas pas de temps pour davantage) et j'ai l'impression d'assister impuissant à la disruption progressive et inéluctable d'@si.
Je visite @si de plus en plus épisodiquement. Souvent pour que vous m'aiguilliez vers d'autres sites ou articles que je n'aurais pas vus.
J'ai 41 ans, avec moi-aussi une ado à la maison et une petite boîte à faire tourner. Je réfléchis aux moyens d’éviter la disruption dans ma vie professionnelle et à ceux de transmettre une culture critique et engagée à mes enfants.
Cela date sans doute des premiers bugs de l'appli @si vers 2011-2012 (avant même que vous n'abandonniez complètement l'espoir de maintenir à jour votre appli, en passant en loucedé au « responsive design » dans la chaleur de l’été 2014, sans nous demander notre avis) : j'ai su que je ne pourrais pas compter sur vous pour tout faire pour rajeunir votre public/ lectorat / « internaurat ».
Or ceux qui manifestent et qui changent les choses, ce n'est plus ma génération : trop occupée à ramener du bacon à la maison. C’est celle de mon ado. Et mon ado ne lit pas la presse, il surfe. Sur son smartphone la plupart du temps.
Fin février, j'étais encore en mission à l'étranger et je cherchais un moyen d’éveiller ma petite ado à la révolte contre la loi Travail, sans vraiment pouvoir discuter avec elle de visu. Mon ado termine sa troisième ; elle se dit de gauche comme papa mais n’a pas vraiment l’occasion de se positionner sur les débats de société. Je n’ai pas trop envie de la conditionner… mais un peu quand même ?. Et puis elle est déléguée de classe, donc elle n’a pas peur de parler devant les autres. Via Whatsapp, je lui ai envoyé un article de Médiapart, des vidéos de Monsieur Troll (http://youtu.be/YBdvutKn1jQ) et Osons Causer (http://youtu.be/D2dcIxzYdWE). En commençant par ce que j’ai estimé le plus digeste pour éveiller son appétit, ce petit manga détourné : https://youtu.be/oS2vsuxuONI
Sans surprise, elle n’a pas lu l’article de Mediapart mais elle a visionné toutes les vidéos. Ca a donc bien marché, elle se passionne maintenant pour le sujet loi Travail et elle anime des débats avec ses camarades.
Moi aussi, Anne-Sophie, mon ado me montrait depuis longtemps les pochades de youtubeurs, que je n’estimais pas assez engagés pour être pris au sérieux (Cyprien et autres). Là, je constate un basculement et j’applaudis.
Ce qui m’amène à vous, ou plutôt à nous (@si et moi en tant qu’abonné).
Voici les questions que je me pose, désolé c’est pêle-mêle :
Pourquoi est-ce Acrimed qui est à l’origine de ce forum sur la critique des médias ? Pourquoi est-ce chez Plenel que toute la presse indépendante s’est retrouvée le soir d’après Charlie ? Pourquoi avez-vous abandonné l’essentiel de votre curiosité pour les médias « jeunes » depuis le départ de Guy Birenbaum ? Pourquoi tout ce que vous trouvez à dire à Usul est-il : « le jour où il fait une vidéo ratée, on lui dira » ?
Pourquoi avez-vous renoncé à décortiquer les sujets les plus complexes sous votre angle à vous (ex : l’international, que vous laissez aux spécialistes alors que vous devriez donner une place chez vous à des gens excellents sur l’Afrique comme par exemple Christophe Courtin, Bruno Jaffré, Sabine Cessou ; le dérèglement climatique que vous laissez à d’autres comme Hervé Kempf ou Jade Lindgaard, très bons par ailleurs mais qui ont un angle différent qui ne serait pas le vôtre) ?
Pourquoi est-ce toujours les autres qui réussissent de gros buzz sur des sujets importantissimes (que ce soit la superstar Arfi ou des gens plus low profile, comme le dernier en date : Fakir et François Ruffin) ? Daniel a beau jeu de s’offusquer de n’être invité que pour des débats télévisés foireux (http://www.arretsurimages.net/chroniques/2016-03-15/Pourquoi-je-ne-suis-pas-alle-debattre-sur-les-debats-id8556), il ne montre pas qu’il peut susciter ou instiguer autre chose sur @si. Donc il ne réussit pas à changer l’image d’@si.
Je pense que votre problème dans le paysage des médias critiques et indépendants est de 2 ordres :
1) Marketing : votre positionnement n’est pas clair dans cette « bulle », on ne sait pas où vous voulez en venir, toujours entre deux chaises entre la critique objective et le point de vue engagé. Alors que vous être parmi les dinosaures de la critique médias avec Henri Maler, et donc avez acquis au fil des décennies une crédibilité qui n’est pas assez mise à profit des jeunes adultes qui découvrent aujourd’hui les risques de l’endoctrinement des médias dominants.
Pour moi, Gontier qui annonce « "dans la vie je n’avais pas envie de faire Daniel Schneidermann", il faut le prendre au mot. « Faire Daniel Schneidermann » en 2016, ce devrait être avoir réussi à attirer Usul et sur son antenne, au moins quand ils se lançait ! Pas continuer de recuire les débats d’hier avec Acrimed.
2) Pédagogique. C’est donc aussi le mien, vous l’avez compris. Anne-Sophie, ce que vous écrivez ici me fait penser à votre article un peu naïf et trop enthousiaste sur la Ruche qui dit Oui, que j’avais commenté l’an dernier : pas assez de travail d‘enquête de terrain pour produire un avis assez juste, assez explicatif ou assez engagé sur la question. C’est en tous cas mon attente personnelle vis-à-vis d’@si.
Anne-Sophie, vous étiez pourtant bien partie, je suivais avec passion votre plongée de néophyte en économie, lors des crises UE-Grèce. J’aimais beaucoup votre ton faussement naïf et votre effort pour vous approvisionner aux sources les plus iconoclastes et rendre digeste et clair ce qui ne l’était pas. C’était exactement ce qu’il aurait fallu poursuivre. Pourquoi avoir arrêté ? Pourquoi avoir abandonné votre particularité ?
Pourquoi est-ce Usul ou Ludo Torbey qui expliquent aujourd’hui de manière intelligible et grand public les théories sociologiques ou les courants de pensée dont on a le plus besoin aujourd’hui ? Davantage de Justine Brabant, please ! Et où est passée Laure, au fait ?
Est-ce l’angle alpha de vos plus jeunes journalistes (copyright Lordon aux bons soins de Judith, repris par Usul dans une vidéo excellente et récente, intitulée l’Economiste) que Daniel n’autorise pas à ouvrir ?
Désolé, je suis déçu. Ca doit sonner un peu défaitiste, ça ne l’est pas. Mais vous étiez les premiers et vous vous êtes fait doubler. Et je suis obnubilé par l’idée de transmission en ce moment. Or je vois qu’Usul, Ludo ou d’autres jeunes vous jugent crédibles puisqu’ils viennent chez vous, de même que des dinos comme Joxe ou Chevènement. Donc je me dis que vous avez un rôle et un devoir de passeur, que vous n’exercez pas à votre juste mesure.
S'il faut se présenter je dirais juste que je suis trentenaire et que chez moi et dans mon entourage les enfants n'ont pas plus de 5ans... Un autre contexte donc.
Pour ma part la position d'@si est très claire : Analyse et critique des médias. C'est tout. Avec un regard porté depuis un rivage très à gauche. ça c'est le petit plus qui me le rend sympathique.
Pour ma part @si ne doit surtout pas viser un public d'ado, mais d'adultes qui veulent trouver un regard décalé sur les médias d'aujourd'hui. Pour ça, je suis très satisfait en ce moment d'@si. J'ai pris une claque avec la dernière classe télé, la rencontre lordon/ruffin était très attendue, super fil rouge sur les attentats et en ce moment sur la loi travail. Je ne regarde pas toutes les émissions, je lis par contre tous les articles et je participe au forum quand j'ai un peu de temps.
Voilà, je suis plutôt content de son fonctionnement actuel, même si c'est vrai j'ai un peu la nostalgie des premières émissions (ligne jaune, aux sources, dans le texte). Mais je trouve bien que ces émissions soient étroitement associées à un journaliste et qu'elles s'arrêtent quand le journaliste en question décide de partir. ça montre que DS laisse son équipe mener à fond ses projets sans faire de la récupération derrière.
Ensuite @si a un rôle émancipateur plus qu'éducateur. Je m'explique. Comme dit plus haut, je me fous que les ados viennent sur @si. Par contre, je fais tout pour que des gens de mon entourage et de tout âge viennent voir ce qui s'y passe. En particulier quand ils commencent à (re)développer un esprit critique sur notre société et comment les médias traditionnels participent directement au maintien de la société actuelle.
Pour ça @si est un graal. J'y ai découvert Lordon, Ruffin, Friot, Lepage, Sapir, Berruyer, Usul (pour les citer en vrac)... Des gens que j'ai pu directement suivre ensuite dès mon entrée dans la vie active et sur lesquels j'ai pu construire mon propre avis (par ex je prends mes distances avec les propos de Sapir et de Berruyer, et je suis de plus en plus Ruffin et Fakir...). J'y ai trouvé de nouvelles stratégies économiques, de communication, la confrontation entre un monde nouveau et une préhistoire médiatique... Et je souhaite que mon entourage puisse y trouver les mêmes ressources, le même renouveau.
@si m'a vraiment aidé dans le développement de mon esprit militant en m'apportant les sources auxquelles j'ai pu m'abreuver. Sans ça je serai sûrement resté au niveau du "Tous pourris", résigné et aliéné !
Voilà, ça me semblait important de contrebalancer votre vision ultra pessimiste de ce site d'info qui en plus a le mérite d'avoir tarif d'abonnement très bas ! (contrairement au racket de mediapart et son affreuse politique de prise d'otage consistant à imposer un envoi de courrier pour résilier son abo !).
J'ai d'ailleurs vraiment envie de leur envoyer une capture d'écran du bouton "résilier mon abonnement" de Netflix pour leur montrer à quel point ça peut être simple (tout comme se ré-abonner d'ailleurs...).
Pour répondre pelle-mêle à quelques points : les émissions Au sources et Dans le texte sont toujours d'actualité sur le site partenaire. Cette semaine, Maja Neskovic a interviewé Jean-François Gallotte et c'était passionnant. Il y a quelques temps, c'était Ramzig Keucheyan que Judith Bernard rencontrait autour des thèmes lutte des classes et réchauffement climatique.
Ça fait un autre abonnement, mais le prix est tout aussi raisonnable.
Et pour répondre à Kolobok :
Et où est passée Laure, au fait ?
Il est facile de la retrouver...
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Quelque part, j'ai été impacté.
Le potentiel international existe, il n'y à qu'à l'explorer.
DS laisse parfois le champ libre à Justine pour traiter ses sujets de prédilection.
En attendant achetez le bouquin, édité par la Découverte (mode pub off :))
Les esquifs d'Asi, Acrimed, l'observatoire des sondages et d'autres sont bien trop frêles pour voguer à contre-courant en solitaire.
Dans le dossier TVA, vous avez senti le vent du boulet vous frôler.
De son côté Acrimed a eu des difficultés financières ainsi que l'observatoire des sondages.
La stratégie des dominants est l'asphyxie financière et l'épuisement énergétique des "indociles".
Pour résister, une des plus belles solutions est effectivement la coopération et la solidarité entre les intervenants indépendants. Soyez-en les instigateurs.
Une seule demande à vous faire : bras dessus, bras dessous , média indépendants, marchez, marchez, qu'une information de qualité abreuve nos esprits.
content de voir que la hache de guerre des vieilles rancunes est définitivement enterrée.
Je préfère voir arrêt sur images sortir de sa "réserve journalistique" (notamment dans les émissions, ce qui est de plus en plus fréquent), et accepte de regarder Usul, Fakir, Acrimed, comme des alliés et non comme des objets d'étude (bienveillante), plutôt que de s’intéresser à comment Cyprien ou EnjoyPheonix font du business sur youtube!
Enfin je dois être trop vieux et pas assez marxiste pour apprécier...