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L'art de rue de Banksy à New York

L'artiste de rue Banksy est à New York durant tout le mois d'octobre, chaque jour il y réalise un pochoir ou une installation. Les politiques crient au scandale, les New-yorkais suivent la chose avec curiosité, certains petits malins en tirent profit ; jetons un oeil…

Derniers commentaires

Chronique très intéressante (comme d'habitude) mais une référence au street art de Vitry su Seine aurait été la bienvenue. Et peut être même plus judicieuse qu'une référence à Paris ?
La ville en a tout de même fait sa vitrine officielle :

http://www.vitry94.fr/culture-sport/lart-est-dans-la-ville/street-art/
Djac Baweur, vous avez presque raison. Ecoutez Massenet plus attentivement ( je reconnais qu'il faut du courage) et vous vous étonnerez qu'il soit le seul du XIXème siècle dont on ne peut mémoriser un air d'opéra. ça signifie forcément kékchose, je sais pas quoi, mais kèkchose.
TZITZIMITL : Vous êtes très prolifique sur ce forum (où vous mélangez des tas de trucs mais je note que les droits d'auteur, finalement, vous en exigez parfois…), et je n'ai pas le temps de vous répondre en détail. Sachez seulement que des droits d'auteur, j'en perçois, pour ma part, depuis quarante ans. Sans eux, je ne serais pas là (« Ah quelle chance on a raté, là ! », s'exclameront certains dont j'ai les noms et les adresses).

Enfin brèfle, on pourra en causer autour d'un pot un de ces jours si ça vous dit. Mais là, je dois pondre un bouquin qui va me rapporter un petit peu d'avances sur droits avec lesquels je vais acheter des nouilles au supermarché dont le patron a une devise assez simpliste : « Voler des nouilles, c'est voler ! » Il est trop nul, ce patron de supermarché. Pas artistique pour un rond.
«Ernest Pignon-Ernest qui a tout inventé en ce domaine, n'a jamais copié personne.»

Si ! il a copié le photographe Étienne Carjat.
Pas mal le sphinx !
Une sphinge, ascii edition :
https://vimeo.com/64412828
La notion de plagiat pour de l'art de rue est assez absurde... Le concept de droit d'auteur est une invention récente, et ne se justifie que dans la parenthèse historique ou les artistes ont eu besoin d'industriels (producteurs, éditeurs, diffuseurs, etc...) pour faire l'intermédiaire avec leur public. Ils ont légitimement réclamé de contrôler ce que ces industriels faisaient de leurs œuvres, et de toucher une partie des bénéfices engrangés grâce à leurs créations.

Or non seulement cette parenthèse historique se referme avec Internet qui permet un contact direct entre les artistes et leur public (d'ou l'affolement des industriels face à la remise en cause de leur utilité), mais certains arts ne sont jamais rentrés dans ce système, et l'art de rue en fait partie. Si Banksy reste anonyme, c'est qu'il n'a aucune envie de réclamer des droits d'auteur. Il serait alors injuste de l'accuser de plagiat puisqu'il ne tire aucun bénéfice de ses "emprunts".

Aucun artiste ne crée à partir de rien, l'art fonctionne depuis toujours sur l'emprunt, la réinterprétation, le mélange d’œuvres précédentes, permettant ainsi l'émergence d'une sorte de création collective en permanente mutation. Les droits d'auteurs ont peut-être aidé les artistes à survivre, mais ils ont aussi fortement limité cet échange naturel et donc la création elle-même. Quand on sait par exemple que le principe même du blues ou du rock des origines (rockabilly) est basé sur une suite d'accords standardisés, imaginez le séisme si un bluesman ou un rockeur avait eu l'idée saugrenue de déposer cette suite d'accord et de réclamer des droits à tous les autres ! Imaginez que les auteurs originels de toutes les musiques traditionnelles, les auteurs des peintures rupestres ou des statuettes cultuelles du Monde aient réclamé des droits sur leurs œuvres ! L'art aurait été mort-né...
TZITZIMITL : À vous lire, je constate deux choses :

1/ Vous n'êtes pas auteur vous-même. (Les gens qui trouvent ridicule la notion de droit d'auteur ne le sont jamais, ou bien accidentellement. Ils ne vivent pas de leurs créations, ont un djobe à côté, normalement rémunéré. Consentiraient-ils à le pratiquer gratuitement ? Rien n'est moins sûr.)

2/ Vous ne connaissez pas le principe de base de la loi sur les droits d'auteur, qu'on appelle aujourd'hui Code de la propriété intellectuelle. Ce code précise que c'est la forme d'une oeuvre qui est protégée, et non son fond. Afin que personne ne s'arroge, par exemple, l'exclusivité des pièces de théâtre dans laquelle un amant est enfermé dans le placard. Ce sujet, ce fond, appartient à tous. Après, si un traitement de cet argument ressemble à un traitement précédent, alors il peut y avoir plagiat.
Dans votre exemple, une suite de trois accords de blouze constitue le fond appartenant à tous, et pas la forme. Et je vous rappellerai qu'il existe quelques procès pour plagiat dans le blouze, le roque, etc. Le plus célèbre étant le Sweet Little Sixteen de Chuck Berry, copié par les Beach Boys qui l'ont transformé en Surfin' USA. Ça leur a valu un procès que Chuck Berry a gagné. Votre argument est donc irrecevable.

Vous dites en outre que Banksy ne tire aucun bénéfice de ses "emprunts". De quoi vit-il, alors ? D'amour et d'eau fraîche ?
Enfin je vous suggère d'aller convaincre Blek le Rat qu'il est stupide et d'arrière-garde quand il râle contre les emprunts de Banksy...
Désolé vous vous êtes un peu raté sur vos constats...

1) Mon métier, c'est auteur-compositeur interprète. Mon site web est actuellement en rade, je ne peux donc pas vous y renvoyer, mais vous pouvez trouver quelques (vieux) concerts ici : ma chaîne Youtube
J'essaie d'en vivre et je n'ai aucune autre activité à côté (à part quelques cours de musique récemment). Comme je le disais le droit d'auteur est un invention récente (En France, le droit moral étant établit par jurisprudence durant le XIXème siècle, le droit patrimonial -l'argent- par une loi de 1957 et les droits voisins -pour les interprètes- en 1985). C'est donc bien qu'auparavant, les artistes vivaient d'autre chose. Ces autres choses, ce sont les représentations pour les métiers du spectacle (qui devraient être bien mieux rémunérés si la loi sur l'intermittence était respectée et si elle n'avait pas été détricotée par la droite), les ventes directes d’œuvres par les artistes sans intermédiaire (pour la sculpture, la peinture, etc), et pour les écrivains ou les auteurs non interprètes du spectacle, le mécénat (qu'il faudrait refonder, développer et démocratiser dans sa partie publique).
Actuellement, je peux vous assurer que l'immense majorité des artistes qui vivent de leur art ne vivent absolument pas du droit d'auteur, car les pourcentages touchés sur les ventes et les diffusions sont ridicules (à part en autoproduction). Les chiffres de ventes et diffusion nécessaires pour atteindre une somme permettant d'en vivre sont énormes, et ne sont atteints que par les stars. Les stars, donc, vivent essentiellement de leurs droits d'auteurs, c'est ce qui les distingue fondamentalement de la grande majorité des artistes, et c'est ce qui explique que ces stars soient si impliquées dans la défense d'Hadopi par exemple. Mais pour la masse des artistes, avec ou sans droits d'auteurs, ils vivent déjà et vivront toujours bien plus sur les représentations, les ventes directes et le mécénat.
La seule exception probable est celle des écrivains pour qui le mécénat s'est effondré au XXème siècle, et qui n'ont ni les représentations ni les ventes directes au public sans intermédiaire (comme les plasticiens) pour se rattraper. La principale conséquence en est le nombre très faible d'écrivains vivant de leur art, réservant ainsi le statut d'écrivain professionnel aux quelques stars vendant assez de livres pour vivre des droits d'auteur.

Au passage, pour les stars, le fait qu'ils vivent de leurs droits d'auteur a pour principale conséquence qu'après deux ou trois grands succès, ils deviennent des rentiers n'ayant plus besoin ni de créer ni de monter sur scène pour vivre. C'est assez paradoxal pour un dispositif sensé "soutenir la création"... Le droit d'auteur ne soutient pas la création, il rémunère la diffusion (qui en toute logique se situe après l'acte créatif). Or l'artiste fournit un travail lorsqu'il crée ou se produit sur scène, pas lorsque son oeuvre est diffusée en radio ou reprise par quelqu'un. Les artistes, selon ce système, devraient donc être les seuls travailleurs qu'on rémunère non pas pour leur travail mais pour l'utilisation qui en est faite ensuite, un peu comme si un menuisier était payé au pourcentage des recettes engendrées à chaque fois qu'on utilise un de ses meubles. Je pense que cette distinction et ce statut revendiqué de rentier a beaucoup fait de mal aux relations autrefois étroites entre le monde de l'art et celui des travailleurs.

2) J'ai très longuement étudié le droit d'auteur, j'ai eu l'occasion de faire des formations sur le sujet, simplement je n'ai pas le même avis que vous sur le sujet. Je diffuse tout ce que je fais sous licence libre, encourageant ainsi le libre partage de la culture et la libre création, tout en exigeant des droits d'auteurs aux intermédiaires quand je ne peux pas m'en passer, puisque oui, tant que les intermédiaires sont indispensables, et seulement dans ce cas, le droit d'auteur est justifié. Mais historiquement, le droit d'auteur a été créé clairement contre les industriels de l'art, et surement pas contre les autres artistes ou contre le public. C'est un dévoiement du but initial du droit d'auteur que de s'en servir pour interdire l'inspiration mutuelle entre artistes ou le libre partage de la culture par le public qui ne se fait pas d'argent en téléchargeant ou en partageant un mp3. La SACEM exige 8% des bénéfices lorsqu'une oeuvre est exploitée commercialement, et 8% de 0, ça fait 0. Exiger de l'argent des internautes qui partagent gratuitement des fichiers, c'est de l'escroquerie. Copier un fichier n'est PAS voler. Quand on vole un objet, on en prive quelqu'un. Quand on partage des œuvres, on diffuse de l'information. L'informatique, c'est au départ la science de l'information. Un fichier, c'est de l'information pure. Et ce qu'il y a de bien avec le partage de l'information, que ce soit par l'éducation, les médias, ou le partage de fichiers, c'est que celui qui donne une information ne perd rien. C'est pourquoi l'information ne peut pas être une marchandise comme les autres.

Votre distinction entre fond et forme est juste au départ, puisque effectivement en droit on ne protège pas une "idée" (quoique c'est ce qui se profile avec les brevets logiciels) mais une façon de la réaliser. L'exemple du théâtre et de l'amant dans le placard fonctionne donc. Par contre pour la musique ça ne marche pas, les trois accords de blues ne sont pas une idée ou un "fond" si vous préférez, c'est une forme, une façon de faire, et c'est donc bien ça qui est protégé par le droit d'auteur. l'idée ce serait plutôt "une chanson triste parlant des conditions de vie des noirs américains", ça, ça n'est pas protégé par le droit d'auteur, mais une suite d'accords, si.
Ce qu'on dépose à la SACEM, ce n'est pas une forme générale ou une "façon de faire", ce sont les paroles précises et les partitions précises. Si quelqu'un dépose à la SACEM les accord du blues, il peut théoriquement attaquer tous les bluesmen en justice. Mais évidemment l'état d'esprit général dans ces milieux évite que ce genre d'idées absurdes se concrétisent. Devant un tribunal, les formes seront prises en comptes pour juger du plagiat, mais ce n'est pas la loi qui définit ça, c'est simplement la liberté d'interprétation du droit par la justice.

En attendant la suite, une petite récréation, avec un medley d'une quarantaine de chansons composées avec les mêmes accords, toutes déposées à la SACEM par des artistes souvent soutiens d'Hadopi, et qui devraient donc de toute urgence s'attaquer tous entre eux s'ils suivaient réellement la loi et les statuts de la SACEM :
Medley, un hymne au droit d'auteur

Pour le procès de Chuck Berry contre les Beach Boys, bien joué, vous avez trouvé un contre-exemple. S'il a pu gagner son procès, c'est que l'ordre d’enchaînement des accords de la chanson est spécifique et n'est pas celui traditionnel des autres morceaux de rock, or les Beach Boys ont repris le même, et la ligne de chant est identique également (celle-ci, encore heureux, varie normalement d'une chanson rock à l'autre). Ceci dit même s'il a gagné son procès, ça veut juste dire que l'hypothèse absurde que j'ai utilisée pour le blues s'est concrétisée pour un morceau de rock. Il a effectivement attaqué en justice et gagné, ça ne m'empêche pas de trouver ce jugement absurde (vous n'allez pas me dire que vous êtes d'accord avec tous les jugements de tribunaux quels qu'ils soient ?). Mais surtout il y a un problème avec votre exemple, c'est qu'il se déroule dans un pays ou le droit d'auteur n'existe pas ! C'est au nom du copyright que ce jugement a été prononcé, et le copyright est très différent du droit d'auteur pratiqué dans les pays non-anglo-saxons.

Sur Banksy, je serais intéressé de savoir comment il vit, donc si vous avez une hypothèse... en tous cas il ne vit certainement pas des droits d'auteurs puisqu'étant anonyme il ne peut pas adhérer à une société d'auteurs. Il ne vit pas non plus des ventes de ses œuvres qui se font à priori sans son intervention et avec des œuvres qu'il a d'abord offert gratuitement aux murs des villes ou déposé dans des musées. Alors soit (le plus probable) il vit du mécénat, soit il a un métier à côté.

Je serais ravi de discuter droits d'auteurs avec Blek le Rat. Et puis pour chacun des exemples d'emprunts que vous montrez dans l'article, je serais bien en peine de savoir s'il s'agit de plagiats volontaires, de plagiats inconscients, d'hommages, ou de simples hasards. Pour information il y a quelques années, j'avais dessiné une affiche pour un débat sur les libertés individuelles ou je représentais des gens avec une télé à la place de la tête, pourtant je n'ai découvert Banksy, et encore plus Blek le Rat, que des années plus tard (soit très récemment en fait ^^). Était-ce un plagiat, ou est-il possible que comme le dit Banksy, on puisse avoir une idée et s'apercevoir plus tard que d'autres ont eu la même ? A vrai dire l'idée de mettre des télés à la place des têtes ne me semblait pas franchement l'invention du siècle quand je l'ai fait...

Allez et pour mettre un peu de piment dans le débat, puisque vous me parlez d'arrière garde, avez-vous remarqué la moyenne d'âge des artistes qui défendent bec et ongles le droit d'auteur ? Y aurait-il un lien avec le fait que les gens plus âgés sont peu nombreux à comprendre vraiment ce qu'est Internet, et par voie de conséquence les bouleversements qu'il amène dans l'art ?
Je voudrais ajouter une chose car je ne voudrais pas que cet argument soit utilisé contre ce que je dis : La remise en cause du droit d'auteur et de la marchandisation de l'information ne remet pas en cause par exemple le fait de créer un site d'information payant. Car vous ne faites pas payer l'information elle-même (ou vous ne devriez pas si c'est comme ça que vous le pensez) mais votre travail d'enquête, d'écriture, de mise en forme et de diffusion. Et vous êtes d'ailleurs un bon exemple de ce que je dis sur la rémunération des créateurs, car au regard de la loi vous êtes des créateurs même si vous ne vous prétendez pas artistes : vos écrits et vos vidéos sont protégées par le droit d'auteur. Alors dites moi, qu'est-ce qui vous fait vivre actuellement, les abonnements ou les droits d'auteurs ?
C'est pas mal, ce que vous faites - très sarcastique, la chanson de droite pour changer, ça rappelle un récent forum :)
Oui j'aime ben aussi, et puis quelle tchatche sur le forum ;-))
Merci à vous deux !
"Désolé vous vous êtes un peu raté sur vos constats..."

Juste un peu ;-)

J'ai mal pour le Alain :-)
@Tzitzimitl

A propos du numérique et droits d'auteurs, ci dessous un résumé de situation :
http://iiscn.wordpress.com/2013/10/16/contenu-sur-le-net-piratage-offre-legale-resume/
Et sinon les droits d'auteurs sont un peu plus vieux qu vous le dîtes il me semble, mis en place à la révolution Française avec l'abolition des privilèges je crois. Diderot à ce sujet :
http://iiscn.wordpress.com/2011/06/07/diderot-lettre-sur-le-commerce-des-livres/
Merci pour les liens !

A la révolution (de 1791 à 1793, la période "gauche radicale" de la révolution), on a effectivement fait des lois qui, interprétées ensuite par la jurisprudence tout au long du XIXème siècle, on donné naissance petit à petit au droit d'auteur moral, c'est à dire la reconnaissance des droits de paternité (on doit citer l'auteur), de divulgation (l'auteur choisi ou non de rendre son oeuvre publique), de repentir (l'auteur choisi ou non de retirer une oeuvre de l'espace public), et le droit au respect de l'oeuvre (l'auteur peut s'opposer à une utilisation ou une modification de son oeuvre qu'il n'approuve pas). Tout ceci ne concerne au départ que les écrivains, pas les autres artistes. Il n'est pas question à ma connaissance de droit d'auteur patrimonial (l'exploitation commerciale).

Ce n'est pas l'abolition des privilèges (1789) qui a créé le droit d'auteur, au contraire elle a abolit les privilèges d'exploitation commerciale accordée par le Roi, la plupart du temps à des imprimeurs, mais parfois à des auteurs. Il a fallu l'arrivée au pouvoir des républicains radicaux (les montagnards) en 1791 pour que les droits des artistes soient discutés.

Le droit d'auteur patrimonial a été créé dans la loi en 1957 par les radicaux-socialistes (lointains descendants des montagnards). Dans la pratique beaucoup d'auteurs (et la SACEM) avaient déjà imposé de toucher des pourcentages sur les ventes à cette période, mais ce n'était pas un droit reconnu par la loi.

Et ce n'est qu'en 1985 que la gauche a créé les "droits voisins du droit d'auteur" ou "droits voisins" tout court, qui donnent aux interprètes à leur tour des droits moraux et patrimoniaux (moins grands que ceux des auteurs). (Par exemple, Johnny Halliday ne touchait aucun droit sur "ses" chansons avant 1985 puisqu'il n'est qu’interprète. C'est donc grâce à la gauche qu'il peut faire profiter la Suisse de ses millions ^^).
"C'est pourquoi l'information ne peut pas être une marchandise comme les autres. "

Toujours les mêmes scies, rien de fondamentalement neuf entre les vynil cd et le numérique, ou papier pour les bouquins.
Facilité de faire des copies oui, mais pas de changement fondamental.
Il y a tout de même un changement fondamental : la dématérialisation, c'est à dire pour la première fois dans l'humanité la possibilité de transmettre une information pure (et la copier) en l'absence de l'auteur SANS transmettre un support. un disque est à la fois une information et un objet. Même si on revendique la gratuité de l'information, on ne peut pas nier la valeur en matières premières et en travail représentée par l'objet. En dissociant les deux, le numérique permet d'accepter la reproduction gratuite de l'information qui désormais ne lèse personne.

On peut aussi dire que la facilité de faire des copies et de les transmettre change aussi quelque chose : la massification du phénomène est importante, au point qu'il est sur le point de remettre en cause l'existence même des industriels de l'art (et c'est tant mieux), ce que n'ont jamais réussi à faire les cassettes audio ou VHS comme l'annonçait, à tort à l'époque, l'industrie de l'art.
Il n'y a pas de dématérialisation, copies extrêmement faciles et parfaites oui, mais pas de dématérialisation !
Une écriture sur du papier, de la pierre, du silicium, ou même transitant sur une fibre optique ou cable en cuivre ça reste ça, une écriture.
"le mystère dans les lettres" comme dirait l'autre.
Et puis en termes pratiques, l'"internet" c'est aussi beaucoup d'énergie consommée (ce qui aujourd'hui n'est pas une mince affaire), et par ailleurs la partie "support" est très loin d'être la plus importante (sur le prix) déjà pour les livres ou CDs.
A mon avis il est vraiment surtout temps de sortir fu "fétichisme fichier et copies" pour passer à "si j'ai acheté ça ça marche et puis c'est tout"(écritures de références sur comptes), évolution d'ailleurs enclenchée par tous les "géants" de l'offre légale : amz, gg play, ultraviolet, apl, etc.

Et si l'on considère que d'une part le fait que cela se termine en deux ou trois monstres n'est pas forcément souhaitable, et que d'autre part la confidentialité des bibliothèques (video, disco, ludo, sito, etc thèques) personnelles est quelque chose d'important, alors ce qui est nécessaire est plus un nouveau rôle autour de ces comptes, et séparation claire des rôles.
Tzitzimitl, vous énoncez une vérité profonde: l'art est ce que les économistes appellent un "bien collectif". Il a ceci en commun avec la recherche scientifique. Ce qui signifie que ni l'art ni la science ne sont digérables par le Marché, d'où les fondations américaines et les divagations erratiques du marché de l'art. L'économie libérale ne peut tolérer que des biens privés, ce qui devrait nous rendre optimistes pour l'avenir.
l'art, la recherche scientifique et tous les domaines qui consistent à produire et transmettre de l'information (l'enseignement,le journalisme, etc.)
Dans un monde où le chacun pour soi reigne, s'accrocher à une propriété plus ou moins lucrative, est un pêcher inéluctable...

Merci Tzitzimitl de faire entendre une autre musique.
C'est rigolo que vous évoquiez les états-unis : précisément un pays où il n'y a pas de droit d'auteur, et où le mécénat est prépondérant...
C'est précisément ce que je voulais pointer: la propriété privée se mord la queue.
Mais par la bande, cela montre bien qu'abandonner le droit d'auteur et se réjouir du mécénat n'est en rien une solution.
Aux USA, ce qui est prépondérant, c'est surtout le copyright. Le mécénat n'y est ni plus ni moins prépondérant qu'en France. Comme dans tous les pays occidentaux, le mécénat (privé essentiellement) ne concerne que quelques plasticiens, soit une toute petite minorité d'artistes...

Je ne propose pas de remplacer le droit d'auteur par le copyright, qui est pire. Je propose de le remplacer par une meilleure rémunération des représentations, par les ventes directes d’œuvres pour les plasticiens et surtout par le mécénat, mais pas n'importe quel mécénat évidemment. Comme je le disais plus haut, le mécénat public est à refonder, développer, démocratiser.

L'avantage du mécénat, c'est que c'est le seul moyen de rémunérer réellement l'acte créatif lui-même au moment ou l'artiste travaille sur son oeuvre. L'inconvénient est le besoin de plaire à un capitaliste (pour le mécénat privé), à un politique ou un artiste installé institutionnellement (pour le mécénat public). Mais ce n'est pas une fatalité !

Imaginons. Le ministère de la culture, après une prise de conscience générale de l'importance de l'art pour le bien-être humain (lol), est doté d'un budget conséquent dont une part importante est consacrée à ce qu'on pourrait appeler le mécénat démocratique. Il est d'abord réparti entre les différentes régions françaises, puis chaque région organise une série d'assemblées de citoyens où chaque personne que le sujet intéresse est invitée à venir débattre et voter la répartition de ce budget. D'abord une répartition par discipline artistique, puis par genre. Enfin, les artistes du coin viennent présenter leur projet d'album, de film, de bouquin, de pièce de théâtre, etc. devant une assemblée de citoyens volontaires qui votent pour attribuer une bourse aux projets qui leur semblent intéressants dans un genre particulier.
Pour les créateurs, ce serait la possibilité d'être financés lors de la phase de création, même pour un débutant qui n'aurait pas le statut d’intermittent et n’aurait jamais touché de don, le fait qu'une assemblée de citoyens lui ai accordé les crédits de l'Etat lui garantirait un début de public futur, et il n'aurait pas à se plier aux exigences d'un quelconque financier ou homme politique. Pour les citoyens, ce serait un moyen de s'intéresser à l'art, de s'y impliquer et de savoir exactement ou va l'argent de la culture et pourquoi. Pour les passionnés, ce serait un moyen de peser pour que l'art qu'ils aiment soit mieux représenté et financé.
On pourrait alors mettre en place un système identique pour le pressage et la distribution des CD, la mise sur bobine et la distribution des films, etc. Ce jour-là, l'industrie privée de la production d'art sera enfin morte de sa belle mort, et les droits d'auteur patrimoniaux pourront être abolis. Les créateurs seraient rémunérés pour leur travail (c'est à dire la création), puis leurs œuvres appartiendraient à l'humanité.

Pour résumer, je propose un budget participatif dans le domaine du mécénat public. (Et tant qu'on y est on peut en profiter pour faire un budget participatif dans d'autres domaines...)
Le mécénat n'y est ni plus ni moins prépondérant qu'en France

Ben ça dépend de quoi on parle : tous les orchestres et Opéra ont un board de mécènes, et ne vivraient pas sans. Le résultat est bien visible quand on compare, par exemple, le Metropolitan Opera et l'Opéra de Paris : le Metropolitan n'a aucune prise de risque, ne produit quasiment aucune œuvre contemporaine, ne met aucune mise en scène nouvelle, et ne diffuse à flux tendu que des œuvres grand public.
C'est aussi ça le mécénat : être à la merci du mécène et de sa volonté de se rémunérer en retour, notamment symboliquement - et ça reste valable pour du mécénat public.

Vous dites : "c'est pas une fatalité", et hop, c'est magique !

Ensuite, je tique à ceci : "assemblée de citoyens volontaires qui votent pour attribuer une bourse aux projets qui leur semblent intéressants".
Vous vous rendez bien compte ce que ceci peut comporter de consensuel et de mode dans la détermination de ce que l'art devrait être ? Tout ce qui pourrait paraître "bizarre" aurait toute les chances d'être écarté. Pas sûr que Schoenberg, Bartok, ou Debussy auraient été primés avec votre système - au profit des chansonniers de l'époque, des Messager, Meyerbeer et autres Massenet, grand succès à la mode de l'époque, mais musique fade et insipide (et plutôt oubliée aujourd'hui).

Ensuite, vous parlez de partage de l'Ar appartenant à l'Humanité, c'est très joli, c'est très beau, sauf que faut pas déconner : l'immense majorité de ce qui préoccupe actuellement sur les droits d'auteur est de l'ordre de la consommation de divertissement. Ce qui est à l'ordre du jour, c'est de pouvoir consommer du divertissement gratos. Vous voudriez que les gens puissent décider de subventionner de l'art, ou du divertissement ? Et il se passe quoi, si on ne finit par subventionner que du Mussot, du Florent Pagny ? Il se passe quoi, si le public décide que la musique contemporaine on s'en fout (on veut des chansons qui bougent !), que la grande littérature, c'est chiant (on veut se divertir !), que les œuvres de plasticiens c'est de la branlette (on veut des BD marrantes !) ?

Qu'on réfléchisse aux moyens de rémunérer les artistes, c'est évidemment une excellente chose, et ça a toujours été un problème. Mais attention aux visions angéliques, attention à ne pas prendre ses désirs pour des réalités, et gardons en tête qu'on vit ici et maintenant : le jour où la société idéale sera advenue, on pourra laisser tomber le droit d'auteur. Mais en attendant, il faut continuer à défendre une filière qui, ne pesant rien par rapport aux autres marchés, est un fétu de paille.
[quote=C'est aussi ça le mécénat : être à la merci du mécène et de sa volonté de se rémunérer en retour, notamment symboliquement - et ça reste valable pour du mécénat public.]

Vous remarquerez que c'est justement pour éviter ce problème que je propose un mécénat démocratique.



Bon j'aurais du directement écrire la réponse à votre réaction dans le post précédent, tellement je m'y attendais... C'est assez systématique.

D'abord, on peut pré-répartir les budgets par styles (catégories, genres, comme vous voulez), ce qui permet de s'assurer une représentation équitable.

Ensuite, imaginez un appel public du conseil général ou du conseil régional de chez vous disant "tel jour, attribution de bourses pour les projets de théâtre contemporain par une assemblée citoyenne ouverte à tous". Quelles sortes de gens vous attendez-vous à voir débarquer ? Vous pensez vraiment que les consommateurs de divertissement décérébré seront les premiers à se précipiter à un endroit ou on expose des projets artistiques non réalisés afin d'attribuer des bourses ? Bien sur que non... Ceux qui se mobiliseront en premier, ce seront les passionnés d'arts, et plus particulièrement les passionnés de l'art particulier pour lequel on attribue des bourses ce jour là. Et en général les vrais passionnés aiment être surpris et font moins dans le consensus que les consommateurs de culture TF1. Et puis on ne peut pas non plus prendre comme règle qu'une oeuvre n'est créative et légitime que si elle ne plait à personne... Même les plus iconoclastes des artistes espèrent bien avoir un minimum de public. Donc si ce public existe, il sera forcément incité à venir donner son avis lorsqu'on attribuera des bourses dans des styles plus marginaux ou quand ils sauront que quelques artistes qu'ils aiment vont venir y présenter un projet.
Par contre le fait que ce soit ouvert à tous permettra au fur et à mesure que quelques non-initiés se retrouvent par hasard (en accompagnant un copain, ou par curiosité) dans une assemblée, et se découvre un intérêt pour l'art... L'art sera forcément un sujet de conversation plus courant dans les familles, développant l'intérêt pour le sujet et même des vocations... Bref, c'est un cercle vertueux : au fur et à mesure que l'on donnera à la population le pouvoir de décider du financement des œuvres, ils deviendront plus nombreux à s'y intéresser, faisant à la fois gonfler le nombre de gens dans les assemblées et baisser la consommation de divertissement décérébré.

C'est le même principe que la démocratie en général : il ne faut pas attendre que les gens s'intéressent à la politique pour leur donner le pouvoir, il faut leur donner le pouvoir pour qu'ils s'intéressent à la politique.
on peut pré-répartir les budgets par styles

Bien sûr. Et qui a décidé ça ?
Hop, baguette magique !

Et qui vous dit que les autres, ceux qui ne sont pas passionnés par la théâtre contemporain, beaucoup plus nombreux, ne se disent pas, démocratiquement, que ça fait de l'argent public qui va seulement à quelques-uns (et remplacez théâtre contemporain par opéra, qui coûte extrêmement cher à produire, vous verrez…), et que zut à la fin, c'est pas normal ?

Vous êtes en plein rêve : les gens vont faire ci, et puis après ils penseront ça, et ils discuteront, et ils deviendront gentils. À la limite, pourquoi pas, ce n'est pas ce qui me dérange.

Ce qui me dérange, c'est qu'au nom de ce doux rêve, vous veniez militer pour quelque chose de bien concret, ici et maintenant, dans une société qui n'est pas du tout un rêve, quelque chose qui se veut priver par exemple un Alain Korkos d'avoir un droit sur ses œuvres afin qu'elles ne soient pas copiées, exploitées par d'autres, et pour qu'il puisse toucher quelques euros afin de peut-être (scandale ! capitaliste !) pouvoir mettre un peu de sauce tomate dans ses nouilles. Ça, c'est vraiment un problème.
C'est un point de vue intéressant.
Cela reste-t-il applicable à un jeu vidéo ? à un patron de couture ?
mais...si l'art est partout... il n'est nulle part !
Un fort aimable @sinaute me signale qu'actuellement se tient une expo d'Ernest Pignon-Ernest "PARCOURS MAHMOUD DARWICH, RAMALLAH, 2009"
Bibliothèque d'Aix-en-Provence.
Du 19 octobre au 2 novembre 2013

Voir par là.
Putain... On avait 16 ans...
tres chouette chronique

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Chronique à lire en écoutant ceci : The Lamb Lies Down On Broadway
Merci pour cette très bonne chronique.
Comme un appartement vide aux sales plafonds,
Aux murs nus, écorchés par les clous des peintures,
D’où sont déménagés les meubles, les tentures,
Où le sol est jonché de paille et de chiffons,

Ainsi, dévasté par les destins, noirs bouffons,
Mon esprit s’est rempli d’échos, de clartés dures.
Les tableaux, rêves bleus et douces aventures,
N’ont laissé que leur trace écrite en trous profonds.

Que la pluie et le vent par la fenêtre ouverte
Couvrent de moisissure âcre et de mousse verte
Tous ces débris, horreur des souvenirs aimés !

Qu’en ce délabrement, une nouvelle hôtesse
Ne revienne jamais traîner avec paresse,
Sur de nouveaux tapis, ses peignoirs parfumés !

Charles Cros – Délabrement
Excellente chronique. Dès l'inauguration la queue pour la "Tour Paris 13" m'a découragé (à partir de ce point prévoir trois heures d'attente !). Idem trois jours plus tard. Heureusement le site internet est lui aussi excellent.

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