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Féminicide, chronologie d'une incompréhension médiatique

Le terme féminicide est utilisé dans la presse pour évoquer les femmes tuées dans le cadre conjugal. Or, il englobe en réalité tous les meurtres de femmes en raison de leur genre. Selon les spécialistes, ce biais dépolitise ce mot militant, et relativise de fait le nombre de féminicides perpétrés en France.

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Le problème qui apparaît est d'ordre judiciaire. En effet, puisque féminicide qualifie un crime de haine caractérisé par du sexisme, alors il est nécessaire d'apporter la certitude que du sexisme a motivé le crime avant de pouvoir qualifier ce crime (...)

merci, votre article m'a fait repenser au très pertinent film "La nuit du douze", qui traite exactement le même sujet, mais pas tant à propos de la couverture médiatique que des préjugés qu'entretient notre société sur la cause des meurtres de femmes(...)

Merci pour cet article.

Lors d'un lointain commentaire où j'évoquais le terme "féminicide" pour expliquer son mésusage alors que je l'avais découvert, longtemps auparavant, à propos des meurtres de femmes à Ciudad Juarez, je m'étais faite renvoyer dan(...)

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D'un autre côté, qu'un homme tue sa femme/conjointe/amante/etc , ça arrive bien plus souvent que l'inverse, c'est donc bien un symbole du patriarcat, de la domination masculine, cette définition du féminicide est donc bien politique et en phase avec le wokisme dans sa plus actuelle expression.

La statistique est précieuse d'enseignements sociologiques ; mais la Justice est -et c'est là tout son rôle de contre-pouvoir- une analyse impartiale.

EN fait je comprends rien au terme feminicide/fémicide, déjà mettez vous  d'accord sur comment on l'écrit.

Dans le lien donné, la définition est :

La définition généralement admise du fémicide est l’homicide volontaire d’une femme.

J'en déduit que fémicide désigne TOUS les meurtres de femme.


mais la suite de la définition vient embrouiller cette logique : 

mais il existe des définitions plus larges qui incluent tout meurtre de filles ou de femmes au simple motif qu’elles sont des femmes.

Pour moi c'est une façon de réduire cette la définition de fémicide à un meurtre sexiste et non au meurtre d'une femme.


ET là comme le dit le chien, je ne vois pas comment on peut prouver le caractère le sexiste dans un couple. J'irai même plus loin avec les cas de jalousie ou de refus de la rupture où je ne vois pas particulièrement de sexisme là dedans puisque ces sentiments sont autant présent dans des couples homosexuels.


Meurtres entre lesbiennes, fémicide ?

Meurtre dune femme lors d'un braquage, fémicide ?

Meurtre dans un couple mixte (couleur, religion, nationalité, etc...) crime raciste, islamophobe ?

Merci à "Le chien" pour sa contribution très éclairante. Le point commun à tous ces meurtres, c'est la transformation de l'autre en objet, qu'il soit homme ou femme. Bien difficile à éviter lorsque l'attirance est forte... ou la culture sexiste, qu'elle soit pornographique ou puritaine.

Toute une éducation à refaire... en matière sexuelle, affective et relationnelle !

"" Le terme féminicide est utilisé dans la presse pour évoquer les femmes tuées dans le cadre conjugal. Or, il englobe en réalité tous les meurtres de femmes en raison de leur genre. ""


Ah, en France vous tuez des femmes parce qu'elles sont femmes?

Ah bon...

Le problème qui apparaît est d'ordre judiciaire. En effet, puisque féminicide qualifie un crime de haine caractérisé par du sexisme, alors il est nécessaire d'apporter la certitude que du sexisme a motivé le crime avant de pouvoir qualifier ce crime de féminicide. Car c'est ainsi que la Justice établit la vérité : en joignant au verdict, ses circonstances aggravantes. Et en l'occurrence pour un féminicide, du sexisme.


Ce qui est reproché à M. Schiappa, c'est de s'être prononcée sur des circonstances aggravantes supposées avant le verdict, influençant de fait le jury, et par voie de conséquence le verdict lui-même. La macroniste s'est d'ailleurs fourvoyée sur une autre circonstance aggravante supposée dans cette affaire Daval : la soit-disante préméditation, que les experts ont écartée de la même manière qu'ils ont écartés le viol post-mortem. C'est une chose de répondre de ses actes devant la Justice. C'en est une autre que d'être condamné pour des actes aggravés par l'imagination de la caution féministe d'une secrétaire d'état d'un gouvernement conservateur aux tropismes autoritaires et pataugeant dans la crise Covid.


Depuis, le meurtrier a eu ce qu'il méritait, et la famille de la victime s'est déclarée satisfaite du jugement. Pour autant, les défenseurs du mot féminicide sont les grands perdants de cette affaire. Car si l'emballement médiatique a permis à la famille de la victime de largement s'exprimer dans la presse et les journaux, il n'a en revanche et à ma connaissance, pas permis à qui que ce soit d'expliquer de manière convaincante en quoi le sexisme aurait été l'un des ressorts de ce meurtre sur conjoint : il ne suffit pas qu'A. Daval soit morte pour que le crime puisse être qualifié de sexiste.


Sur les quatre types de féminicides définis par l'OMS, trois apparaissent évidents : le féminicide d'honneur (d'une femme adultère ou violée par exemple), le féminicide de dot (d'une femme dont la dot est jugée insuffisante), et le féminicide non-intime (d'une travailleuse du sexe ou d'une inconnue violée par exemple). La certitude de l'existence de sexisme dans ces crimes est apportée par le mobile lui-même, intrinsèquement sexiste. À contrario, pour le quatrième type de féminicide, soit le féminicide intime, la certitude d'un mobile motivé par le sexisme est parfois complexe à acquérir.


Nombre de féminicides intimes sont flagrants : notamment lorsque les meurtriers sont jaloux, n'acceptent pas la rupture, ou sont connus pour des faits de violences conjugales. Mais en effet, pour d'autres crimes conjugaux, le caractère sexiste est difficile à justifier car il semble tout simplement inexistant. Par exemple, Faites entrer l'accusé a relaté nombre de meurtres sur conjoint ou sur ex-conjoint dont le mobile était vénal : des affaires d'héritage, de lingots d'or, et d'assurance vie, où la circonstance aggravante de la préméditation a été retenue (et été retenable) mais pas celle du sexisme. Cela participe à démontrer que certains meurtres conjugaux ne sont pas des féminicides.


Qu'en est-il dans l'affaire Daval ?


La défense a établi que J. Daval était sous domination de sa victime. Il ne s'agit pas juste de ressentis irréfutables, il s'agit de casseroles écrites bien concrètes : des textos où la femme humilie l'homme sur ses performances sexuelles (l'infertilité du couple attribuée par A. Daval à J. Daval étant la toile de fond de cette affaire). C'est à dire que le procès a mis en évidence qu'il y avait bien un harcèlement moral sexiste, mais pas de la part du meurtrier, de la part de la victime. Soit une situation comparable à l'affaire J. Sauvage. Si N. Marot avait tué J. Sauvage, c'eût été un féminicide. Mais ce n'est pas un féminicide quand J. Sauvage tue N. Marot pour échapper au harcèlement moral. Il en est de même pour J. et A. Daval.


Avec ces éléments établis par la Justice, il apparaît compliqué d'expliquer que les actes de J. Daval aurait été motivé par du sexisme. Et encore plus compliqué d'expliquer pourquoi les militants ont fait de l'affaire Daval, affaire on ne peut plus litigieuse en terme de sexisme, un symbole du féminicide. Faut-il rappeler qu'au cours de cette affaire où le gouvernement patauge dans la crise du Covid, toute une population féminine locale s'est sincèrement, intimement, et profondément sentie menacée par un serial-joggeur-féminicideur imaginaire ? Faire peur... voilà une réthorique familière de l'extrême-droite.


Je veux bien croire l'article : par l'affaire Daval, les journalistes aurait révélé le mot féminicide au grand public. Mieux : j'abonde quand l'article énonce que la sélection préférentielle des journalistes de féminicides intimes à la défaveur du traitement journalistique des féminicides d'honneur, de dot, ou non-intimes, induit une dépolitisation du terme féminicide. Pour autant, je réfute l'article lorsqu'en bon relais macroniste, il maintient que l'opposition aux propos de M. Schiappa relèverait essentiellement du militantisme. Les féminicides, loin de la communication gouvernementale, sont avant tout un problème judiciaire où toute la problématique consiste à caractériser un meurtre -même conjugal- comme sexiste, ou pas.

Un article très intéressant  et d'une brûlante actualité , vu ce qui se passe en Iran.


Une précision  cependant .

"Quand le terme génocide est créé, c'est parce qu'il y a une négation du génocide des juifs. " Ce n'est pas le cas . le terme de génocide a été créé dans l' Entre deux guerres par le juriste juif polonais Raphaël Lemkin  pour caractériser  l'extermination de  tout un peuple . Lemkin pensait au génocide des Arméniens .Il s'est ensuite appliqué au génocide des  Juifs et à d'autres génocides.

merci, votre article m'a fait repenser au très pertinent film "La nuit du douze", qui traite exactement le même sujet, mais pas tant à propos de la couverture médiatique que des préjugés qu'entretient notre société sur la cause des meurtres de femmes;


 préjugés bien mis en évidence par des personnages auxquels parfois je me suis sentie avec malaise m'identifier...

Merci pour cet article.

Lors d'un lointain commentaire où j'évoquais le terme "féminicide" pour expliquer son mésusage alors que je l'avais découvert, longtemps auparavant, à propos des meurtres de femmes à Ciudad Juarez, je m'étais faite renvoyer dans les cordes par un "les femmes homicidées vous remercient.." très favorable à la réflexion!

Des fois je me sens plus Cassandre que Candide, mais j'ai un grand respect pour ceux qui cultivent leur jardin, en permaculture, évidemment.

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